47 : Calais

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Lorsqu'elle arriva à Calais, Marie était surprise par la foule présente au niveaux des quais. Elle n'avait jamais été dans un port de toute sa vie et lorsqu'elle voyait toutes ces personnes s'agiter, un sourire fleurit sur ses lèvres. Elle se revoyait au marché à Castelroc avec sa mère. Attendant leur tour pour arriver face au vendeur derrière son étalage de poisson frais. La jeune femme ferma les yeux et huma l'air marin qui arrivait jusqu'à elle. Oui, elle revoyait son tendre aimé qui faisait le tour de la place avec ses amis et son frère. Toujours un sourire sur son visage et une pomme à la main. Elle le souvint d'un jour en particulier où, alors qu'elle venait de remplir son panier de légumes et de fruits, le jeune garçon qu'il était encore l'avait coincée avec ses amis et son frère sous un préau.

- Alors petite Marie, tu viens d'acheter pas mal de choses à ce qu'on dirait, lança-t-il avec son sourire et en regardant ses amis qui rirent à leur tour.

- Laissez-moi passer je vous prie, dit-elle en s'avançant.

Un des amis du jeune duc l'attrapa par les épaules et la poussa contre le mur. Puis il lui arracha son panier et fit tout tomber au sol tout son contenu. Marie sentit la colère monter en elle et n'hésita pas à donner un coup de pied là où il fallait pour qu'il se plie en deux et hurle de douleur.

- Petite garce tu vas me le payer, dit le garçon en gémissant de douleur.

- Il suffit Godefroy, ordonna Pierre. Elle t'a donné une bonne leçon. Ne jamais sous-estimer une femme.

- Vous devriez vous aussi vous méfier monseigneur. A ce que je sache, il y a encore peu, je vous battais à la course.

Tous ses amis se moquèrent et Pierre devint rouge de honte et de colère. Il ordonna à tous ses compagnons de partir même à son frère pour rester seul avec la jeune fille. Il s'approcha lentement ce qui la fit reculer contre le mur. Posant ses paumes de main sur le mur, au niveau de sa tête, son visage se retrouva proche de celui de Marie, si bien qu'elle pouvait sentir son souffle sur son visage.

- Te rends-tu compte que tu viens de m'humilier devant mes gens ?

- Vous vous humiliez tout seul monseigneur. Rien qu'en vous pavanant dans ce marché et en regardant de haut toutes ces personnes. Si vous ne gagnez pas leur respect, vous ne serez rien d'autre qu'un homme avec un titre.

- Je te trouve bien présomptueuse pour ta condition, murmura-t-il froidement.

- Il faut des gens de ma condition pour ramener des gens de la vôtre à la réalité du monde, dit-elle en s'avançant légèrement vers lui.

Pierre ouvrit la bouche ne sachant que dire et baissa ses yeux vers ses lèvres. Comme il était attiré par ses lèvres fines. Jamais il n'avait ressenti ça envers une femme.

- Si Dieu ne t'avait pas faite, le monde serait bien vide.

Il se pencha vers elle et tenta d'effleurer ses lèvres. Pierre la sentit passer sous son bras et ramasser tous ses fruits et légumes avant de monter les marches pour retourner sur la place. Arrivée à la dernière marche, elle se retourna vers lui et dit en souriant :

- Si je n'étais pas là, personne ne vous aurait battu à la course et n'aurait osé vous remettre à votre place.

Elle s'inclina et partit en virevoltant rejoindre sa mère. Pierre resta là à l'observer courir, un sourire sur les lèvres.

Marie rouvrit soudainement les yeux en entendant un grand cri. Elle regarda autour d'elle et vit une vieille dame se faire maltraiter par d'autres. Elle courut dans leur direction en hurlant pour essayer d'attirer leur attention.

- Lâchez là, comment osez-vous en prendre aux plus faibles, hurla-t-elle en sortant sa dague.

Les deux adolescents qui maltraitaient la femme la regardèrent avant de s'enfuir en courant, apeurés. La comtesse s'avança vers la femme agressée et se pencha vers elle.

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant