20 : Arrivée

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Une vingtaine de jours plus tard, le groupe arriva au camp des rebelles, dirigé par Guillaume de Juliers. Tous étaient crasseux et fatigués. Ils avaient tenté du mieux qu'ils pouvaient d'échapper aux soldats français. Plusieurs étaient morts en tentant de quitter le groupe mais Marie, avec l'aide de Robert, avait fait comprendre que l'union faisait la force. Il était important de ne pas se séparer, de se faire mutuellement confiance. Grâce à Dieu, ils avaient tous écoutés et c'est ainsi que tous les villageois et les quelques nobles avaient atteints leur objectif : atteindre le camp des flamands. 

Robert et la comtesse de Lantagnac s'avancèrent vers l'archidiacre et mirent un genou à terre.

- Monseigneur, nous venons vers vous afin de vous aider à accomplir votre tâche. Celle de bouter le roy hors de votre comté pour retrouver votre indépendance.

- Fils du comte de Dampierre, n'est-ce pas aussi votre pays ?

- Oui-da Monseigneur.

L'homme de Foi s'approcha de Marie et l'aida à se relever puis il fit un signe à Robert de Namur. Marie le regardait droit dans les yeux, priant pour qu'il les accepte.

- Pourquoi cet air attristé mon enfant ?

- Je prie pour que Monseigneur nous accepte. Si vous nous rejetez, nous n'aurons nulle part où aller.

- Donc vous êtes ici pour chercher un toit et non pour m'aider.

- Nenni Monseigneur. Nous avons fait tout ce chemin pour ayez notre soutien mais notre troupe à été quelque peu décimé durant la route. Le roy ne nous a point fait de grâce. Il a pillé, saccagé et brûlé notre demeure. Je sais que toute la Flandre n'est pas ralliée à votre cause. Mais sachez que vous pouvez compter sur nous. Nous sommes peut-être peu nombreux mais nous sommes fidèles.

- Qui êtes-vous donc ?

- La comtesse de Lantagnac, épouse du comte Pierre de Lantagnac.

- Pierre de Lantagnac ? Il a combattu avec mon frère, Walram de Juliers.

- J'ai aussi combattu avec lui Monseigneur, murmura Robert en baissant les yeux.

- Monseigneur, deux hommes seraient-ils arrivés peu avant nous ? demanda la jeune femme, de l'espoir dans les yeux.

- Un seulement est arrivé. En piteux état je dois avouer. Blessé au niveau du flanc et à l'épaule, il a été amené par deux de mes hommes.

- Puis-je le voir ?

- Une femme seule avec un homme ? s'offusqua l'archidiacre.

- Je l'accompagnerai !

Robert de Namur posa une main sur l'épaule de Marie qui lui sourit en retour. Quelques secondes après avoir pesé le pour et contre, l'homme d'Eglise ordonna à un de ses soldats de les accompagner. Lorsque Robert passa près de lui, il posa sa main sur son avant-bras et murmura :

- Après, venez me voir. Nous avons à parler d'affaires importantes.

- Bien Monseigneur.

Après avoir incliné son buste, le fils Dampierre suivit Marie et les deux soldats. Ils arrivèrent ensemble à une tente et Robert entra le premier.
Lorsque les yeux de Marie se furent accoutumés à la pénombre, elle put apercevoir un lit avec un corps dessus. Elle courut vers la personne allongée et s'agenouilla auprès d'elle.

- Qui est-ce Marie ?

- Pierre.

Elle tourna les yeux vers son ami et les yeux embués elle demanda :

- Si Pierre est tout seul, et que tu as vu partir Guillaume avec lui. Cela veut-il dire que... ?

- J'en ai peur.

La nouvelle comtesse tourna de nouveau ses yeux vers son mari et posa une main sur ses cheveux trempés de sueur. Une larme coula silencieusement le long de sa joue. Elle était heureuse mais en même temps, son cœur était triste. Elle avait perdu un ami qui l'avait protégé, un ami à qui elle pouvait se confier. Mais Guillaume était-il plus que ça ?
D'un revers de main, elle essuya sa joue et se concentra sur la personne qu'elle aimait. Oh oui, elle ne doutait pas un seul instant qu'elle l'aimait. Même s'il l'avait giflée, même s'il avait ordonné qu'on la fouette, même s'il l'avait abandonnée pour obéir à son père, même s'il n'était pas présent au moment où elle était violentée par ce soldat français. Elle savait que quoi qu'il arrive, son cœur battrait pour lui. Et s'il n'était plus en vie, cela ne servait à rien qu'elle vive. Pour le meilleur et pour le pire comme elle avait prononcé à son mariage.
Souriant à moitié, elle se pencha vers son mari et, tout en caressant son front, elle murmura :

- Je t'aime.

Elle posa ensuite sa tête contre son flanc et ferma les yeux. Robert, n'osant pas la déranger, sourit et sortit discrètement pour aller voir l'archidiacre. Il le trouva du lieu de prière, construit par ses hommes.

- Monseigneur, vous souhaitiez que nous parlions ?

Robert de Namur attendit plusieurs minutes avant que l'homme d'Eglise ne se tourne vers lui.

- En effet mon fils. Faisons quelques pas ensemble.

Ensemble, ils longèrent les tentes dans un silence. Robert commençait à s'impatienter mais Guillaume de Juliers continuait de ne pas parler.

- De quoi souhaitez-vous discuter ?

- Avez-vous appris que le roi Edouard d'Angleterre réfléchit à renoncer à envoyer ses troupes ?

- Je l'ignorais Monseigneur.

- Je pense que cette guerre ne durera pas très longtemps. Philippe le Quatrième ne mettra point beaucoup de temps à conquérir à nouveau la Flandre. Le peuple n'est point vraiment de notre côté.

- Que voulez-vous dire ?

- Depuis la bataille de Furnes, les flamands ne veulent plus risquer leur vie pour les Dampierre.

- Tout ceci est ma faute Monseigneur. Si je n'avais point ordonné l'attaque des troupes à pieds, nous aurions peut-être gagné cette bataille et donc la guerre, avoua Robert en baissant la tête.

- Oui un des conseillers de mon frère m'en a parlé. Chaque homme, chaque femme commet des erreurs, sinon nous serions tous saints et saintes de Dieu. Avez-vous découvert qui est l'homme dans la tente ?

- Oui Monseigneur, il se trouve que c'est le comte de Lantagnac. N'y avait-il personne d'autre avec lui lorsqu'il est arrivé ?

- Non, mes hommes l'ont trouvé inconscient sur le chemin. Ils ont reconnu le blason des Lantagnac et ils l'ont directement amené en ces lieux. Notre guérisseur a essayé du mieux qu'il pouvait de le soigner mais j'ai bien peur qu'il n'ait perdu trop de sang.

Les deux hommes se regardèrent avant de tourner leur regard vers la tente où se tenait le blessé. Robert adressa une prière à Dieu pour qu'Il sauve son camarade.

 Robert adressa une prière à Dieu pour qu'Il sauve son camarade

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant