29 : La Bataille des Éperons d'Or

204 26 7
                                    

10 juillet 1302, Courtrai

Un cavalier galopait le long des champs de blé, un bout de papier dans une main et un bâton dans l'autre. Il utilisait ce dernier pour que son cheval aille le plus vite possible. Arrivé à la destination voulue, le jeune homme sauta plus qu'il ne descendit de son destrier pour courir vers la tente principale du camp. Deux soldats l'accompagnèrent jusqu'à l'intérieur. 
Le messager mit un genou à terre et déclara :

- Monseigneur, un message de Bruges. Le peuple s'est révolté contre le roy de France. Les français ont été obligés de sortir de la ville.

Guillaume de Juliers attrapa le morceau de papier et le lut rapidement. Un sourire naquit sur ses lèvres et il ordonna à un de ses soldats d'appeler ses différents amis et commandants. Une fois le dernier arrivé, il posa le message au centre de la table.

- Messieurs, voici le moment tant attendu. Les flamands commencent à se révolter contre leur roy. Jean a pris les abords de Courtrai avec ses hommes, mille combattants nous sont envoyés depuis Ypres, deux mille cinq cents hommes sont envoyés de Franc de Bruges et enfin, les Flandres orientales nous envoient autant d'hommes. Si nous ajoutons nos hommes, cela fait plus de huit mille combattants à nos côtés.

- Oui mais le roy de France a envoyé des hommes lui aussi qui ne vont point tarder à se mettre en place, dit Pierre en fronçant les sourcils. En plus, nous ne contrôlons pas toute la ville. La garnison française s'est réfugiée dans le château qui reste difficile. Si nous voulons bien faire, nous devon attaquer dès cette nuit.

- C'est une mauvaise idée d'attaquer durant la nuitée Lantagnac, intervint Jan Breydel, révolutionnaire flamand. Les soldats venant de Bruges sont fatigués et ceux venant d'Ypres aussi. Si nous ne voulons point perdre, il nous faut attendre les matines.

- Vous ne connaissez pas les troupes françaises. Peu importe le temps, peu importe la fatigue, ils marcheront toute la nuit pour arriver le plus rapidement possible à Courtrai pour aider les soldats coincés. Ils voudront reprendre la ville. Et si nous perdons, cette fois nous ne pourrons plus nous relever.

- Nous avons réussi la dernière fois. Certes nous avons dû attendre deux années mais cela valait le coup. C'est décidé, nous attaquerons demain matin de bonne heure.

Le lendemain, aux alentours de cinq heures du matin, un soldat entra dans la tente de Pierre de Lantagnac et l'appela pour le réveiller. Ce fut Marie qui se réveilla en premier, la fourrure sur son corps pour cacher sa nudité.

- Ma dame, veuillez m'excuser mais l'archidiacre demande à ce que le comte de Lantagnac le rejoigne immédiatement dans sa tente.

- Merci Auguste. Je le préviens.

Après avoir attendu la sortie de l'écuyer, Marie se leva et enfila sa veste longue pour s'approcher du berceau de son fils.
Son mari, en entendant du bruit se réveilla à son tour et vit Marie près de la couche de leur fils. Il s'avança jusqu'à elle une fois habillé et l'enlaça pour l'embrasser dans le cou. C'est en entendant des sanglots qu'il fronça les sourcils.

- Marie, que se passe-t-il ?

- L'archevêque t'attend dans sa tente. C'est le grand jour.

- Nous serons victorieux. J'en suis persuadé. Je rentrerai et t'embrasserai comme tous les soirs puis j'irai m'amuser avec Thibaud.

- Pourquoi ? Pourquoi nous infliger tout cela ? Nous pourrions partir d'ici et vivre une vie tranquille. Je suis fatiguée de tous ces complots, de toutes ces batailles sans savoir si tu reviendras en vie. Si moi-même je reviendrai vers toi. Vais-je devoir finir seule et élever Thibaud sans toi ?

- Tu sais très bien que ça ne va pas se terminer maintenant.

- Et comment le sais-tu Pierre ? Pourquoi m'avoir choisie moi comme femme ? Demanda Marie en se retournant vers lui.

- Parce que je t'aime ! Je ferai tout, tu entends ? Tout, tout ce qui est en mon pouvoir pour revenir en vie et te serrer dans mes bras.

- Alors vas-y. Va rejoindre tes hommes et tes chefs. Mais j'espère que ce sera la dernière fois que je te dirai au-revoir.

Pierre l'enserra et l'embrassa. Il murmura dans son cou un « je t'aime » avant de quitter la tente.
Une fois sortit, il respira l'air frais du matin et s'avança vers la tente de commandement. Tous étaient déjà réunis, la carte au milieu de la table. Guillaume de Juliers était vêtu de son armure tout comme son oncle.

- Messieurs, il est temps de nous positionner pour prendre cette ville qu'est Courtrai. Le roy Philippe est arrivé cette nuit d'après nos éclaireurs. Ses hommes sont fatigués, il faut donc en profiter, déclara l'archidiacre.

- Comment nous répartissons-nous Monseigneur ? demanda Jean de Namur en se penchant sur la carte. Lantagnac, une idée ?

- D'après ce que j'ai pu voir du terrain, nous aurons l'avantage si nous l'exploitons comme il le faut ! Nous avons des marécages et un fossé que l'on peut utiliser.

- La demi-lune. Très bonne idée, avec cela ils n'auront quasiment aucune chance.

- Si je me souviens des leçons de mon père, c'est que les français se croient supérieurs aux autres armées. Ils ont en général les meilleurs soldats donc il faut leur faire penser ça, continua Pierre. Si nous plaçons nos cavaliers ici, nos arbalétriers là avec Willem Van Gulik comme chef, et nos fantassins comme cela avec vous comme chef Monseigneur, nous avons peut-être une chance.

Tout en expliquant son plan, Pierre déplaçait les pions sur la carte. Les autres chefs observaient, les sourcils froncés, pour essayer de suivre. A la fin de son explication, Guillaume de Juliers posa une main sur l'épaule du comte et le félicita pour la stratégie mise en œuvre.

Sur la plaine de Courtrai, les deux camps étaient face à face. Une fois que les français avaient été avertis de l'intention des flamands, Robert d'Artois qui avait été envoyé avec dix autres nobles, mettaient en place une stratégie avant de placer leurs hommes. Ainsi, devant les murailles du château, les huit mille combattants français étaient rassemblés. La cavalerie, composé de dix corps, étaient commandés par Raoul de Nesle, Godefroid de Brabant et Robert d'Artois. Chacun avait un groupe de près de huit cents cavaliers.
Devant eux, les deux mille piquiers et les trois mille fantassins composaient la première ligne de défense ou d'attaque. Et sur chaque côté, sur les murailles, cinq cents arbalétriers étaient présents, leur assurant une certaine protection.

Aucun d'entre eux ne savait qui gagnerait cette bataille et s'ils rentreraient en vie auprès de leur femme, de leurs enfants. Robert d'Artois leva le bras et compta jusqu'à dix avant de l'abaisser pour déclencher les tirs.

- Cette fois je t'aurai Lantagnac ! dit-il avec un sourire

- Cette fois je t'aurai Lantagnac ! dit-il avec un sourire

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant