38 : L'Arrivée Au Louvre

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Paris, 1304


Lorsque le cortège du roy et des soldats français arrivèrent sur la place du Carrousel, tout le peuple parisien les acclamait. Des pétales étaient lancées sur les soldats et les jeunes filles essayaient d'attirer l'attention des soldats pour tenter de trouver un bon parti. Considérés comme des héros de guerre, les fantassins français souriaient et repéraient déjà les bar où ils pourraient se rincer la gorge le soir même, une fois que leur général serait parti se reposer. Certains terminaient leur service militaire et pouvaient donc commencer à exercer le travail qu'ils souhaitaient.

Dans ce cortège, une charrette avec une cage de fer à l'intérieur avançait. A l'intérieur plusieurs hommes se trouvaient : des flamands. A leur passage, la foule les huait et lançait fruits et légumes pourris. Tous les prisonniers avaient la tête baissée et fixaient le sol, les yeux dans le vide. Ils savaient qu'ils vivaient leurs dernières heures et qu'ils allaient servir d'exemple. A ce moment-là, tous regrettait que leur prêtre et chef, Guillaume de Juliers, ne soit pas présent. Alors, certains priaient à voix haute en latin, en récitant le Notre Père.

Au milieu, sur un cheval, se trouvait Marie. A ses côtés, deux chevaliers dont Foulques de Merle, l'entouraient. La jeune comtesse ressassait chaque derniers instants en Flandre. Elle avait perdu son mari, elle avait sûrement perdu ses enfants. Ces derniers devaient être en train de l'attendre ou pire, être morts de faim. Depuis le début du voyage, elle n'avait dit mot. Seules des prières pouvaient être entendues de temps à temps par les chevaliers qui la gardaient. Elle tourna la tête vers la charrette de fer où se trouvait des amis de son mari. Un seul la regardait droit dans les yeux. Elle comprit la demande muette mais elle ne pouvait se résoudre à le faire. Elle ne savait même pas comment s'y prendre. Comment faire pour les libérer sans se faire prendre ? Marie n'avait plus rien à perdre alors d'un simple clignement des yeux, elle répondit favorablement. Elle se retourna et admira le château du Louvre qui se montrait devant elle.

Le convoi s'arrêta et Foulques de Merle descendit rapidement de cheval pour l'aider et ne pas se blesser. Les deux mains sur ses hanches et après un petit mouvement, Marie retrouva la terre ferme sous ses pieds. Devant elle, le maréchal la regardait avec un éclat dans les yeux qu'elle reconnut aussitôt. C'était le même que celui de Gaucher de Châtillon. Ce dernier était mort mais cette fois-ci, personne ne pourrait la sauver. Son mari n'était plus là pour la défendre. Elle baissa les yeux et ses longs cheveux cachèrent son visage. Le roy s'approcha d'elle et lui tendit la main :

- Ma dame, voici votre nouvelle demeure. Vous y serez à l'aise et vos appartements seront à côté de ceux de mon fils. Le maréchal Merle vous y conduira et vous expliquera les lieux. Suivez les ordres et tout se passera pour le mieux. Comtesse.

Il s'inclina légèrement et partit rejoindre sa femme qui l'attendait au bas des marches non sans avoir donné l'aval au maréchal. Ce dernier s'approcha de Marie et tendit son bras.

- Ma dame, si vous voulez bien me suivre. Je vais vous conduire à vos appartements.

Marie redressa sa tête et prit le bras de Foulques pour monter vers le château. Il était majestueux et était composé d'une tour au centre et de dix tours de défense sur les murailles. Lorsqu'elle vit le chariot de fer se diriger vers cette tour au centre, Marie en déduisit que cela devait être la prison où les flamands allaient être gardés jusqu'à l'exécution.

Alors qu'ils se trouvaient en haut des marches et qu'ils pénétraient dans le hall, un sourd bruit de chute se fit entendre. Marie et le maréchal se tournèrent instinctivement vers la source du bruit. Le roy apparut dans l'embrasure de la porte, sa femme à ses côtés ainsi que d'autres hommes.

- Comment cela il s'est-enfui ? Comment avez-vous pu rater ce flamand ?! Il était pourtant sous votre garde.

- Il a dû se faire aider par des personnes extérieures. Interrogez-moi tous ceux qui travaillaient dans cette prison ! Torturez les s'il le faut.

- Oui Sire.

Marie se tourna vers le maréchal et fronça les sourcils avant de lui demander :

- Qui était ce flamand que vous aviez emprisonné ?

- Le comte de Dampierre.

- Le fils ?

- En effet, il semble qu'il se soit enfui cette nuit avant que nous n'arrivions.

Marie ne répondit rien mais dans sa tête cela cogitait. Si un homme seul avait pu s'échapper de la tour du Louvre alors avec une aide extérieure les flamands emprisonnés pourraient s'enfuir et aider leur région à se soulever de nouveau. Un sourire discret apparut sur son visage et elle continua sa route avec Foulques de Merle, prête à rencontrer le fils du roy.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte des appartements réservés à la comtesse, deux gardes étaient positionnés à l'entrée, pour la garder.

- Ma dame, voici les deux gardes qui sont chargés de votre sécurité : Mayeul et Eloi. Si vous avez besoin d'un renseignement ils vous le donneront. Si vous devez aller quelque part, étant donné que le château est grand et que nous ne voulons pas vous perdre, ils vous accompagneront.

- Je vous remercie Baron de votre attention que vous portez envers moi.

- Dois-je vous accompagner à l'intérieur ?

- Cela suffira, vous avez déjà fait énormément. Je vous remercie pour tout.

Le maréchal s'étonna de ce changement d'attitude mais s'inclina et lança un regard noir aux gardes avant de partir. Marie se tourna vers ces derniers et leur sourit avant de pousser les grandes portes pour pénétrer dans les appartements. A l'intérieur, deux jeunes filles s'y trouvaient. En voyant entrer la noble, elles s'inclinèrent.

- Inutile de vous comporter comme cela avec moi. Je ne suis pas noble de naissance et je ne me considère point comme tel. Quels sont vos noms ?

- Pauline ma dame et elle, c'est Ermeline. Elle est muette de naissance. Nous sommes à votre service et nous tâcherons de bien s'occuper de vous.

- Je vous remercie. Auriez-vous un plan de ce château ? Je ne voudrais m'y perdre par erreur et qu'on croit que je fasse autre chose.

- Nous connaissons le château par cœur ma dame, donc nous pourrons vous aider avant que vous n'alliez quelque part si vous le souhaiter. Mayeul et Eloi seront aussi présents pour vous accompagner dans tous vos déplacements.

Marie sourit mal à l'aise et les congédia gentiment en leur demandant d'aller chercher de quoi boire et de se restaurer. A peine se fut-elle assise sur son lit que la porte s'ouvrit en grand et qu'un beau jeune homme entra. Marie se releva aussitôt et observa le noble qui se trouvait devant elle. Il la toisa et lui dit :

- Ainsi donc, vous êtes la servante anoblie que mon père m'a ramené !

 - Ainsi donc, vous êtes la servante anoblie que mon père m'a ramené !

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Veuillez m'excuser pour l'attente. Je vous publie ce chapitre avant que je ne parte en renfort à Metz pour aider le personnel soignant à s'occuper des malades. Je ne pourrai sûrement pas beaucoup écrire alors excusez-moi. 


Prenez-soin de vous et surtout ne sortez qu'en cas de nécessité absolue ! 


La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant