30 : Défaite & Victoire

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Les archers français commencèrent à lancer leurs flèches, certaines enflammées, d'autres non. Cette tactique permettrait en effet de tuer un grand nombre de flamands. Robert d'Artois surveillait les flamands depuis sa position. Même s'il se trouvait loin de ses adversaires, il pouvait apercevoir que peu de flamands semblaient présents. Alors sans hésitation, après les échanges entres archers et arbalétriers, il ordonna à ses fantassins d'avancer vers ses ennemis en courant.
Ces derniers s'élancèrent vers eux en hurlant pour les terrifier. Arrivés près du fossé en demi-lune, ils n'hésitèrent pas à sauter dedans pour le passer et continuer à avancer.

Guillaume de Juliers, après avoir regardé Pierre pour confirmation, ordonna à ses Klauwaerts1 de s'avancer vers les français pour engager le combat. En attendant la rencontre, Willem Van Gulik continuait à hurler de lancer les arbalètes en direction des fantassins français. Une fois qu'une cinquantaine de mètre les séparait, les flamands abaissèrent leurs pointes vers les français qui étaient à moitié embourbés dans le fossé et les marécages, tandis que les arbalétriers arrêtaient de tirer. Etant plus légers qu'eux, ils n'hésitèrent pas à se mettre dedans pour s'approcher au plus près et causer le plus de dégâts possibles.

Robert d'Artois, voyant que le combat était bien engagé, et n'arrivant pas à distinguer les flamands et les français, ordonna à ses cavaliers de charger à leur tour. D'un signe, il transmis à Simon de Melun et Gui de Nesle, maréchaux de France, ainsi que son frère Raoul de Nesle, et autres nobles français qui faisaient partie des cavaliers d'avancer pour aider les fantassins.
Impatients de terminer cette bataille, de récupérer la tête de Pierre de Lantagnac et de l'apporter à son roy, Robert lança son cheval au galop et tous ses hommes le suivirent, lances directement pointées vers l'ennemi. Gui de Nesle fut le premier à arriver dans le fossé. Ne voyant le trou qu'au dernier moment, son cheval trébucha et le chevalier tomba en avant, la tête la première. Il mourut sur le coup. Les autres cavaliers le suivaient mais ne se firent pas avoir par le fossé. Ils firent donc sauter leur cheval qui allèrent tout droit s'embourber dans les marécages. Ayant peu d'espace pour manœuvrer, ils ne pouvaient bien se défendre contre les flamands plus légers et qui avaient l'habitude de ces marécages. Beaucoup de chevaliers français sautèrent de leur monture pour pouvoir s'extirper du champ de bataille mais ce fut pire. Étant lourdement armé, ils s'enfoncèrent plus qu'ils ne s'extirpèrent. Ils furent donc massacré par les klauwaerts.

Le comte de Saint-Pol qui commandait l'arrière-garde voyant le carnage décida de rebrousser chemin laissant les chevaliers français à leur sort. Il se remit en place avec ses cavaliers attendant que les flamands viennent à eux.

Jean de Namur était aux côtés de Pierre de Lantagnac et assistait avec un sourire narquois à ce massacre du côté français. Avisant le soldat qui sonnait les coups de clairon, il lui ordonna de donner sonner la mise à mort des ennemis. Lantagnac entendant cela, se tourna vers le comte :

- Vous ne pouvez faire cela ! Il nous faut des prisonniers.

- Les têtes de ces chiens de français me suffiront amplement. D'ailleurs je vais me joindre à mes soldats pour profiter de cette bataille et venger mon père et mon frère, emprisonnés dans ces foutues prisons royales.

Pierre ouvrit en grand les yeux en entendant la révélation de Jean. Ainsi donc, Namur était le frère de Philippe de Dampierre. Et il voulait l'abandonner ? Il ne put réfléchir plus que Jean de Namur était descendu de son cheval, sans armure, courant vers les marécages.
Pierre l'avait imité dans sa tenue. Pour suivre son plan, ils avaient tous besoin d'être léger. C'est pourquoi aucun chevaliers n'étaient en armures. Les chevaux n'avaient pas de bardes. Le jeune homme hurla et pointa son épée vers les français puis chargea au galop vers eux.

Son destrier bouscula plusieurs hommes, flamands et français, et son épée en faucha aussi. Il ne dut descendre de son cheval que par la force : une lance atterrit dans le poitrail de sa monture la faisant fléchir. Ne voulant pas faire la même erreur que la dernière fois, il réussit à descendre avant qu'elle ne lui écrase son pied. D'un coup d'œil, il vit un fantassin français, couvert de boue, courir vers lui, sa hache brandit. D'un mouvement d'épée il faucha le soldat et l'acheva d'un coup dans la poitrine.

Plusieurs cris de joie se firent entendre et Lantagnac tourna les yeux vers le bruit. Plusieurs soldats français, sortaient du fossé, ou du moins essayaient, pour retourner dans leurs lignes du mieux qu'ils pouvaient.

- Lantagnac !

Pierre se retourna immédiatement, prêt à se défendre. Quelle surprise de voir son pire ennemi, sans heaume mais avec le reste de son armure, couverte de boue.

- Je te croyais déjà mort, embourbé dans ces marécages. A la place, tu viens vers moi, déclara Pierre. Tu n'aurais jamais dû.

- Je t'avais dit que nous allions nous revoir, et cette fois, j'aurais ta tête !

- J'étais seul entouré de tes soldats la dernière fois. Maintenant c'est à ton tour. Après le fils, j'aurais le père. Et cette fois tu ne t'en échapperas pas.

Du mieux qu'ils purent, chacun coururent vers l'autre pour l'affronter. Les épées s'entrechoquèrent et les visages étaient proches, si bien qu'ils pouvaient sentir l'haleine de l'autre.

- Dès que j'en aurai fini avec toi, je m'abattrai sur ton camp qui se trouve à l'arrière et je tuerai chaque homme, chaque femme et chaque enfant que je trouverai. Je ramènerai ta femme chez moi pour l'asservir après avoir tué ton seul héritier !

Pierre poussa de toutes ses forces contre les armes et fit tomber son adversaire qui s'alourdit un peu plus. Il s'avança vers Robert et abattit son épée sur lui. Mais en tant que meilleure lame de son pays, Robert d'Artois para l'attaque et riposta, jouant de la force qu'il avait et de l'adrénaline qui coulait dans ses veines. Chaque attaque, il les paraît.

- Une erreur que tu as commise Lantagnac. Tu n'as rien pour te protéger !

Après avoir dit cela, il prit une poignée de boue dans son gantelet et le jeta à la figure du combattant ce qui lui permit de se relever et de se positionner à nouveau pour pouvoir l'affronter. S'avançant vers Pierre, il leva son épée avec ses deux mains prêt à donner le coup mortel lorsqu'il ressentit une vive douleur à la poitrine. Lâchant son épée, il baissa les yeux et vit une épée enfoncée dans son torse, la pointe dépassant.

Pierre, une fois ses yeux dégagés par la boue marécageuse resta la bouche grande ouverte en voyant son ennemi tomber sur ses deux genoux et le regarder pour murmurer :

- Tu n'auras... Même pas eu la force de me tuer...

Puis il cracha du sang en riant avant de s'effondrer sur le côté, mort. Robert II d'Artois, homme de main de Philippe IV le Bel, n'était plus. Tué par un flamand lors de la bataille de Courtrai.
Pierre n'ayant pas pu le tuer de ses propres mains sentit la colère l'envahir et commença à tuer tous les français autour de lui. Sa vengeance n'avait pu être rassasiée.

Du côté des français, le comte de Saint-Pol ordonna à ses troupes de faire demi-tour pour se réfugier dans le bastion le plus proche. Il fallait avertir son roy de l'échec de cette bataille. Les français allaient devoir se reprendre. Et rapidement.

1 : Klauwaerts= autre nom pour les troupes flamandes

1 : Klauwaerts= autre nom pour les troupes flamandes

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant