partie 33

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Fatou avait fini de ranger ses affaires. Elle n’avait pas voulu écouter sa mère qui lui avait formellement interdit d’aller vivre chez sa belle-mère tout simplement parce que sa coépouse était partie… sa maman connaissait bien badiene ouly car celle-ci avait bien sa reputation a elle.

« Ma fille méfie-toi des hommes qui font souffrir leur femme. Tôt ou tard il te fera la même chose »


Elle n’avait pas voulu l’écouter car elle savait que sa mère était une femme qui ne se compliquait pas la vie. Elle se contentait de ce qu’elle avait ce qui n’était pas son cas. Elle par contre, voulait vivre une vie de luxe, rêver en grand et pour cela, vivre avec son mari dans cette grande maison n’était qu’une aubaine pour lui.

Cheikh était cependant  sceptique par rapport au déménagement de sa seconde épouse. En effet, Fatou avait tellement insisté qu’il ne pouvait plus revenir en arrière. Bien sûr, il savait que le jour ou mouna sera au courant de cela, il risquait de la perdre pour de bon. Pourquoi avait-il accepté cela, qu’est ce qui lui était passé par la tête se demandait il alors qu’il regardait Fatou terminer son rangement.
Il commençait déjà à regretter ce qu’il se passait et bizarrement il n’avait même pas la force de dire non ou de mettre un terme à tout cela.



« Toc toc je peux ? »


Badiene ouly venait d’entrer dans leur chambre un grand sourire aux lèvres. Elle était venue souhaiter le bienvenue à sa nouvelle belle fille et cheikh avait trouvé cela un peu bizarre. Oui il était conscient des misères que sa mère faisait subir à sa femme mouna, et il avait été un peu déboussolé quand elle se mettait â  parler avec Fatou comme si elles se connaissaient depuis très  longtemps.


Cheikh à Fatou : vous êtes bien complice… qu’est ce qui s’est passé ?


Badiene ouly, souriante : mon fils, Fatou est aussi ma belle-fille, et depuis votre mariage elle m’appelle souvent. Soit pour voir comment j’allais soit pour m’offrir des cadeaux donc c’est un peu normal que je vienne lui souhaiter la bienvenue. Ici c’est aussi sa maison et elle pourra faire tout ce qu’elle voudra. En tout cas ma fille, si tu as besoin de quoi que ce soit n’hésite pas. Tu connais ma chambre.


Fatou : ne t’inquiète pas pour moi maman et merci encore.

Cheikh écoutait d’une oreille distraite la conversation entre Fatou et sa maman. il n’était pas très surpris de cette proximité car il savait que badiene ouly n’aimait pas tellement mouna.


il était donc ailleurs, pensant à sa femme et à sa fille. Il savait qu’il avait commis une erreur en faisant entrer cette femme dans sa propre maison mais il se sentait impuissant devant cette situation. Il ne savait même pas ce qu’il devait faire. Tout ce qu’il savait c’était qu’il allait bientôt perdre la femme de sa vie à cause d’une autre femme qui était juste une faiblesse.

Les jours passaient donc et deux semaines s’étaient écoulées, mouna n’était toujours pas rentré. Bien sûr, maman sadya ne pouvait plus l’exiger de retourner dans sa maison avec tout ce que sa fille lui avait reproché. Et elle avait bien raison se disait-elle.
Papa sidy quant à lui, ne voulait plus voir sa fille souffrir pour son mari même si ce dernier lui avait sauvé la vie. Il disait à qui veut l’entendre qu’il aimait sa fille plus que cheikh et n’allait pas accepter qu’il lui fasse du mal. Il voulait que mouna quitte ce ménage et revienne vivre avec eux dans sa maison mais la décision ne lui revenait pas soutenait-il. Quoi qu’il arrive il était là pour sa fille et allait la protéger pendant qu’il était encore en vie.

Mouna quant à elle vivait très mal la situation. La distance qui s’était installée entre elle et son mari l’empêchait de dormir. Cheikh avait été le premier homme avec qui elle avait vécu, il avait été son premier amour et elle avait porté son enfant pendant 9 mois. Elle était donc incapable de l’oublier encore moins de se séparer de lui. Mais quand elle pensait à tout ce qu’il avait été capable de faire, elle se disait qu’il n’en valait pas la peine Après tout. 
Elle arrivait donc à se lever tous le matin pour aller au travail. Heureusement qu’il y avait tapha, qui était toujours là à la soutenir, à l’aider à surmonter ses problèmes mais surtout à lui faire oublier son mari le temps d’une journée.
Elle commençait donc à s’habituer à sa présence, à ses rires et à ses blagues. Elle commençait à s’habituer à lui et à tous les efforts qu’il faisait pour la rendre heureuse. Elle lui en était intérieurement reconnaissante.

Tous les week end donc, cheikh venait rendre visite à sa fille, profitant toujours de la situation pour voir mouna et lui parler. Mais cette dernière était toujours dans sa position d’origine. Elle voulait que son mari lui laisse le temps de réfléchir, d’oublier mais surtout de s’adapter à sa polygamie.
A chaque fois, cheikh voulait lui annoncer la présence de Fatou chez eux, mais il y avait comme une voix à l’intérieur qui la lui empêcher. Il ne voulait pas que mouna soit en colère, il ne voulait pas voir de la souffrance sur son visage une fois de plus  Car même si elle n’était pas très agréable envers lui, il aimait la voir sourire et jouer avec leur fille riant aux éclats.
Cheikh était arrivé en un point ou seuls les moments qu’il passait chez mouna le rendait heureux. Oui Fatou était devenue insoutenable, demandant tout et n’importe quoi, dépensant tout son argent pour des broutilles et faisant tout son possible pour le mettre  dans une mauvaise posture. Il savait qu' elle était matérialiste mais pas à ce point se disait-il surpris et déçu en meme temps.


Il commençait déjà à regretter le fait de l’avoir épouser et il trouvait dommage que ce ménage était en train de gâcher tout ce qu’il avait construit avec mouna jusque-là.
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Zenab et mouna s’était retrouvées quelques parts pour discuter et aller voir le marabout qu’elles avaient prévu de rendre visite. Mouna avait beaucoup hésité avant d’y aller mais elle était consciente maintenant qu’il se passait quelque chose de pas normale dans son ménage. Elle était sceptique bien sûr mais elle se disait qu’elle pourrait au moins essayer.
Elle n’avait donc pas prévenu sa mère car elle savait qu’elle lui en empêcherait. Elle lui avait simplement dit qu’elle allait rendre visite à ses anciennes amies Fatima et Sokhna.

Une fois chez le marabout, elles avaient été installées dans une pièce remplit de livre du coran. Une pièce sombre mais bizarrement mouna l’avait trouvé rassurante.
Le vieux s’appelait Mame Boubacar sy. Il les avait accueillis avec tellement de chaleur que mouna avait un brin d’espoir dans la tête. Bien sûr, elle n’aimait toujours pas cette situation mais elle avait pensé qu’elle n’avait pas tellement le choix.
Le vieux Boubacar avait commencé sa consultation. A la grande surprise de mouna, il avait d’abord évoqué la présence de sa fille aicha.


« Vous avez une fille »


« Oui… »


« Elle a un grand avenir qui l’attend, une grande réussite dans sa vie. Le bon dieu l’a bénit. Elle sera heureuse et vous rendra aussi heureuse »


Mouna voulait pleurer mais s’était retenue. Elle venait d’entendre la plus belle phrase au monde. Ce que toutes les mères souhaitait entendre, ce que toute femme désir, le bonheur de sa progéniture.


Le vieux continua…


« Vous aurez aussi un garçon… mais »


Mouna paniqué : mais ?



Marabout : mais il y a quelque chose d’obscur dans votre vie madame. Une personne est en train de faire de mauvaise chose pour vous faire du mal, vous éloigner de votre bonheur. Je ne saurais vous donner les descriptifs de cette personne mais vous devez vous protéger ou vous perdrez tout, je dis bien tout.


Mouna : qu’est-ce que je dois faire ?


Marabout : il n’y rien de plus fort que la puissance de dieu. Il est omniprésent et omnipotent. Lui seul peut vous aider. Vous avez une force à l’intérieur de vous. Faites des sacrifices et surtout le plus important, priez, n’arrêtez jamais de prier, c’est votre protection…

Mouna était un peu déboussolée face à la révélation du vieux marabout. Elle savait bien sûr que c’était sa badiene qui faisait des choses pareilles, elle la connaissait mais elle ne savait pas comment faire pour l’arrêter… zenab la promit de l’accompagner voir quelqu’un d’autre pour contre carrer les plan de leur belle mère.
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Pendant le chemin du retour, les deux femmes discutaient de tout et de rien jusqu’au moment où zenab avait, sans le vouloir prononcer le nom de Fatou… la réaction de mouna était bien sur spontanée…


Mouna : de quel Fatou tu parles ?


Zenab avait pensé que cheikh avait prévenu sa femme de la présence de son autre femme. Elle avait fait une gaffe se disait-elle.


Zenab : mouna….


Mouna : dis-moi !


Zenab : la femme de cheikh habite maintenant chez nous. Elle occupe la chambre de Malia…


Mouna était restée scotchée sur place. Son cœur était sur le point de sortir de sa poitrine tellement elle avait mal. Elle en voulait à cheikh qui lui cachait tout et n’importe quoi, elle lui en voulait du plus profond de son cœur.


Zenab : je suis vraiment désolée, je pensais qu’il te l’avait dit.



Mouna : non ne t’inquiète pas zey tôt ou tard j’allais le savoir.
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Les jours se succédaient aux semaines, et les semaines aux mois. Mouna n’avait rien dit à cheikh, elle faisait d’ailleurs tout son possible pour ne pas être à la maison quand il venait voir sa fille. Elle ne voulait plus le voir, ni avoir affaire à lui. Elle s’était sentit trahit par son propre mari.

Ce soir comme tous les soirs, elle s’enferma dans sa chambre pour pleurer tout son saoul. Elle sentait qu’elle perdait ce qu’elle avait mis du temps à avoir . Elle perdait son foyer, elle perdait son mari. Que leur arrivait-il ? Que s’était-il passé se demandait elle. Avait-elle faillit un moment dans sa mission d’épouse ? Et pourtant se disait elle, elle avait tout fait pour le rendre heureux, elle avait tout essayé pour lui faire vivre un mariage heureux. Mais il n’était pas satisfait comme tous les hommes. Il était obligé d’aller voir ailleurs.
Pendant qu’elle pleurait dans sa chambre, elle avait entendu des voix au salon. Elle avait reconnu la voix de tapha… « Qu’est ce qu’il fait la ? » murmura t elle.


Elle se débrouilla pour effacer tout ce qui ressemblait à des larmes sur son visage et sortit de la chambre ;


Elle venait de trouver tapha et sa fille confortablement installés au salon, jouant avec bébé aicha.


Mouna : salut vous deux…


Dieyna, la fille de tapha s’était précipitée dans les bras de mouna, remplissant le cœur de cette dernière de joie…


Mouna en l’embrassant : bonjour mon amour…


Elle se dirigea vers tapha et lui fit une bise. Ce dernier avait remarqué la mine triste de son amie. Oui il le connaissait assez pour savoir qu’elle avait pleuré…


Tapha : dieyna, vas jouer dehors avec aicha… et n’essaie pas de la porter ok ?


Dieyna : oui papa

Mouna : dieyna est de plus en plus belle… elle ressemble à sa mère…


Tapha : oui c’est ce que tout le monde dit… j’en suis jaloux rire.


Il y eut un moment de silence puis tapha reprend.


« Mouna,  tu pleures encore  ? »



Mouna : rire, moi ?


Tapha, sérieux : oui toi. Je te connais très bien et je sais que tu viens de pleurer. Mouna tu as les yeux tout bouffis, tu as maigrit tu ne ressembles à rien actuellement. Tu as complètement changé.


Mouna avait baissé la tête. Elle avait été forte trop longtemps, elle se mit à pleurer silencieusement déchirant le cœur de tapha…


Tapha : j’aurai voulu te prendre dans mes bras mais…


Mouna, essuyant rapidement ses larmes : non ne t’en fais pas.


Tapha : parles moi…


Mouna : tu sais j’aurai donné n’importe quoi pour ne pas vivre cette situation. Mais j’ai mal, mon cœur ne peut plus supporter cela tapha. Je veux  divorcer.


Tapha : divorcer parce que ton mari à une autre femme ?


Mouna : …


Tapha : on ne peut pas parler ici. Allons manger une glace avec les filles…


Mouna l’avait suivi sans hésiter. Elle avait besoin de sortir, changer d’air, oublier un peu ce qu’elle ressentait.

Tapha les avaient donc conduit au manège et pendant que les filles jouaient, il en profita pour prendre la main de mouna…


Tapha : maimouna reprend toi, essaie de passer à autre chose et de retourner dans ton ménage. Tu t’en fais trop alors que ton mari vit sa vie avec sa femme. Tu ne peux pas construire tout cela et laisser une inconnue venir tout prendre du jour au lendemain non, je ne suis pas d’accord. Bats toi pour ce que tu veux, bats toi pour ton ménage, bat toi si tu es vraiment amoureuse de lui. Pour le reste, laisse le temps faire les choses et ne baisse pas les bras.


Mouna : mais tapha, comment je peux faire face à une telle situation. Cheikh a emmené sa femme dans la maison. Comment je pourrais vivre avec cela ? Comment dis le moi.


Tapha : comme toutes les femmes qui vivent la même chose. Rentre chez toi, gère ton mari et fait tout pour que vous soyez heureux. Le reste ne t’en occupe pas.




Mouna avait écouté le conseil de son ami et allait les appliquer malgré elle. Même si elle ne voulait pas le faire, elle était consciente que tapha avait raison. Elle ne devait pas laisser une étrangère détruire ce qu’elle avait mis autant de temps à construire. En plus, elle ne voulait pas empêcher à sa petite aicha de vivre une vie avec des parents divorcés.


Elle essaya donc tant bien que mal de voir le côté positif des choses et arrivée chez elle, elle décida d’appeler son mari.


Après deux sonneries, une voix de femme l'avait repondu…


« Allo ! »


Mouna savait bien sur qui s’était : « bonjour je peux parler à mon mari ? »


Fatou : il dort…


Et tac elle raccrocha. C’était à ce moment-là que mouna fut révoltée. De quel droit cette femme se permettait elle de lui parler comme ça et de lui racrrocher au nez, Elle s’en voulut d’avoir appelé son mari et à un moment donné voulu aller régler cela. Cette femme la connaissait mal se disait-elle. Il fallait qu’elle lui montre qu’elle avait été la première et restera la seule femme de cheikh. Elle devait lui faire comprendre qu’elle n’allait surement pas se laisser faire. ce n’est  pas une petite dévergondée qui allait lui faire perdre son homme aussi facilement. Quoi qu’il se passerai elle se battrait se disait elle, décidée.

Sans même réfléchir, elle prit sa fille dans ses bras pour aller chez cheikh…
« il va m'entendre celui la"
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A suivre

MOUNA & CHEIKHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant