~ Chapitre 52

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Hello tout le monde j'espère que vous allez bien ! 

Rien de spécial à vous dire aujourd'hui ;)

J'attends avec impatience votre ressenti, comme toujours.

Plein de bisous, Blandine 

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Victoria :

Assise à l'arrière du taxi qui doit me conduire au lieu de rendez-vous pour que je puisse voir June, je me trémousse sur mon siège, anxieuse. Je m'observe discrètement dans le rétroviseur, lissant nerveusement les mèches de mes cheveux courts.

Il y a des mois de cela, j'ai sacrifié ma longue chevelure de blé pour un carré court, arrivant un peu au-dessus des épaules. J'avais besoin de changement. J'avais besoin de modifier tout ce qui me rappelait le souvenir de Nate. Inutile, en soi. Nate ne quitte jamais vraiment mes pensées, il ne les a même jamais quittées, mais c'est bien d'avoir l'impression que c'est le cas malgré tout.

Je suis infiniment reconnaissante envers ma mère d'avoir accepté d'entreprendre ce voyage avec moi –seule, j'en aurai été incapable-, et comme ma vie sociale est plutôt réduite, je n'avais personne d'autre sur qui compter.

J'ai demandé quelques jours de repos au boulot, réclamation qui a été accueillie assez froidement ; après tout, je fais partie des récentes embauches, mais je ne pouvais pas ne pas venir. Qu'est-ce que June aurait pensé ? Qu'est-ce que Nate aurait pensé, plutôt ? raille ma conscience.

Je l'ignore, et me plonge dans la contemplation de la ville. La première et dernière fois que je suis venue ici, c'était avec Nate. Un séjour plutôt chaotique en soit, qui a débouché sur un autre séjour chaotique dans le Montana, pour se terminer par la fin de tout. A l'époque, j'ignorais que je passais mes derniers jours en compagnie de ce jeune homme, mais l'aurais-je su avant que j'en aurais profité davantage.

Il a refait sa vie et je suis ravie pour lui. Enfin, non, c'est un mensonge. J'aurai aimé qu'après l'obtention de son diplôme il revienne me voir en France, mais en même temps c'est moi qui aie imposé cette distance, alors ce n'est pas juste de le blâmer.

Je repense aux dernières nouvelles que June et moi avons échangées ces derniers temps ; bien entendu, elle m'a parlé de plein de choses, sauf de ses fiançailles et de son mariage avec un inconnu au bataillon.

June et Nate ont eu un petit frère, Henri. June m'a envoyé quelques photos de la minuscule créature, et j'ai été tiraillé par l'envie de lui demander comment Nate vivait cela. Et pourtant, je n'ai pas demandé. A part le peu de nouvelles que Nate a accepté de me donner de temps à autre, June ne m'a jamais parlé de lui, soit parce qu'elle a pensé que c'était préférable pour moi, soit parce qu'elle avait peur de me faire de la peine. Dans les deux cas, elle a raison sur toute la ligne.

Le chauffeur me dépose devant un hôtel particulier, et je règle ma course. L'air saturé d'œstrogènes me percute de plein fouet et je lisse nerveusement le bas de ma robe rouge. Je me concentre pour marcher correctement avec mes talons et me présente à l'accueil en annonçant qu'il y a une réservation d'une table pour deux au nom de Stewart. L'hôtesse –bien trop maquillée-, m'annonce que mon amie n'est pas encore arrivée, ce qui ne m'étonne pas : June n'a jamais été réputée pour sa ponctualité et en plus de ça elle a un mariage sur les bras.

Je m'installe dans un des petits salons privés mis à ma disposition et boit tranquillement mon verre d'eau en attendant mon amie et en détaillant les lieux. Je n'avais jamais remarquée que June avait des goûts aussi classieux.

Manibus Retorta IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant