~ Chapitre 54

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Victoria :

Après l'arrivée de tout le monde, la fête à proprement parler commence.

La table ronde accueille June et son époux, les parents de June et du marié, les témoins (une cousine germaine de June dont je n'ai jamais entendu parler et le meilleur ami du marié). Tabitha est aussi là, assise à côté de Marc. Avec moi et Nate en plus, nous sommes onze.

Ce dernier n'est toujours pas là, alors que l'apéritif va bientôt être servi. Je suis toujours aussi gênée d'être assise à cette table dont j'estime que ma présence n'est pas appropriée. J'observe discrètement les autres tables, à la recherche de têtes familières, comme des gens de la faculté de Seattle, mais je suis seule dans cette foule de visages inconnus.

Je suis assise entre Tabitha et Ella, ce qui me va parfaitement, même si la situation est plutôt risible. J'ignore complètement si les deux femmes sont amies, ou si elles se tolèrent simplement. Soudain, on tire sur le bas de ma robe. Un petit garçon me regarde d'un air surpris, vacillant sur ses jambes. De toute évidence, cela ne fait pas longtemps qu'il marche. Tabitha explose de rire.

- Eh bien, on confond sa maman maintenant ?

Elle prend le petit garçon sur ses genoux et ce dernier entreprend de jouer avec une cuillère. J'ai déjà vu Henri, le demi-frère de June et Nate en photo, mais depuis, il a bien changé. Ses yeux sont d'un bleu identique à ceux de Nate et une vague de chaleur s'épanouit dans mon ventre. Une image que je n'avais jamais, au grand jamais visualisé dans ma tête s'imprime à ma rétine.

J'imagine un petit garçon comme Henri se réfugiant dans les bras de Nate, ce dernier le faisant virevolter autour de lui. J'imagine un gazouillis tellement mignon que je me serais esclaffée à mon tour, tout en posant la main sur mon ventre arrondi.

Je débloque complètement. Je n'aime même pas les enfants.

- Il est mignon, hein ? me dit Tabitha, me surprenant à le fixer.

Je hoche la tête sans rien dire.

- Ta...ta ! dit Henri en pointant son doigt boudiné derrière moi.

J'entends Ella soupirer et elle tend les bras devant moi.

- Tu ne veux pas laisser tata tranquille, pour une fois ? Si tu tâches ma robe, Henri, tu vas avoir des problèmes, dit Ella.

Puis elle noie le petit garçon sous une pluie de baisers. Je regarde Tabitha, qui m'adresse un clin d'œil. De toute évidence, nombre de choses ont changées ces dernières années. Mais je suis contente pour eux. Je ne connaitrai jamais les détails de cette famille à qui j'aurai pu appartenir, mais je suis vraiment contente.

Je sens alors dans mon champ de vision une présence, puis un bruit de chaise qui racle au sol se fait entendre. Je crois que mon cœur arrête de battre.

- Je suis en retard, pardon, dit une voix rauque que je ne connais que trop bien.

S'en suit alors des moqueries et des réflexions à l'encontre de Nate qui, apparemment, n'arrive jamais à être à l'heure.

L'apéritif et les verrines sont servis tandis qu'une musique que je ne connais pas sert de bruit de fond. Les verres sont remplis dès qu'ils sont vides. Je dois avouer que l'organisation est parfaite. Je discute avec Tabitha qui me parle de son nouveau rôle de maman. Elle semble très épanouie, et elle et Marc se passent Henri régulièrement pour que l'autre ait quelques minutes de répit.

Manibus Retorta IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant