Il ne semblait pas y avoir de soleil, peut être ne s'était-il pas encore levé, ou alors il faisait peut-être gris, en même temps, Cameron pensa qu'elle aurait dû s'attendre à ce que les beaux jours ne durent pas. Elle s'étira dans sa nouvelle chambre, l'odeur si particulière de la tourbe qui brûle avait embaumé la maison, et elle redécouvrait un nouveau parfum, le même que celui qu'elle avait pu humer la veille chez Mrs Donaghan.
Cameron décida de traîner un peu au lit, portable à la main tentant tant bien que mal de se reconnecter au monde alors que le réseau semblait n'en faire qu'à sa tête, lorsqu'elle s'aperçut soudainement de l'heure : seize heures. Cameron était connue pour sa passion et l'amour qu'elle vouait à son lit, mais à ce point... Non. Elle se dédouana en pensant que le décalage horaire avait fait des siennes et qu'une vraie nuit de repos ne lui avait apporté que du bien.
Elle enfila son peignoir de soie noire et s'approcha de la fenêtre pour en ouvrir les volets. Gris. Le ciel était définitivement triste en cette presque fin de journée, mais la morosité du temps était atténuée par toutes ces jolies maisons colorées. Cameron pensa qu'une douche chaude lui ferait du bien... Encore fallait-il qu'elle retrouve le fonctionnement de ce qui servait de mitigeur, et après dix nouvelles minutes de bataille, l'eau chaude s'offrait enfin à elle.
Elle descendit les escaliers de la maison dont les marches craquèrent à chacun de ses pas. Tout était nouveau pour elle, les odeurs, les bruits, les couleurs, la blonde qui n'était habituée qu'au béton, à la pollution et aux endroits aseptisés, se trouvait totalement désorientée. Cameron fut encore plus désorientée lorsqu'elle s'aperçut qu'il n'y avait rien à manger dans les placards. La maison n'avait pas été habitée depuis une vingtaine d'années selon Molly... A quoi s'attendait-elle...
La faim lui tenaillant l'estomac, elle enfila rapidement un jean, une chemise, son trench et ses éternelles bottines, pour trouver de quoi faire quelques courses... Et elle se rappela que Maitilde ne lui avait montré aucun endroit qui pourrait répondre à son attente et Molly Donaghan apparaissait désormais comme sa seule option. Cameron sortit et parcourut non sans mal les cinquante mètres qui séparaient les deux maisons, elle pensa qu'il fallait qu'elle trouve une solution chaussures rapidement. Elle tapa à la porte de la demeure bleu ciel et attendit quelques secondes... Rien. Elle retenta sa chance et une nouvelle fois, seul le silence lui répondit.
- Hey ! Sweetie eachtrannach ! Si tu cherches Molly, elle est au pub à cette heure ! *l'étrangère, lui lança un vieux monsieur à la barbe aussi blanche que la neige avant de reprendre son chemin.
Elle le salua timidement d'un petit signe de main et se dirigea vers le pub que Maitilde lui avait montré la veille. La fumerie se trouvait trois ou quatre maisons avant, peut-être s'y trouverait-elle. Elle la vit par la grande fenêtre de l'échoppe minaudant auprès d'un grand homme au crâne rasé et à la salopette jaune de pêcheur. Cameron sourit face à cette scène amusante et la Kavanagh se rendit rapidement compte de sa présence, et lui fit signe d'entrer. Des tonnes de conserves étaient rangées sur d'immenses étagères, quelques cadres photo de pêche miraculeuse décoraient les murs de bois et une légère effluve de fumée flottait dans la pièce.
- Hey Cameron ! Voici Sean, le fils des O'Connell ! Dit la brune en lui adressant un clin d'œil peu subtil avant que l'homme au crâne rasé ne la salue chaleureusement.
- Maitilde bosse au lieu de papoter... Il y a encore plein de commandes à préparer, lui fit un homme aux boucles brunes qui venait de l'arrière-boutique.
- C'est bon Niall... Je viens de rentrer de Dublin, je peux me reposer un peu...
- Et toi, tu n'as rien d'autre à faire à cette heure ? Lança-t-il froidement à Sean, et le temps c'est de l'argent Maitilde, poursuivit le brun à l'adresse de sa sœur avant de quitter la boutique en faisant un petit signe de tête pour saluer la blonde.
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Les filles de Galway
Romance"Toutes nos condoléances"... Voilà ce que disaient les gens après le décès de John Griffin. Cameron, sa fille, ne croyait jamais s'en remettre, jusqu'à cette dernière lettre l'invitant à entamer le voyage vers une nouvelle vie, là bas en Irlande, la...