Chapitre 40 : The last letter of Liv O'Woods

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1 heure avant le réveil de Liv...

Cameron n'avait pas fermé l'œil de la nuit, versant un flot de larmes silencieuses dans les bras de celle qu'elle aimait et qu'elle s'apprêtait pourtant à abandonner. Oui, Cameron abandonnait. Elle abandonnait l'Irlande, un village, ses projets de vie avec Liv... Cameron ne cessait de se répéter que ça en valait la peine... Liv en valait la peine. Non, Liv ne souffrirait plus. Siobhan n'enverrait personne pour l'enfermer dans une clinique de monstre. Personne. Liv allait vivre. Liv ne serait pas de nouveau traumatisée.

Alors, dans un élan de courage, Cameron se défit de l'étreinte de Liv pour la regarder dormir une dernière fois. Qu'est-ce qu'elle était belle lorsqu'elle était aussi paisible... Songea Cameron. Pour la dernière fois de sa vie, elle aventura ses doigts dans ses cheveux bruns aux reflets acajou, elle les fit descendre jusqu'à ses joues pour se rappeler à tout jamais de la douceur de sa peau. Délicatement, elle posa ses lèvres sur les siennes, pour que son coeur batte à tout rompre une dernière fois. Par chance, Liv ne se réveilla pas. Elle ne verrait pas ses larmes, ni son désespoir... Tout doucement, elle quitta le lit, et s'habilla en silence. Elle jeta un dernier regard sur le corps de la brune endormie et murmura alors qu'une énorme boule de tristesse s'était formée dans sa gorge :

- Pardonne-moi mon amour...

Les larmes ravageant une nouvelle fois ses joues, elle ferma la porte du cottage de Liv O'Woods pour la dernière fois...

Cameron marcha quelques minutes, profitant de l'air frais de Ballydangan en cette matinée de juin... Elle espérait que lorsqu'elle arriverait chez elle, ses yeux ne seraient plus rouges, que son âme et son coeur paraîtrait moins meurtris qu'ils l'étaient à l'instant. Paraître était le mot. Cameron savait qu'au fond, elle ne se remettrait jamais de cette rupture, peu importe si plus tard elle rencontrait quelqu'un d'autre, rien ne serait jamais comme avec Liv, Liv serait toujours là... Là était son fardeau: en sauvant l'Irlandaise de sa mère, elle s'interdisait d'aimer de nouveau, car personne ne la ferait aimer comme elle avait aimer Liv. Elle abandonnait une vie pour elle.

Alicia et Debbie bouclaient leur valise quand Cameron pénétra dans la petite maison jaune. La sienne était prête depuis la veille, au cas où elle prendrait cette atroce décision. L'air de rien, elle profita d'un moment d'inattention de sa mère et de son amie, pour descendre ses affaires et les amener au taxi qui les attendait pour les mener à l'aéroport, Debbie ayant refusé que Maitilde ou Keith fasse le voyage.

Cameron avança près de la voiture et demanda au chauffeur de l'aider à mettre rapidement sa valise dans le coffre. Elle ne voulait pas inquiéter sa mère qui la forcerait sûrement à faire marche arrière si elle l'apprenait. Une fois à l'aéroport, elle ne pourrait rien dire... Peut-être ne se rendraient-elles même pas compte qu'elle embarquerait avec elles. Cameron pensa qu'elle aurait juste à faire attendre le taxi pour ensuite embarquer à son tour.

- Et bien dis donc, c'est un sacré bagage que vous avez-là ! râla l'homme à la pipe.

- Débrouillez-vous pour qu'elle y rentre rapidement... souffla Cameron agacée.

Ce n'était pas le jour pour l'embêter, elle souffrait déjà bien trop pour entendre les râleries d'un pauvre homme au sujet d'une foutue valise.

- Il va falloir...

- Tenez, fit-elle en lui donnant un billet de cinquante euros.

De toute manière à quoi lui servirait-ils alors qu'elle rentrait aux États-Unis et qu'elle ne remettrait sûrement jamais les pieds en Europe.

Les filles de GalwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant