Chapitre 9 : Esus & Eithne.

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Les quelques rayons de soleil qui filtraient par les volets du cottage illuminaient le visage de Liv O'Woods le teintant d'une certaine aura. La jeune femme plissa les yeux pour éviter l'agression de la lumière. Elle n'avait presque pas dormi cette nuit. Les yeux grands ouverts, elle s'était tournée et retournée dans son lit se refaisant sans cesse le déroulement de la journée qui allait suivre. Liv voulait que tout soit parfait pour l'anniversaire du Docteur Griffin. D'ailleurs, elle n'avait fait que se répéter les mots qu'elle prononcerait à Cameron lorsqu'elle irait la chercher. 

Elle ne l'avait pas revue depuis leur presque baiser. A ce souvenir, son coeur s'emballa et un fourmillement pris possession de tout son corps. Elle sourit béatement en repensant à la chaleur de la peau de Cameron sous ses doigts, à son souffle contre sa bouche, à tous les papillons qui s'étaient envolés dans son ventre. Mais ses pensées se firent moins plaisantes lorsqu'elle se souvint qu'elle avait subitement mis fin à ce moment pour quitter le cabinet sans lui donner de réelles raisons, la laissant dans une totale incompréhension.

Elle s'en voulait d'avoir mis fin à cet instant où elle s'était enfin sentie vivre. Elle se maudissait de ne pas avoir pris possession du corps de Cameron Griffin à cause de ce stupide mariage. Mais Niall n'était pas là, et Liv comptait appliquer à la lettre les conseils de Maitilde. 

Le Kavanagh était passé à la ferme la veille pour lui dire au revoir. Il avait déposé sur ses lèvres un baiser sans émotion, sans saveur, qui n'avait même pas fait accélérer son coeur. Il lui avait soufflé à l'oreille « si j'apprends que par un quelconque moyen tu as posé tes yeux sur cette grosse merde de Docteur Griffin, c'est à moi que tu auras à faire » tout cela sous le regard enjoué de Siobéan. 

Pourtant, le fait que Maitilde lui dise à quel point ses regards pour Cameron ne pouvaient leurrer personne avait provoqué en elle un électrochoc effaçant toutes les menaces de Niall. A quoi bon refouler ses sentiments alors qu'elle savait pertinemment qu'ils ne la quitteraient plus jamais. Les yeux azurs de Cameron Griffin avaient eu raison d'elle. Ils avaient envoûtés tout son être et ce dès leur première rencontre. Elle savait qu'il fallait qu'elle aille doucement car elle ne voulait pas brusquer la belle Américaine,  et surtout, elle devait trouver une solution qui la sortirait de ce bourbier.
Maitilde lui avait pourtant bien dit que la blonde tenait à elle, mais elle n'avait que très peu saisit le sens de sa phrase, beaucoup de gens tenaient à elle, sa sœur, son père, Sean, M', mais était-ce cette fois-ci la même chose ? Et puis elle avait beau « emmerder sa mère » comme le lui avait fait hurler la cadette des Kavanagh, elle savait qu'elle ne pouvait pas lui créer un nouveau choc, elle avait bien trop peur de la perdre, elle devait y aller en douceur.


Pour la première fois depuis longtemps, Liv décida de prendre soin d'elle. Elle souligna son regard d'un trait de khôl et rosie légèrement ses joues, et elle coiffa sommairement ses longs cheveux bruns aux reflets acajou en les rabattants sur l'une de ses épaules. Liv n'avait que très peu de vêtements pour les grandes occasions, et puis finalement, elle décida de privilégier le confort. Elle enfila un pantalon noir et des bottines à lacet ainsi qu'un gros pull en laine beige et l'une de ses éternelles doudoune sans manche. 

Le stress de cette nouvelle rencontre lui avait tordu l'estomac et c'est le ventre vide qu'elle quitta sa maisonnette à fleur d'océan. La route qui la menait à la demeure de Cameron était rapide et elle n'avait pas vu le trajet passer. Il était encore temps de faire demi-tour pensa la brune qui prenait une grande inspiration avant de poser son index sur la sonnette de la maison jaune. Mais il fallait qu'elle prenne son courage à deux mains et qu'elle le fasse. 

Les filles de GalwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant