Chapitre 7

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Elijah

- Je te jure, mec. Une putain d'hystérique ! Dit Félix. Et vas-y que je chiale, et vas-y que je te menace. Mais qu'elle casse-couilles ! Crache-t-il. 

Je souris, pas pour le résumé de Fé, je souris parce que pour une fois, ils ont passé une soirée bien merdique. Et qu'ils savent maintenant ce que c'est de supporter Rita quand on ne va pas dans son sens. 

- Te marre pas, enfoiré ! On fait peut-être partie de la même famille, mais rien ne m'empêche de t'en coller une dans ta gueule de connard ! Finit-il. 

Il balance le torchon plein de cambouis dans ma direction que j'esquive en riant cette fois-ci. 

- T'as fait quoi d'ailleurs ? Tu n'as même pas répondu à ton putain de téléphone ! 

- J'ai marché. Tu devrais essayer, ça détend. Surtout les frustrés de la bite ! 

- Oh, mais ferme là ! Et puis cette bagnole me les brisent. 

Il balance un coup de pied dans le pneu, avant de respirer un bon coup. Le moteur a pris cher. En même temps, si elle était entretenue, ça ne serait pas arrivé. On a l'habitude d'avoir des caisses maltraitées. Et contrairement à ce que tout le monde pense, ce n'est pas que des bagnoles de nanas. 
C'est cinquante-cinquante. Les niveaux de celle-là n'ont jamais été faits, la vidange non plus. S'il y a des voyants sur le tableau de bord, ce n'est pas pour faire joli. Boulets ! 

Je fais une pause et je m'allume une clope. C'est quand même fort, le mec a roulé sans huile dans le moteur. Je ne sais même pas s'il est complètement mort ou si je peux rattraper ça. Je vais avoir un sacré boulot en perspective, le joint de culasse est à changer. Ça me fait moins chier que je le pensais. Faut dire que je ne suis pas énervé au point de tout casser. C'est juste chiant. 

- Fé ! Tu crois que c'est possible une vie sans emmerdes ? Dis-je en crachant ma fumée de cigarette. 

- Ouais. Et c'est une vie sans Rita, mon gars ! 

Il répond du tac au tac. Il se redresse du capot et braque son regard sur le mien. Sa main posée sur son épaule encore endolorie par la furie du parc. Il grimace. 

- Elle ne t'a pas loupé. Dis-je. 

- C'est toi qui m'as dit que c'était Hank. Je ne l'aurais pas touché si j'avais vu que c'était une nana. 

Il soupire, il est impulsif, mais jamais il s'en prendrait à une fille. Jamais. 

- C'était un ninja, mec. Je ne veux vraiment pas la recroiser. Non merci. 

Tu m'étonnes. On se regarde en riant. Peu importe qui c'était, elle nous a tenu tête. Elle a foutu ma journée en l'air aussi. Obligé de changer de plan et de le remettre à plus tard. Si jamais elle avait prévenu les flics, on était cuit. 

- T'as fait quoi hier ? Me baratine pas.

Je marque un temps d'arrêt avant de répondre. Si Dee-Dee apprend que j'étais avec sa copine, elle va m'arracher les couilles. Sauf que Fé, ce n'est pas une grande gueule. Il en sait plus sur moi que n'importe qui. 

- Je suis tombé sur Yuna. Enfin, elle m'a rentré dedans. Je l'ai raccompagné. 

- Tu joues avec le feu. Si tu sais qui le sait, elle va te faire bouffer tes dents. Sans parler de Dee. Il s'essuie le front recouvert de sueur. J'espère que tu la juste ramener, mec. Linus pense que tu t'es fait une gazelle et que t'y a passé la nuit. Faut démonter le moteur. Il est mort. 

J'attrape une clé pour démonter les boulons. Fé s'occupe des branchements. Dans un silence parfait, on travaille en osmose totale. C'est ce que j'aime chez lui. Il ne parle pas pour rien dire. Déjà que ça m'emmerde de bosser un samedi, mais mon oncle était à court de mécano. Je n'allais pas le lâcher. J'aime bien travailler sur des moteurs. Je le fais depuis que je suis tout petit. Ça me fait de l'argent et à lui aussi. Tout le monde y trouve son compte. 

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant