Chapitre 9

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 Elijah

J'ai besoin réfléchir, il me faut un plan. Faut qu'il soit élaboré. Et il faudra surtout la jouer fine. Je fixe les clefs de sa voiture, j'aurai dû la bousiller encore plus. Voilà pourquoi je ne m'engage pas et jamais je le ferai. Juste pour la sauter, je fais des plans. Alors une relation ? Certainement pas. Les plans sont faits pour être précis. Et la précision ne dure pas cent sept ans.

J'attends au bar que le barman prenne ma commande. Je jette un œil sur mon portable, Victor garde son môme ce soir. Le fruit de ses frasques nocturnes sans lendemain. Exactement ce que je veux éviter. Les capotes servent à quelque chose, la prolifération du genre humain. Sortez couverts disent les vieux, je peux assurer que je suis ce dicton à la lettre. Elle l'a déposé sur le pas de la porte un matin il y a quatre ans, elle n'est jamais revenue, jamais appelée non plus d'ailleurs. La mère de l'année.

- Un Coca, s'il vous plaît.

Super, il sert les filles avant moi. Je prends une bouteille et il sert des Cocas. On sent le mec qui veut choper une de ses clientes. En manque ? Tu m'étonnes. Je joue avec les clefs de voiture dans mes mains. Je suis sûr qu'il les aiment impressionnables et naïves. Les proies les plus faciles. Il ressemble à Ken avec ses cheveux blonds trop parfaits, ses biceps trop gonflés. Je suis musclé aussi, mais pas juste de la gonflette, et je suis uniforme. Je ressemble pas à un V. S'il ne me sert pas dans les trente secondes qui suivent, je vais lui apprendre les priorités à ce guignol.

- Tu peux me rendre mes clefs, s'il te plaît Elijah ?

Deux icebergs me fixent l'air contrariés. Je refais tourner les clefs dans ma main. Cette façon qu'elle a de prononcer chaque syllabe de mon prénom, je l'imagine le hurler, le soupirer, le supplier. Pourquoi a t-il fallut qu'elle se fringue comme ça ?

- Pourquoi ? Tu pars déjà ? J'ai dû m'approcher d'elle pour qu'elle m'entende, elle a eu un léger sursaut.

- En quoi ça te regarde ? Elle lève un sourcil et croise les bras juste en dessous de sa poitrine déjà mise en avant grâce à son bustier. Je louche dessus allègrement, ils ne sont pas énormes, mais cette courbe bien dessinée juste au dessus d'eux, c'est pour des courbes comme celles-là qu'il y a eu des guerres, putain.

- Tu ne te rappelles pas ? Je suis ton mec.

Je lui souris, elle hausse les sourcils en se pinçant les lèvres.

- Tu aimes le médiocre, je vaux mieux que ça. Garde-les.

J'avais oublié son caractère de merde. Elle tourne les talons au moment où le serveur arrive avec son verre. Je lui fait signe de l'emmener à ma table avec la bouteille que j'ai commandé. Je vais pas lui courir après. Médiocre, moi ? Je suis pire que ça. Elle va venir d'elle-même. C'est gagné d'avance, ma petite.

Elle se dirige droit à ma table, Ted bave comme un putain de clebs en rut. Elle ne le regarde même pas. Elle s'assoit et je m'installe pile en face d'elle. Linus et Félix débattent avec Dee-Dee sur ce qu'elle a le droit de faire ou non, Thomas est porté disparu. Yuna prend sa veste et sort. Elle ne partira pas sans ses clefs. Je peux être très patient quand j'ai décidé quelque chose. Et ce soir, j'ai bien envie de l'emmerder. Parce qu'elle n'aurait jamais dû croiser ma putain de route dans ce parc, et surtout parce qu'elle attise quelque chose de parfaitement malsain dans l'esprit de tous les mecs présents ce soir. Y compris le barman, je l'ai vu reluquer son cul quand elle est partie. Gros dégueulasse. Évidemment, je suis hypocrite. Je compte bien la harponner sur mon membre, je suis juste moins con et plus subtil. D'ailleurs, l'appel de la nicotine se fait sentir, je fais signe à Linus que je sors, Dee-Dee me regarde avec son regard de chien enragé. Je lève les mains en signe de paix, rien à voir avec leurs conneries. Quoi que, si Thomas a déconné, il se prendra mon poing dans la gueule. Question de principe.

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant