Elijah
Je suis seul. Dans une pièce à peine éclairée. Et dans un silence total. Complètement seul. Je fais le vide. J'ai besoin de rester concentré. Il me reste quinze minutes. Je donne des coups dans le vide, je souffle, je sautille. Je frappe à nouveau. J'ai attendu tellement longtemps, j'ai trimé comme jamais pour en arriver là. Mon ticket d'entrée pour le titre national.
Se faire casser la gueule et en redemander, c'est du masochisme. Je casse des gueules et je recommence, je suis leur bourreau. Je suis un vrai combattant. Un chien enragé. Poussez-moi une fois, je vous terrasse mille fois. Je suis le maître sur le ring. Personne ne me prendra ça. Jamais. Vous ne savez pas ce que c'est de renoncer à ses rêves. De devoir s'écraser et de regarder le monde autour de soi, continuer à tourner. Vous ne savez pas.
Je suis un combattant, un putain de soldat. Je ne laisse personne dicter ma conduite et j'emmerde ceux qui veulent le faire.La lumière m'aveugle un instant. Je m'arrête toujours pour habituer mes yeux à cette intensité. Mon père est à côté de moi, toujours. Linus de l'autre côté toujours. Ils ne me parlent pas. Ils fixent tous les deux le même objectif que moi. Le ring. Je les entends hurler mon nom. Ils m'adorent, je suis leur champion. Combien de ces connards me crachait à la gueule y a pas si longtemps. J'ai sauté leurs femmes, leurs filles, leurs sœurs pour la plupart. Et ils ne le savent même pas.
Kenny, le speaker, est déjà sur le ring. Toujours avec des fringues flashys façon disco, je suis persuadé que c'est l'un des Earth, Wind and Fire. Il a annoncé mon rival de ce soir. Le Titan. Ouais. Un gros sac taillé dans une pierre molle qui ne connaît que la puissance. Je lui ai déjà cassé la mâchoire. Je le connais. Toujours avec son short rouge et doré. La seule description que je pourrais en faire, c'est qu'il a une tête de phacochère édenté. Mais je ne le sous-estime pas. Je suis juste meilleur que lui.
- Mesdames et Messieurs. Celui que vous attendiez tous.
Kenny est un acteur né, il marque le silence, la voix grave.
- L'enfant du pays. L'invaincu, le maître de ses lieux, le briseur de tête et de cœurs. Oui, mesdames. Vous l'aimez. Oui, messieurs. Vous le jalousez. Il est là. Le seul, l'unique "Jax, le duc de Norfolk !!"
Des cris, des applaudissements, des sifflements discrets. Mon entrée est efficace, à mon image. Dr Dré, ambiance la foule avec ses basses. Mon peignoir ouvert, la gente féminine pourrait me violer sur place. Je suis même étonné de ne pas glisser tellement leurs culottes sont trempées. Je reste concentré, l'objectif est à portée de main. Linus retire mon peignoir, et mon vieux me donne les derniers conseils.
- Tu le connais. Lui aussi. Si tu veux l'avoir, surprends-le.
Sa barbe de trois jours, et ses traits tirés. Il fait bien son âge voir plus quand il est crevé. Je secoue la tête et je sautille.
Je sais que je ne perdrai pas. Je joue mon futur. Évidemment, je suis invulnérable. Rien ne me touche, rien ne me trouble. Vous croyez franchement que j'ai atteint ce niveau comment ? Facile. J'en ai absolument rien à foutre de rien. Il n'y a que moi qui compte, et je prends toute la place. Alors oui, je gagnerai. Je suis le Duc. Je serai le Roi.
On annonce le premier round. Candace se dandine autour du ring avec sa pancarte, et me fait un clin d'œil. Elle est l'exemple typique de ces personnes qui ne me font ni chaud, ni froid. Une pâle copie de Rita. Elle est transparente. Linus me masse une dernière fois les trapèzes.
- C'est la dernière. Montre leur que le Duc est propriétaire de ce putain de ring ! Me crache t-il dans les oreilles, me mettant mon protège-dents dans la bouche. Oui, je veux rester beau.
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À l'orée de Toi
RomanceDéménager dans une nouvelle ville : fait. Avoir le cœur en miette et un dysfonctionnement émotionnel : fait. Refouler tout ce qu'il s'est passé :fait. Tout a l'air de s'arranger, enfin ! C'est ce que je pensais avant de tomber sur une bande de dégén...