Chapitre 29

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Elijah

La sueur dégouline de partout. Malgré une nuit courte, je vais toujours m'entraîner. Elle a mal dormi. Des cauchemars. C'est uniquement quand elle s'est couchée sur moi, qu'elle a trouvé du réconfort. C'est la merde. D'habitude, je ne les laisse pas dans mon lit, encore moins me coller. Et ce qui me fait royalement chier, c'est que ça me dérange pas. Son odeur est imprégnée dans mes narines. C'est une vraie plaie, putain. Mon père est dans son bureau. Vu la tête qu'il fait, on a dû lui répéter ce qu'il s'est passé hier. Je suis quitte de le faire. Ça me gonfle.

J'aurais pas dû me l'approprier comme ça. J'étais censé faire quoi aussi ? La laisser seule ? Déjà que Jeff veut se la faire, j'imagine même pas le nombre d'enculés qui voudraient faire pareil. Y a pas moyen. Je l'ai eu en premier.

Le bruit des poids et la musique qui hurle dans mes oreilles me permettent de réfléchir. Une chose de réglée : Alfred ne saura pas qu'il s'est planté. Enfin, pour le moment. Il a déclenché ma colère. Et je ne suis pas réputé pour être un gentil. Il le sait et je suis certain que c'était tout à fait volontaire. Il va s'attendre à ce que je retourne la ville pour lui mettre la main dessus. Je sais être patient. Et particulièrement créatif.

Il est onze heures passé quand je rentre chez moi. Caleb dessine sur la table du salon, y en a autant sur les feuilles que sur ses petits doigts minuscules. Son visage s'illumine quand il me voit.

- Eli !!

Mon sac de sport glisse sur le sol et je l'attrape pour un câlin de champion. Il sent l'amande douce et l'innocence.

- Elle fait dodo. Chut ! Dit-il en mettant son petit index sur sa bouche.
- OK, chut alors !

J'embrasse son front et le pose sur le sol. J'en profite pour virer mes baskets. Ma mère est au téléphone et me fait signe qu'il y a du café et de quoi se faire à manger. Cool. Quand elle raccroche, elle m'étudie sous toutes les coutures.

- Je n'aime pas tes activités. Pas de bobos à déplorer, c'est déjà ça.
- Je suis un grand garçon, maman.
- Tu resteras le bébé que j'ai élevé. Fais-toi une raison.

J'avale une gorgée de café et attaque mes œufs. J'ai la dalle.

- J'ai eu Julia au téléphone. Un séminaire de dernière minute. Tu te surpasse.
- J'ai mis quelqu'un pour sa protection. J'ai des yeux partout.

Son regard doux se pose sur moi, Caleb est retourné à ses crayons. C'est un gamin calme. Il me fait rire quand il pose sa tête dans sa main pour réfléchir, la langue tirée.

- Elle dort encore. Comment elle va ?

Je hausse les épaules en continuant de mâcher.

- Elle a fait des cauchemars, le temps de digérer ce qu'il s'est passé. Ça va aller.
- Et tu sais qu'elle a fait des cauchemars parce que ?

Je m'arrête de mâcher, et détourne le regard pour avaler mon café.

- Eli. C'est une personne. Pas un jouet. Tu vas lui faire plus de mal que de bien.
- Ils la cherchent. Tu veux que je la laisse se démerder toute seule ?
- Ton langage ! Je n'ai pas dit ça. Mais elle sait se défendre, à ce que j'ai compris.
- Une vraie championne.

Je lui dirai pas. Je veux pas qu'elle prenne la confiance et qu'elle me casse la gueule quand on se prendra la tête. Ça arrivera et je m'en réjouis d'avance.

- Ton frère sort demain. Tu pourras aller le chercher ? C'est moi qui gère la paperasse.
- Ouais. Comment il va ?
- Il a repris des couleurs. Et son poignet le fait souffrir. Il n'aura pas de séquelles, c'est déjà ça.
- Sacrée semaine.

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant