Chapitre 32

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Yuna

Il n'est toujours pas rentré. D'habitude, il mange ici et il repart tard dans la soirée. Aucun bruit ne résonne dans l'appartement. À part ma propre respiration. Je n'ai plus de portable, mais j'ai toujours mon cerveau. Et il est en train de hurler que c'est une très mauvaise idée.

- Tu es une très vilaine fille.

- Je sais. Quitte à être punie, autant que ça soit bénéfique pour ma compréhension.

May est en visio avec moi, sur mon ordinateur. Elle fume et crache sa fumée de manière tellement sexy. Je pourrais en être amoureuse.

- S'il rentre à l'improviste, ne coupe pas le micro. Je veux tout entendre.

- Si j'étais un psychopathe, où est-ce que je cacherai les preuves ? Dis-je à voix haute.

- Y en aurait pas avec toi. Pense comme lui. Genre "je suis un mec, avec une grosse paire de couilles. Même pas peur !"

Elle prend une voix grave à la Stallone, elle arrive à me faire rire malgré un stress certain.

- Et si je tombe sur des cadavres de petits chatons ? Qu'est-ce que je fais ?
- Tu te barres !
- Ok. Je vais m'y mettre, mais avant, une dose de courage !

Vu ce qu'il boit, je suis sûre que ses réserves d'alcool sont pleines. J'ouvre une bouteille déjà entamée et je bois directement au goulot. Le liquide est ambré.

- Bordel, tu bois comme un vrai bonhomme !

Je manque m'étrangler tellement c'est fort et parce qu'elle me fait rire aussi.

- C'est dégueu ! Beurk !

Elle éclate de rire à son tour. Tu parles d'une équipe de choc !

- Je commence par l'entrée.

Mon ordinateur prend place sur la table basse. May a une vue plongeante sur ce que je fais.

- T'as un de ces boule, ma belle ! Tu m'étonnes qu'il te lâche pas !
- Il est canon mon cul, hein ?
- Une bonne pêche bien mûre.

Le placard de l'entrée est ma première cible. Les portes s'ouvrent et son odeur emplie mes narines. J'en ai le ventre tout mou. C'est peut-être le truc immonde que j'ai bu juste avant. Je n'ai pas le droit de le désirer, je me l'interdis.

- Attends, mets des gants ! On sait jamais !
- Bien vu.

Je retourne à la cuisine et m'empare des gants qui servent à la vaisselle. Ce n'est pas pratique, mais au moins, je ne foutrais pas mes empreintes partout. Je ne sais même pas ce que je cherche en vrai.

- J'ai besoin d'une chaise. Je n'arrive pas à atteindre les boîtes du haut.
- C'est quoi dans la penderie ?
- Des fringues.
- Fais-lui les poches, si y a des billets, tu les gardes.
- Tu es sensée me soutenir, là !
- Oui, je suis là. Mais avec quelques billets, c'est encore mieux.

Tu parles d'une copine ! Pourtant, elle a dit oui sans aucune hésitation quand je lui ai dit que j'allais fouiller cet appartement. Je lui pardonne un peu. Et puis vu ce que je subis, je peux bien avoir une compensation pour dommage psychologique. Voilà. On va se dire ça. Je descends une boîte, ça pèse lourd. Je ne serais pas étonné d'y trouver un cadavre. Je la place à côté du pc pour qu'elle n'en perde pas une miette.

- Pourvu que ce ne soit pas des chatons ! Prie May.
- T'es prête ?
- Tu as le don pour faire monter la sauce, toi.

Je ricane et je l'ouvre. Des coupes, des médailles. Je ne sais pas si mon soulagement est plus fort que ma déception. Au bout de la dernière boîte, je suis déçue. Et admirative. Sportif accompli le gaillard. May a déconnecté au bout de la troisième boîte. Il faut vraiment que j'arrête de fantasmer sur les photos et que je me concentre sur l'essentiel. J'ai tout remis à sa place.

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant