Chapitre 19

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Yuna

Un week-end avant Noël. Je suis dans l'euphorie totale. Les décorations sont partout, le cœur est plus léger. Et May est là ! Le numérique, c'est bien, la chaleur de ses bras, c'est mieux. Elle m'avait manqué bien plus que je ne l'aurais cru. Les retrouvailles pleines de larmes, d'embrassades et de câlins. J'ai retrouvé mon cœur. Il en avait bien besoin le pauvre. Il perd pied, ma santé mentale avec. 

Je crois que je pleurais déjà avant qu'elle soit dans mes bras. Alors quand elle était dedans, les chutes du Niagara faisaient pâle figure face au torrent de pleurs et de morve conjointe. Et des mouchoirs. Des tonnes de mouchoirs. Nous sommes au maximum de notre beauté et au top du glamour avec nos yeux rougis et nos sourires niais. 

Remarque, je suis raccord avec mon long manteau rouge, un vrai camaïeu écarlate. 

- Si avec ça, on n'est pas les plus sexy de la planète avec nos tronches bouffies ! Lance May entre deux embrassades.
- C'est bon de te voir ! Dis maman en la serrant dans ses bras. Allez, en voiture les filles.

C'est bras dessus bras dessous que nous sortons de l'aéroport de Norfolk. J'ai l'impression d'être complète. Sa présence à elle seule me donne une force insoupçonnée. Comme une pièce manquante d'un puzzle, un deuxième poumon en soit.
J'ai hâte de la présenter à Dee, je suis certaine qu'elles vont bien s'entendre. Mais pour le moment, je la garde pour moi. J'ai tellement de choses à lui dire et elle aussi. On va y passer des heures et des nuits.

- Mais elle est géniale cette maison ! Regarde-moi cette cuisine !

May pense que le cœur de la maison est la cuisine. Plus il y a de l'espace, et à manger, plus elle est vivante. Et ce n'est pas les pancakes de ma mère qui vont la contredire. Je noie ma pile sous le sirop d'érable, laissant les voix de mes femmes préférées s'élever dans les airs. Les décorations de Noël sont prêtes depuis des jours. Le sapin trône fièrement au salon, illuminé par ses guirlandes et embelli par les boules. Le feu dans la cheminée, l'odeur du café, mes chaussettes en laine épaisse. C'est Noël avant l'heure. Et May le passe avec moi.

- Elle est vraiment sympa cette ville. J'aurais dû insister auprès de mes parents pour venir y vivre.

Soupire May en regardant la rue éclairée par ses décorations

- Ouais, ils auraient apprécié de rester six mois ici pour devoir repartir dans le Massachusetts. Dis-je en souriant. 

Mais oui, ça aurait été vraiment super de l'avoir comme voisine. 
Allongées sur mon lit, les jambes entremêlées un paquet de chips entre nous, l'épisode de The Bold Type sur mon ordinateur, on refait le monde. 

- Bon, McKinley, qu'est-ce que tu me caches ? Ses yeux en amandes foncés me donnent un ordre muet. Je finis par soupirer, elle me connaît trop bien. 

- Tu te rappelles d'Elijah ? Dis-je, de manière innocente. 

- Le bipolaire canon qui te fait péter un boulon ? Non, pas du tout. 

- Non, celui qui torture des chatons dans les aires de jeux pour gosses ! 

- Ah lui ! Ressers les cuisses, ta culotte est trempée ! 

Cette fille est infernale, ce n'est pas simple d'avoir une amie comme elle. Techniquement, ce n'est pas entièrement faux. Son éclat de rire est contagieux, saleté ! 

- Je ne t'ai pas dit qu'il avait dormi ici ? Là où ton adorable fessier est actuellement posé.

- Bordel, tu m'intéresses ! Elle saute pour se relever, manquant d'écraser les chips et de tomber. Y a eu des trucs cochons ? Je veux tout savoir !

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant