Chapitre 10

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Yuna

J'ai couché avec lui.

J'ai dû relire cette phrase jusqu'à ce que j'en comprenne le sens. J'en reviens pas. Et son mail n'est pas terminé. Quelles révélations vas tu encore me livrer, May?

Je te vois venir. "T'es complètement folle ! Tu ne le connais pas !"

C'est exactement pour ça que je l'ai choisi, lui. Je lui ai dit que j'étais vierge, comme je lui ai dit que j'aimerai connaître le sexe sans pour autant y perdre mon cœur. Et devines quoi ? C'était génial.

Bon, la première fois, j'avais peur je te le cache pas. Ce n'est pas rien. Oui, je me suis protégée, rassures toi. C'est marrant, j'imagine ta tête quand j'écris ces lignes. Le yeux écarquillés de surprise et surtout d'incompréhension. Je te promets que j'ai fait attention. Et surtout, j'y ai énormément réfléchis. Je ne veux pas tomber amoureuse tout de suite. Je veux juste m'amuser.

C'est là que Simon entre en scène. Ce n'est pas son vrai prénom, je préfère garder ce secret. Il est tellement mignon. Tout ce que tu dois savoir, c'est qu'il a les yeux noisettes et les cheveux marrons foncés.

Tu me connais, je lui ai dit ce que je voulais. Inutile de préciser qu'il a halluciné. Mais, c'est un mec. J'ai flatté son ego, tu penses bien.

Je dois filer, je t'écris plus tard.

Je t'aime pour toujours.
Ta peste dévouée. May.

J'en reviens pas. Elle l'a fait. Et elle me laisse en plan, sans me donner de détails. Je ne suis pas du genre à m'exciter comme une dingue, mais j'avoue que ma curiosité a été piqué. Et bien comme il faut. Je ne pourrais pas coucher sans sentiments, déjà avec, je n'ai pas pu franchir le cap, mais sans.... Je me mordille la lèvre. J'ai tellement envie de savoir la suite de son histoire, je crois que je ne vais pas pouvoir dormir.

Je repasse dans mon esprit ma propre soirée. Je n'en suis pas fière. Pour des clefs de voiture. C'est n'importe quoi. Il me tape sur les nerfs cet abruti, arrogant qui ne pense qu'avec son service trois pièces. Je vais arrêter d'y penser, je vais devenir folle.

Et pourtant, j'ai l'intime conviction que ce n'est pas fini. Les aléas de la vie sont hilarants. Je vous ai dit qu'il me tapais sur les nerfs ?

Je relis le mail de ma meilleure amie. Je ne juge pas ses choix. Je ne le ferai jamais. Elle sait tout de moi, comme je sais tout d'elle. Sur le plan intime, elle connaît mon problème. Elle pense que je n'ai jamais rien éprouvé de charnel parce que le bouton "sexe" n'a pas été activé par la bonne personne. Selon elle, je suis comme la légende du roi Arthur et son épée Excalibur. Mes parents pensent que je suis passé à l'acte avec Drew, d'où mon cœur brisé. Je n'ai jamais confirmé, ni démenti. Suki sait que non, mais elle ne sait pas que je suis frigide. Ça me regarde, de toute façon. Et si vous vous posez la question, j'ai aussi embrassé des filles. Et il n'y a pas eu d'étincelles non plus. J'aurai voulu que ça soit le cas, au moins j'aurai su que tout allait bien.

May pense que chaque clef a sa serrure. Et que je ne déroge pas à la règle.

Le temps que ma clef arrive ma serrure sera tellement grippée qu'elle ne sera d'aucune utilité.
Je n'ai pas besoin que l'on m'active, je n'ai pas besoin de ça. J'ai besoin de m'accomplir. Et pas avec un jeu de clefs. Et certainement pas avec des clefs de voiture.

- Si je cours un kilomètre de plus, je vais finir sur un fauteuil rouleau ! Dis-je complètement essoufflée, alors que mon père sautille autour de moi, frais et dispo pour se refaire une dizaine de kilomètres.

Quand mon père a du temps, il me consacre une journée de sport intensive. Seigneur, je ne sens plus mes mollets. Mais pour rien au monde, je n'aurai décliné cette journée.

À l'orée de ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant