36. MATTEO

4.3K 421 43
                                    

Je regardai partir Caz. J'étais furieux. Furieux qu'il me plante là comme ça. Furieux qu'il me sorte que ce que nous avions fait la nuit dernière n'avait pas d'importance et n'était pas grave. Et surtout blessé qu'il me sorte que notre amitié ne comptait pas et que je pouvais l'oublier.

J'étais donc le seul à penser que notre amitié était importante ?

Je baissai la tête et regardai mon assiette encore pleine. Je la repoussai. Je me sentais encore plus mal qu'à mon réveil. Non seulement j'avais trompé mon petit ami, mais en plus, je venais de gâcher une amitié pour une simple histoire de cul.

Je serrai les poings et me levai. Ça ne pouvait pas se finir comme ça. Caz ne pouvait pas réellement penser à mettre fin à notre amitié parce qu'on avait couché ensemble.

Montant à la chambre, je tentai d'ouvrir la porte, mais celle-ci était verrouillée, et je n'avais pas les clés. Caz était sûrement à l'intérieur. Je toquai et attendis qu'il m'ouvre. Pas de réponse. Je toquai de nouveau.

— Caz. Ouvre-moi. Il faut qu'on parle.

Restant sans réponse, je m'apprêtai à frapper de nouveau à la porte lorsque celle-ci s'ouvrit.

Caz se tenait dans l'encadrement, son sac sur l'épaule. Il me toisa avec froideur, et je me reculai.

— Caz...

Mais il ne me laissa pas aller plus loin.

— Toi et moi on n'a plus rien à se dire.

Il sortit et me lança les clés de la chambre, que je rattrapai instinctivement.

— T'auras qu'à les rendre à l'accueil.

Et il continua son chemin, me tournant une nouvelle fois le dos.

Je rentrai dans la chambre et claquai la porte derrière moi, de nouveau furieux. En fait il s'était vraiment foutu de moi. J'étais maintenant sûr que notre amitié n'avait jamais compté pour lui. Finalement je n'étais qu'une conquête de plus et rien d'autre. Maintenant qu'il avait eu ce qu'il voulait, il n'en avait plus rien à faire.

Et moi j'avais été assez con pour tomber dans le panneau.

Pourtant je le savais. Dès le début je m'étais méfié de lui. J'avais tout de suite vu qu'il n'était qu'un gigolo, qu'un queutard prêt à sauter sur tout ce qui bougeait. J'aurais dû rester sur mes gardes. C'était bien fait pour moi.

Récupérant mes affaires, je les fourrai dans mon sac.

Maintenant que le week-end était terminé, j'allais rentrer chez moi et reprendre ma vie. Je parlerai à Laurent, je lui expliquerai qu'il avait eu raison sur toute la ligne vis-à-vis de Caz et je lui demanderai pardon. J'étais sûr que les choses pourraient s'arranger.

Je fis un dernier tour de la pièce pour être sûr de ne rien avoir oublié puis descendis. J'étais encore furieux, mais quand je vis les autres dans le hall, je m'arrêtai pour souffler et prendre le temps de respirer. Je devais faire comme si de rien n'était.

Je rejoignis le groupe, soulagé que Caz ne se trouve pas avec eux. Le cherchant du regard, je le vis dehors en train de fumer une cigarette. La navette ne tarda pas à arriver et nous montâmes dedans. Caz s'installa à l'écart, se justifiant auprès des autres en disant qu'il était fatigué. Quant à Jérémy, il nous regarda tour à tour sans rien dire.

Ce ne fut qu'une fois dans l'avion, alors que Caz et moi étions installés aussi loin de l'autre que possible, que Jérémy – qui s'était assis à côté de moi – me posa la question que je redoutais.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant