41. CAZ

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Je m'étirai et me levai avant de passer un bas de pantalon ainsi qu'un t-shirt. Je regardai ensuite l'heure. Bientôt 13h. J'avais fait le tour du cadran.

À peine sortit de la chambre, l'odeur d'un bon repas en train de cuire me fit saliver et je me dirigeai vers la cuisine. Comme je m'y attendais, j'y retrouvais Charles en train de cuisiner.

— Ah enfin levé ! s'exclama-t-il en me voyant faire un café. Tu as meilleure mine mon garçon.

Ça s'était le moins que l'on puisse dire. Ces derniers mois j'avais brûlé la chandelle par les deux bouts, sortant pratiquement tous les soirs, couchant avec des hommes et des femmes différents toutes les nuits. À tel point que Jérémy, Gwenn, Grégoire et Thomas s'étaient ligués contre moi pour me faire subir une intervention.

Ceci dit, ils n'avaient pas entièrement tort. Entre la fleuristerie, l'organisation de la déco du mariage et d'autres évènements dans la décoration florale, j'étais épuisé. J'avais besoin de changer d'air et de me reposer.

En conséquence, j'avais organisé les plannings pour prendre une semaine de congés, puis j'avais appelé Charles qui était toujours prêt à m'accueillir.

Deux jours plus tôt, j'avais donc donné les dernières consignes à Thomas concernant la boutique. J'avais ensuite rassuré Gwenn quant au fait que tout était prêt pour leur mariage qui avait lieux dans deux semaines ; et que je serai de retour à temps pour tout gérer, y compris son dernier coup de stress. J'avais ensuite coupé mon portable, pris ma moto et avais roulé jusqu'à Doëlan, un petit port de pêche dans le Finistère. J'étais arrivé chez Charles en pleine nuit, où il m'avait accueilli à bras ouverts. J'avais ensuite passé les deux jours suivants à rattraper mon retard de sommeil sans qu'il me pose la moindre question ; Charles prenant soin de moi avec son attention et sa discrétion habituelle.

En tant qu'ancien propriétaire de la fleuristerie, nous nous connaissions depuis bientôt 15 ans. Lorsque je l'avais rencontré, j'en avais à peine 21, et il m'avait tout appris du métier. Pendant des années, il avait été mon mentor et confident ; une sorte de père de substitution. Cinq ans plus tôt, il était finalement parti à la retraite et m'avait céder la boutique ; ce qui ne nous avait pas empêché de garder contact. Je venais régulièrement le voir, mais habituellement je m'y prenais à l'avance et ne débarquais pas au dernier moment.

Âgé de pratiquement 70 ans, Charles était encore plein d'énergie et possédait une santé de fer. Avec le temps ses cheveux poivre et sel étaient devenus entièrement blanc, ce qui faisait ressortir ses yeux verts. Il avait beau être encore bel homme, depuis que sa femme était morte, des années plus tôt, il ne s'était jamais remarié. Je lui en avais un jour demandé la raison, et il m'avait répondu en toute pudeur qu'il ne pouvait pas retomber amoureux de qui que ce soit. Je n'avais depuis jamais reposer la question.

Je bus mon café à petite lampé, tandis que Charles continuait de cuisiner.

— Qu'est-ce que tu prépares de bon ?

— Un rôti de porc avec des pommes de terre sautées.

J'en avais déjà l'eau à la bouche. Posant ma tasse vide dans l'évier, je récupérai assiettes et couverts pour mettre la table dans le jardin, et profiter du soleil de ce début d'été.

— Je te laisse choisir une bouteille de rouge dans la cave, me cria Charles depuis la cuisine.

Je m'exécutai et revins dehors avec un pinot noir que j'ouvris et laissai aérer. Charles ne tarda pas à me rejoindre avec une salade de tomate en guise d'entrée. Nous nous installâmes à table et commençâmes à manger.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant