Je baillai à m'en décrocher la mâchoire alors que j'entrai dans la fleuristerie. J'étais encore sorti hier soir et n'étais rentré qu'au petit matin, après une soirée bien arrosée. J'avais peu dormi, comme toutes les nuits depuis pratiquement trois semaines. Mais nous étions dimanche et je ne travaillai pas demain. J'en profiterai pour dormir tout mon saoul.
Après avoir installé les bacs et ouvert la boutique, je pris le temps de m'allumer une cigarette tout en buvant le thermos de café que je m'étais fait avant de partir de chez moi. Il était encore tôt, et l'air frais de cette fin Avril, couplé à la nicotine et la caféine me firent du bien.
Mon portable vibra et je regardai le message que Grégoire venait de m'envoyer. La semaine dernière j'avais pris mon week-end pour aller le voir à Londres. Nous avions marché à travers toute la ville, Grégoire me faisant découvrir les derniers coins branchés qu'il fallait connaître et où, surtout, il fallait pouvoir entrer et être vu. Nous avions fait la fête, nous avions bu et couché ensemble. Pendant trois jours il avait été exactement ce dont j'avais besoin, y compris lorsque j'avais craqué.
Je m'étais juré de ne rien dire à personne, de faire comme si ça n'avait jamais existé ; mais le dimanche matin, alors que nous brunchions à la terrasse d'un restaurant branché, Grégoire m'avait demandé pourquoi j'étais venu le voir. Et avant que je ne m'en rende compte, je lui avais déballé tout ce qu'il s'était passé avec Mattéo.
Il m'avait écouté, sans me juger. Puis quand j'en avais eu terminé, plutôt que de me donner des conseils, ou de me dire ce qu'il en pensait, il m'avait demandé ce que je voulais faire.
Mais le problème était là justement. Je ne savais pas ce que j'avais envie de faire. Comme d'habitude j'avais suivi mon envie du moment, sans me poser de question, sans penser aux conséquences. J'en avais eu envie, Mattéo aussi. Et nous avions couché ensemble. Au final, il n'avait pas été capable d'assumer ce qu'il s'était passé, et je n'avais pas été capable de le comprendre ou de l'accepter. Maintenant c'était trop tard. Nous avions pris notre décision, et il fallait s'y tenir. Et c'est ce que j'avais fait.
J'écrasai ma cigarette avant de mettre le mégot dans mon cendrier de poche et de rentrer dans la boutique.
Grégoire n'avait rien eu à redire face à mes réponses. Il s'était contenté de me dire qu'il était là si j'en avais besoin et que je pouvais l'appeler n'importe quand. J'étais rentré en France à la fin du week-end et j'avais repris mon quotidien, multipliant les soirées et histoires sans lendemain.
La matinée fut plutôt calme, et plus d'une fois je manquai de m'endormir entre deux clients. L'arrivée de Nadia fut un réel bonheur. Il ne me restait plus qu'une heure de travail avant de terminer et de pouvoir rentrer chez moi dormir un peu. Je pouvais tenir.
— Vous savez, si vous voulez y aller, vous pouvez, finit par me dire Nadia alors que je luttai pour ne pas piquer du nez.
Je lui souris et secouai la tête. Elle ajouta :
— Vous avez l'air crevé, et je peux tenir le magasin seule.
— C'est gentil, mais si je m'en vais, j'aurais l'air de profiter de mon statut de patron. Et si Thomas l'apprenait, il m'accuserait de t'exploiter.
Nadia rougit légèrement à la mention de Thomas, mais elle éclata de rire.
— C'est pas faux. Mais il suffirait de ne rien lui dire. Et puis franchement, sans vouloir vous manquez de respect, vous n'avez pas l'air bon à grand-chose aujourd'hui.
Je passai ma main dans mes cheveux et soupirai.
— D'accord. Si même toi tu te mets à me faire des remarques, c'est que je dois vraiment avoir une tête à faire peur.
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Pour un bouquet de fleurs
RomanceLe jour où Jérémy décide de se marier, c'est tout naturellement qu'il demande à Matteo, son cousin et Caz, son meilleur ami d'être ses témoins. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, mais tous les opposent. Pour le bonheur de Jérémy, ils von...