46. MATTEO

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Malgré l'insulte sa voix résonna avec tendresse et Caz me sourit.

— C'est moi qui avais prévu de m'excuser, continua-t-il. J'aurais dû comprendre que tu étais en couple, que c'était difficile pour toi à gérer, et que tu ne pouvais pas prendre ça à la légère.

Il serra un peu plus mes mains dans les siennes, son regard se détachant du mien pour se poser sur elles.

— Si je ne t'ai pas contacté, ce n'est pas parce que je ne voulais plus entendre parler de toi, mais parce que je n'avais pas envie de foutre le bordel dans ton couple.

Un éclat de rire ironique passa mes lèvres avant que je ne le retienne et Caz releva les yeux. Je secouai la tête, tout en détachant nos mains les unes des autres. Je n'allais pas m'enfuir.

— Même sans toi, ça a été un sacré bordel entre Laurent et moi.

Je lui racontai toute l'histoire de ces derniers mois. La façon dont j'avais décidé de me taire et pourquoi. Le fait que j'avais tout fait pour que ça marche entre Laurent et moi – en dépit de toutes nos disputes et dissensions – parce que je ne voulais pas avoir foutu en l'air mon amitié avec lui pour rien.

Quand je me tus, Caz se passa une main dans les cheveux.

— Je ne savais pas. Tu aurais dû m'appeler.

— Pourquoi faire ? J'étais persuadé que tu ne voulais plus entendre parler de moi. Sans compter que le peu de mails que nous échangions étaient d'une froideur qui ne me poussait pas à penser autre chose.

Je le vis se mordre la lèvre inférieure, gêné de ma remarque.

— Je suis désolé, s'excusa-t-il. J'ai été aussi con que toi sur ce coup-là. Mais bon, on ne peut pas dire que j'étais au top de ma forme non plus.

Je croisai les bras sur ma poitrine, lui lançant un regard plein de reproche.

— Ça c'est le moins que l'on puisse dire. Et le pire c'est que je ne l'ai appris qu'aujourd'hui. Gwenn et Jérémy se sont bien gardés de m'en parler.

— En même temps, on ne se parlait plus.

— Gwenn pense que c'est à cause de moi, lâchai-je, voulant en avoir le cœur net.

Il secoua la tête.

— Non... Enfin seulement en partie. C'est surtout moi qui n'ai pas su gérer.

Et il me raconta les derniers mois qu'il avait traversé, avec ses sorties nocturnes, passant rapidement sur le fait qu'il avait enchainé les coups d'un soir. Le travail à la fleuristerie, pour lequel il avait laissé plus de responsabilités à Thomas afin d'accepter des contrats de décorations floral dans l'évènementiel.

Ce dernier point me surprit et je lui demandai comment il en était arrivé là.

— C'est à cause de Grégoire. À force de me trainer dans ses soirées mondaines et de me présenter comme designer floral pour plaisanter, les gens ont fini par me contacter pour me faire des propositions. J'avais besoin de me changer les idées, et j'ai accepté.

— Et ça te plait au final ? demandai-je.

Il acquiesça.

— C'est sympa de temps en temps, dit-il d'un ton qui se voulait détaché.

— Pourtant tu es doué. Il n'y a qu'à voir ton travail à ce mariage.

Caz haussa les épaules.

— C'est le mariage de Gwenn et Jérémy, ce n'est pas pareil.

Je ris. Cette façon de prendre les choses à la légère, et de faire comme si les choses qu'il faisait n'avaient pas d'importance m'avaient manqué.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant