29. CAZ

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— Tu es sûr que c'est le bon trajet ?

Je jetai un coup d'œil à Gwenn qui, les yeux rivés sur son portable, désespérait depuis 5 minutes maintenant parce qu'elle n'avait plus de réseau.

— T'es sérieuse ? demandai-je en regardant de nouveau la route.

— Quoi ? répondit-elle en abandonnant enfin son téléphone. Je te demande seulement si tu connais la route.

Je levai les yeux au ciel.

— Gwenn s'il te plait, reconnecte son cerveau. J'ai passé toutes mes vacances d'enfant et d'adolescent dans ce domaine. Évidemment que je connais la route.

— Oh ça va ne te vexe pas. Je voulais juste en être sûre. Le GPS est en rade et je te rappelle que l'on a rendez-vous dans 30 minutes.

— Oui et nous y serons dans vingt.

Gwenn m'avait annoncé deux semaines plus tôt qu'elle avait rendez-vous avec Eloïse, la gérante du domaine pour voir les lieux et organiser la réception.

Nous étions en février, et le mariage était dans 6 mois. Je trouvais ça horriblement tôt pour commencer à déjà organiser la réception ; mais comme Gwenn me l'avait aimablement fait remarquer, non seulement que je n'y connaissais rien en organisation d'évènement, mais en plus que j'étais un homme. Sur cette dernière remarque particulièrement sexiste, Gwenn m'avait réquisitionné pour l'accompagner à son rendez-vous, sous prétexte que Jérémy, étant professeur, ne pouvait pas poser de jour de congé.

J'avais donc confié la boutique à Thomas et Nadia pour la journée, et nous étions partis avec Gwenn pour le domaine.

Je quittai la route principale pour tourner à droite.

— On y est ? demanda Gwenn.

— Oui, le domaine est au bout de la route.

Nous nous trouvions en plein milieu des bois, qui en plein mois de février avait des allures de forêt hantées. Je connaissais les lieux comme ma poche, et je m'étais plus d'une fois perdu dans ces bois lorsque j'étais en enfant.

Nous arrivâmes enfin à l'entrée du domaine, devant une large grille qui était ouverte. Je ralentis, roulant à une allure plus adaptée aux lieux, et m'arrêtai sur le parking.

— Bon sang c'est magnifique, s'exclama Gwenn en sortant de la voiture.

— Et attend de voir ce que ça donne en été.

Le domaine s'étendait sur 11 hectares. À flanc de coteau, il longeait la Loire et était entouré de forêt, offrant ainsi un cadre paisible et magnifique. Le château, quant à lui, avait été construit en tuffeau au XVIIème siècle par l'un de mes ancêtres et avait depuis été régulièrement entretenu et rénové par ma famille.

Alors que nous nous dirigions vers l'entrée, Eloïse sortit pour venir à notre rencontre.

— Mademoiselle Renis, bonjour.

Elles se serrèrent toutes les deux la main et Eloïse se tourna vers moi. Elle était la gérante du domaine depuis maintenant trois ans, et nous n'avions jamais eu l'occasion de nous rencontrer. Lorsque je me présentai, je vis son sourire se faire encore plus obséquieux.

— Oui bien sûr, votre mère m'a dit que mademoiselle Renis et son fiancé étaient de vos amis.

Si je me doutais déjà que Gwenn et Jérémy seraient traités comme des clients de qualités, j'en avais désormais la preuve. Il n'y avait qu'à voir la façon dont elle se comportait, maintenant qu'elle savait qui j'étais, pour savoir que Gwenn obtiendrait aujourd'hui tout ce qu'elle voulait.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant