1. CAZ

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— Et voilà votre bouquet madame, dis-je en tendant les fleurs soigneusement emballées dans le papier.

— Je vous remercie monsieur, répondit la femme d'une cinquantaine d'années.

Je lui fis un grand sourire et la raccompagnais jusqu'à la porte.

— Bonne soirée, madame, ajoutai-je.

Une fois la dernière cliente sortie, je tournais le panneau de la boutique de « ouvert » à « fermé » et verrouillais la porte. Je lâchais ensuite un profond soupir et me passais une main dans les cheveux pour les ébouriffer. La journée avait été longue et j'avais mal aux zygomatiques d'avoir trop sourit.

— Thomas, tu as fini de ranger ?

L'homme sortit alors de l'arrière boutique.

— Oui, tout est rangé, pas la peine d'aboyer.

J'haussais un sourcil et lui lançais un regard éloquent qui n'eut pas l'effet escompté puisqu'il se contenta d'ôter son tablier.

— Tu as encore besoin de moi ? me demanda-t-il du même ton serein.

Je secouais la tête.

— Non c'est bon, tu peux y aller. Et pense à fermer à clé derrière toi.

— Merci. Pas de soucis. Bonne soirée patron.

Il disparut ensuite dans l'arrière-boutique et quelques minutes plus tard j'entendis la porte se fermer et la clé tourner dans la serrure. Je soupirais une nouvelle fois et me dirigeais vers la caisse afin de faire les comptes de la journée.

Thomas était un gentil garçon âgé de 21 ans, et que je connaissais maintenant depuis six ans. Je l'avais rencontré la première fois lorsqu'il avait à peine 15 ans et qu'il cherchait un stage chez un fleuriste. Il se débrouillait bien, et lorsqu'il était revenu me demander un apprentissage pour son CAP de fleuriste, j'avais accepté de le prendre. Je me souvenais qu'au début il sursautait à la moindre de mes paroles. Avec le temps, il était devenu complètement hermétique à ce qu'il appelait ma « double personnalité », et ne cillait même plus lorsque je lui parlais, même pour l'engueuler. Enfin, il fallait bien quelqu'un comme lui pour me supporter paraissait-il.

Une fois la comptabilité terminée, je finis de ranger quelques petites choses, puis allais me changer à mon tour. Je vérifiais une dernière fois que la porte arrière était bien fermée, puis sortais par l'avant, fermant la grille du magasin derrière moi.

Une nouvelle journée s'était écoulée et je pouvais enfin me reposer. Prenant la direction de mon appartement, je m'arrêtais en route au bar où j'avais mes habitudes.

— Eh salut Caz, me salua le barman alors que je m'asseyais au comptoir.

— Salut Éric.

Avant que j'ai eu le temps de passer ma commande, une pinte de bière fut posée devant moi. Je levais les yeux vers Éric qui me souriait, et lui offrit un petit signe de la tête pour le remercier. Il me le rendit, puis alla à l'autre bout du comptoir pour servir d'autres clients.

J'étais un habitué des lieux, au point que je n'avais plus besoin de passer commande et qu'un seul regard à ma trogne suffisait au barman pour savoir que je n'étais pas d'humeur. Ça et le fait que je débarque un lundi également. Habituellement je ne venais ici que les weekends, ou lorsque la journée avait été pourrie. Ce soir par exemple, c'était surtout parce que j'avais le bourdon, pas envie de parler, et surtout une furieuse envie de me changer les idées par n'importe quel moyen.

Le dit moyen ne se fit d'ailleurs pas attendre, et prit l'apparence d'une plantureuse brune à l'allure aguicheuse. Elle vint se glisser à mes côtés, mettant en valeur un joli décolleté alors qu'elle se penchait vers le bar pour attirer l'attention d'Éric. Ce dernier ne tarda pas à arriver et prit sa commande. Alors qu'elle attendait son verre, la brune se tourna vers moi et me sourit.

— Salut, me dit-elle l'air de rien mais le sourire toujours aux lèvres.

Je buvais une gorgée de bière et reposais mon verre avant de répondre un bref bonjour. Ne se laissant pas décourager par mon manque de loquacité, la brune continua.

— Tu viens souvent ici ?

J'acquiesçais.

— Ouais, mais généralement pas la semaine.

— Oh c'est pour ça qu'on ne s'est jamais croisé alors.

J'haussais les épaules. Ce n'était que du baratin pour entamer la conversation et je jouais le jeu. Éric arriva avec la consommation de la brune et au lieu de partir, cette dernière resta.

Nous continuâmes à parler et de fil en aiguille j'appris qu'elle s'appelait Nadia, qu'elle avait 26 ans et qu'elle était célibataire. Deux verres de plus et trente minutes de conversation plus tard, et nous nous retrouvions dans la petite rue à l'arrière du bar, moi le dos collé au mur et la charmante Nadia à genoux en train de me déboutonner ma ceinture. Glissant la main dans la poche de mon jean, j'en sortais une capote dont elle s'empara. D'un geste expert, elle me la passa avant que ses lèvres ne viennent se refermer sur mon sexe.

Ma main dans ses cheveux, j'accompagnais le rythme qu'elle m'imposait avec dextérité. Nadia était pile poil ce dont j'avais besoin ce soir pour me changer les idées. Bientôt je sentis monter le plaisir en moi et me mordait la lèvre inférieure. En bas, Nadia gémissait elle aussi de plaisir. Appuyant ma tête contre le mur, je jouissais rapidement. Nadia se releva ensuite et vint m'embrasser, la bouche luisante de salive et de lubrifiant. Alors que je lui rendais son baiser, je sentis un regard posé sur moi. J'ouvris les yeux et vis au bout de la rue un homme qui nous observait. Lorsque nos regards se croisèrent, il tourna les talons. Il était sans doute plus gêné que je ne l'étais, mais quoi qu'il en soit, c'était le signal pour aller continuer ailleurs.

Rompant le baiser, je retirais la capote, fis un nœud au bout et la jetais dans la poubelle qui se trouvait à quelques pas, avant de refermer mon jean.

— Chez toi ou chez moi ? demandais-je en me tournant vers la brune.

Elle me sourit.

— Chez moi.

Me prenant la main, elle m'entraina dans la rue. C'était une bonne soirée qui s'annonçait en perspective. Deux ou trois heures dans les bras de la jeune femme me feraient passer un agréable moment, avant que je ne rentre chez moi.


Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant