38. MATTEO

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Je m'apprêtai à partir en pause déjeuner quand mon portable sonna. Voyant le nom de Jérémy s'afficher, je décrochai.

— Alors, que me vaut ton appel ? demandai-je après les salutations d'usage.

— Je voulais savoir si tu serais dispo pour qu'on se voit ce soir.

— Hum... eh bien normalement j'ai mon entrainement de piscine.

— Oh allez ! Gwenn est prise par un évènement ce soir et j'ai ma soirée de libre. J'ai besoin de passer rien qu'un soir sans entendre parler du mariage, sinon je vais devenir dingue.

Je me mis à rire. Depuis que Gwenn avait eu son enterrement de vie de jeune fille, elle était passée en mode « mariée folle » et ne s'occupait apparemment plus que de ça durant ses temps libres.

— Ok, ok. Je vais te tenir compagnie ce soir.

Puis, pensant à l'éventualité qu'il puisse être présent, je demandai sur un ton que j'espérais détaché :

— Et on ne sera que tous les deux du coup ?

— Ouais. J'ai appelé Caz mais il m'a dit qu'il partait ce soir pour un week-end de trois jours à Londres.

Londres ? Qu'est-ce qu'il allait faire là-bas ?

J'aurais voulu poser la question, mais je m'abstins. Lui et moi n'avions plus de contact depuis notre engueulade, hormis pour l'organisation du mariage. Nous nous cantonnions à quelques échanges de mails convenus, où toute complicité avait disparue.

Clairement notre amitié me manquait, mais j'avais pris la décision de ne pas renouer le contact. Et c'était mieux ainsi. Pour moi comme pour ma relation avec Laurent.

— D'accord. Je termine à 18h ce soir. Tu veux qu'on se retrouve quelque part ?

— Ouais, passe à la maison. J'ai quelques bières artisanales à te faire goûter et on verra ce qu'on fait après.

— Ça marche.

J'entendis une sonnerie stridente du côté de Jérémy.

— Bon faut que je te laisse, les cours vont reprendre, et j'ai la classe de seconde B en première heure.

— Oula, bon courage alors.

— Ouais m'en parle pas, je vais en avoir besoin. À ce soir.

Nous raccrochâmes alors que je souriais. La classe de seconde B était la bête noire de Jérémy, il devait chaque fois déployer son attirail de super prof pour réussir à intéresser sa classe de trente élèves pour deux heures d'histoire-géographie, un vendredi après-midi, juste après le déjeuner. On se demandait pour qui était la torture.

J'arrivai chez Jérémy aux environs de 19h. Je m'étais arrêté sur le chemin pour acheter des chips, du pâté et du saucisson. C'est qu'une soirée virile nous attendait.

— Tiens, monsieur le célibataire d'un soir, dis-je en tendant le sac de courses lorsque Jérémy m'ouvrit la porte.

— Tu sais que j'avais de quoi te nourrir ?

— Ouais, mais on n'est jamais trop prudent.

Je quittai mes chaussures et allai m'installer dans le canapé du salon. Jérémy et Gwenn vivaient dans cet appart depuis sept ans maintenant et je le connaissais comme ma poche. Jérémy ne tarda pas à me rejoindre avec de quoi grignoter ainsi que deux bières, et s'installa à côté de moi.

— Alors, c'est quoi la soirée de Gwenn cette fois ?

— Une soirée du personnel pour une entreprise.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant