44. MATTEO

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Lorsque je montai en voiture, j'étais toujours en train de rire à l'idée du prénom de Caz.

Juste après la sortie de la Mairie, il ne m'avait pas laissé le temps de parler avec lui. Nous n'avions de toute façon pas le temps. Il fallait à présent retourner au Domaine afin de se préparer pour la Cérémonie laïque. Caz, qui était plus rapide en moto que nous en voiture, avait été préposé à la logistique en plus de la décoration. Il ne nous avait donc pas attendus, et après avoir récupéré dans la voiture ses vêtements de motard, ainsi qu'un change pour Grégoire, ils étaient tous les deux partis.

Le reste des invités n'était pour leur part pas aussi pressé. L'heure du rendez-vous de la cérémonie avait été fixée pour 15h. Cela leur laissait donc le temps de faire la route, manger en chemin et rejoindre leur lieu d'habitation – au Domaine pour la plupart – afin de se préparer.

— Bon sang ! Casimir ! m'exclamai-je une nouvelle fois alors que je démarrais la voiture.

Le rire de Jérémy se mêla au mien.

— Ouais, moi aussi quand j'ai appris son prénom j'ai rigolé pendant des jours.

À côté de moi Gwenn leva les yeux au ciel.

— Bon les maternels, c'est pas bientôt fini ?

— Non mais avoue quand même que c'est drôle, se défendit Jérémy. Il porte le nom d'un personnage pour enfants.

— Oui, tout comme celui d'un Saint, d'un poète, d'un biochimiste ou d'un homme politique, et de pleins d'autres illustres inconnus.

— Espèce de rabat-joie !

Gwenn secoua la tête en signe d'ignorance de son mari et se tourna vers moi avec un large sourire.

— Je ne suis pas rabat-joie, je veux juste qu'on s'intéresse au vrai sujet. À savoir ce qu'il s'est passé entre notre ami, dont vous vous moquez si gentiment, et ton cher cousin.

Je me concentrai sur la route et gardai le silence, espérant qu'elle abandonne, mais c'était peine perdue.

— Allez, raconte-moi. Je veux tout savoir.

— Gwenn... commençai-je d'un ton raisonnable.

— Non. Il n'y a pas de Gwenn qui tienne. Vous m'avez tenue à l'écart suffisamment longtemps.

— Et pourquoi ce n'est pas Caz que tu harcèles ?

Elle bougea sur son siège pour se tourner à demi vers moi et me foudroya du regard.

— Ne joue pas à ce petit jeu avec moi Mattéo. Je ne vais rien demander à Caz, parce que au cas où mon cher et tendre ne te l'aurais pas dit, Caz a été au plus mal et a fait n'importe quoi ces derniers mois. Je ne sais pas où tu étais pendant ce temps-là, mais pas avec nous à essayer de le soutenir et de le sortir de ses travers. Et je pense que ton absence et son état sont liés. Alors dépêche-toi de cracher le morceau.

Je lançai un regard rapide à Gwenn, choqué d'entendre ce qu'elle venait de me dire. Caz avait été mal ? Personne ne m'en avait parlé. Je jetai un coup d'œil à Jérémy dans le rétroviseur et il haussa les épaules.

— Après ce qu'il s'était passé et ce que tu m'avais dit, je n'allais pas te parler de Caz. Encore moins de son comportement de merde.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je, inquiet.

Je n'arrivai pas à croire que personne ne m'ait dit que Caz n'allait pas bien, et encore moins que cela puisse avoir un rapport avec moi.

— Il a brûlé la chandelle par les deux bouts, répondit Gwenn d'une voix froide.

Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant