Pour un bouquet de fleurs

5. CAZ

Après une longue gorgée de bière je reposais mon verre.

— Avec qui alors ? demandais-je.

— Avec Gwenn bien sûr, espèce d'imbécile, éclata de rire Jérémy.

En face, son cousin se retint de lever les yeux ciel. Décidément, il avait vraiment l'air coincé. Avec son petit costume et ses cheveux roux bien peignés, il avait tout l'air du premier de la classe que je détestais. Sans compter que depuis le début, son regard bleu clair me fusillait d'un air désapprobateur pour je ne sais quelle raison.

Décidant de l'ignorer, je continuais sur ma lancée avec Jérémy.

— Alors là, je suis franchement déçu, dis-je d'un ton qui se voulait outré.

— Quoi ? Tu pensais que c'est toi qu'elle allait épouser ?

Je secouais la tête.

— Bien sûr que non. J'ai toujours su qu'elle t'épouserait d'abord et que lorsque tu mourrais d'une maladie longue et douloureuse, elle se tournerait ensuite vers moi.

Il éclata une nouvelle fois de rire.

— C'est cela oui.

— En tout cas, c'est le plan qu'on a élaboré tous les deux. Nous n'avons juste pas encore déterminé de quelle maladie tu mourrais.

— Je suis ravi d'apprendre que vous attendez ma mort avec impatience. Et donc, qu'est-ce qui te déçois tant alors ?

— Je pensais que ce serait Gwenn qui me demanderait d'être son témoin.

Jérémy prit le temps de boire une longue gorgée de bière. Lorsqu'il reposa son verre, il souriait.

— Tu veux la vérité ?

— Je t'écoute.

— Elle avait trop peur de tes idées pour son enterrement de vie de jeune fille.

— Merde ! Moi qui avais déjà prévu un streap-poker avec elle et ses copines. C'est foutu maintenant.

Nous nous sourîmes et trinquâmes une seconde fois sous le regard du cousin qui suivait notre échange en silence. À croire qu'il ne comprenait pas notre humour. Une fois que Jérémy eut reposé son verre, il nous regarda à nouveau.

— Alors vous voulez bien ?

— Hum je daigne accepter que tu te maries avec elle ouais, dis-je le plus sérieusement du monde.

Je récoltais un léger coup de poing dans l'épaule.

— Je te parle d'être mes témoins, imbécile.

— Évidemment, répondit le cousin d'un air ravi.

J'acquiesçais à mon tour. Comme si j'allais dire non, alors que c'était en partie grâce à moi qu'ils étaient ensemble aujourd'hui et qu'ils étaient devenus mes meilleurs amis depuis maintenant 10 ans.

Nous trinquâmes une nouvelles fois tous les trois à cette grande nouvelle. Et tandis que Jérémy et son cousin se lançaient dans une grande conversation j'en profitais pour ma part pour observer un peu plus le cousin. Lorsque j'étais entré dans le bar un peu plus tôt, je l'avais immédiatement repéré. Hormis son genre BCBG, c'était tout à fait mon type. C'est là que vous vous demandez « quelle personne n'est pas ton type », comme si je sautais sur tout ce qui me passait sous les yeux. Eh bien détrompez-vous, j'ai des critères de sélections, et les mecs coincés n'en font absolument pas partie. C'est pour ça que je l'avais ensuite ignoré.

Qui se serait douté que c'était le fameux cousin de Jérémy ; celui avec qui il avait fait les 400 coups lorsqu'ils étaient gamins ? J'avais beau le détailler sous toutes les coutures, je n'arrivais pas à me dire qu'il était la même personne. Peut-être que Jérémy avait un autre cousin qui s'appelait aussi Mattéo, ou bien c'était le même, et il avait eu un terrible accident qui lui avait changé sa personnalité.