Pour un bouquet de fleurs

42. MATTEO

Le jour J était enfin arrivé. Gwenn et Jérémy devaient passer devant le Maire à 10h30. Puis une fois le mariage civil terminé, nous devions tous nous retrouver au Domaine de la Trène pour la cérémonie laïque et la soirée festive.

Ayant environ deux heures et demie de route pour se rendre au domaine, nous avions organisé du co-voiturage pour les invités n'ayant pas de moyen de transport. Jérémy et Gwenn avaient, quant à eux, loué une voiture, et m'avaient demandé de jouer les chauffeurs. J'avais donc récupéré le véhicule le matin même, avant de venir les chercher pour les emmener à la Mairie.

Nous nous retrouvâmes en bas de leur immeuble. Ils étaient habillés tous les deux pour le mariage civil d'un pantalon bleu et d'une chemise blanche. Je les déchargeai des housses de costume et de robe prévues pour la cérémonie de l'après-midi, ainsi que des boîtes à chaussures. Puis nous rangeâmes le tout précautionneusement dans le coffre.

— Laurent nous rejoint à la Mairie ? demanda Gwenn alors que nous montions en voiture.

Je jetai un coup d'œil dans le rétroviseur à Jérémy qui s'était installé à l'arrière, et se mordillait la lèvre inférieure. Il n'avait rien dit à Gwenn.

— Il ne viendra pas, répondis-je.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je me passai une main dans les cheveux, les ébouriffant au passage.

— Eh bien pour faire court, disons que nous avons décidé de mettre un peu de distance entre nous.

C'était un euphémisme. Depuis ces dernières semaines, nous n'arrêtions pas de nous engueuler. Nous vivions comme un vieux couple et j'étouffais. J'avais fini par me rendre compte que si nous n'avions pas les mêmes goûts, nous n'avions pas non plus les mêmes objectifs pour notre couple. Je tenais à Laurent, c'était quelqu'un de bien, mais en définitive, je n'étais pas amoureux.

La question du mariage de Gwenn et Jérémy avait été le sujet de dispute de trop. Au vu de la situation avec Caz et de ce qu'il s'était passé, je ne trouvais pas ça opportun que Laurent soit présent au mariage, sans compter que Jérémy était au courant et qu'il ne souhaitait pas se retrouver face à Laurent dans une situation délicate.

Lorsque je lui avais dit que je ne souhaitais pas qu'il vienne, il n'avait bien sûr pas compris. Je n'avais pas pu me résoudre à lui expliquer la vérité, et nous nous étions disputés une fois encore. Une fois de trop. À la fin, nous avions pris la décision de faire une pause. Nous avions tous les deux besoin de réfléchir, de savoir ce que nous voulions vraiment.

Une semaine après cette dispute, j'étais pour ma part sûr de ne pas vouloir continuer avec Laurent.

Je me retrouvai donc pour le mariage sans « plus un », mais c'était loin de m'embêter ou d'être le plus gros de mes soucis. Pour la première fois depuis notre dispute, j'allais me retrouver devant Caz et j'appréhendais nos retrouvailles.

— Eh bien, dit Gwenn qui était assise à côté de moi. J'accepte la version courte pour le moment, mais après la Mairie nous auront assez de temps pour que tu me racontes la version longue.

— Il n'y a franchement pas grand-chose à dire.

Gwenn me fixa, un sourcil levé, et un air dubitatif clairement affiché.

— À d'autres. Ça fait des mois que vous me cacher quelque chose, que j'accepte de me faire mettre à l'écart par mon fiancé, toi et mon meilleur ami. Mais ce n'est pas parce que je ne dis rien que je n'ai pas vu votre embrouille de gamin avec Caz. Et si Laurent n'est plus dans le tableau, je suis sûre que c'est lié. Alors je te préviens, maintenant je veux tout savoir.

Au fur et à mesure de sa tirade, elle avait fini par lever son index pour me menacer avec. Je soupirai. J'avais pratiquement rompu avec Laurent, et j'avais l'intention de discuter avec Caz ce week-end, je pouvais bien raconter à Gwenn ce qu'il s'était passé.

— D'accord. Je te dirai tout sur le trajet pour aller au domaine. Mais tu dois me promettre de ne pas te mêler de la situation une fois que tu sauras.

Gwenn fronça les sourcils mais finit par lever les deux mains en l'air.

— D'accord, d'accord. Je promets de ne pas m'en mêler.

Nous arrivâmes quelques minutes plus tard à la Mairie, et je me garai sur le parking. De nombreux invités étaient déjà arrivés, et nous allâmes les saluer. Lorsque j'entendis le moteur d'une moto, je me retournai pour découvrir Caz coupant le moteur. Il retira son casque et se passa une main dans les cheveux pour se recoiffer. Je le fixai plus longtemps que je ne le voulais, et détournai les yeux lorsque nos regards se croisèrent.

— Il est venu en moto à votre mariage ? demandai-je étonné à Gwenn.

Celle-ci acquiesça.

— Oui. Il est au domaine depuis deux jours pour superviser la décoration et s'assurer que tout est en ordre. C'était plus rapide de faire le trajet en moto qu'en voiture.

— Logique, répondis-je.

Je me retournai pour lui jeter de nouveau un regard. Il avait attaché son casque à sa moto sur laquelle il y en avait un second. Il n'allait visiblement pas être seul. Mais avant que je ne puisse poser la question, Caz était déjà à notre hauteur.

— Salut, nous dit-il à tous les trois, son regard s'attardant un instant sur moi.

Il se tourna ensuite vers Jérémy et lui demanda :

— Tu me passes les clés de la voiture pour que je me change ?

Sa voix grave et légèrement rocailleuse me fit légèrement frissonner.

— C'est Mat qui les a, répondit mon cousin.

Caz se tourna alors vers moi et me tendit la main. À l'avoir là, en face de moi, je me rendis compte qu'il m'avait manqué. Mais ce n'était absolument pas le moment de m'attarder sur ce que je ressentais. Je pris donc sur moi et lui tendit ce qu'il demandait. Il récupéra les clés, nos doigts se frôlant, et partit en direction de la voiture, comme si de rien n'était.

Il revint quelques minutes plus tard, délesté de ses vêtements de motard, et du sac de voyage qu'il avait sur son dos. Il était au téléphone et raccrocha une fois à notre hauteur.

— Greg est dans le taxi. Il arrive dans moins de cinq minutes. Vous pourrez prendre ses affaires et mon sac dans la voiture tout à l'heure ?

— Aucun souci, répondit Gwenn.

Cela répondait donc à ma question de savoir si Caz serait seul ou non pour le mariage.

Quelques minutes plus tard, Grégoire descendait du taxi. Caz alla à sa rencontre et lui offrit une accolade. Je les fixais avant de surprendre Gwenn en train de me regarder.

— Quoi ? lui demandai-je.

— Oh rien, répondit-elle en souriant d'un air qui se voulait innocent. Mais tu as vraiment intérêt à tout me raconter.

Puis avant que je ne puisse lui répondre, elle tourna son attention vers les invités. Jérémy et elle les rassemblèrent et nous nous dirigeâmes vers la Mairie pour le mariage.