35. CAZ

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Je le regardai en souriant, m'amusant de le voir se décomposer. Depuis qu'il était arrivé, je le sentais tendu, et je me demandai s'il regrettait ce qu'il s'était passé cette nuit.

Pour ma part, ce n'était pas le cas.

D'accord, je ne pouvais pas dire que ça avait été la meilleure décision de ma vie. Mais ce n'était pas non plus la pire. Certes Mattéo était en couple. Il était surtout un très bon ami, et je n'avais pas envie que les choses changent entre nous.

Mais aux vus de la nuit que nous avions passées, je ne pouvais pas avoir de regret. Ce qui, encore une fois, ne semblait pas être son cas vu la tête qu'il tirait.

— Caz, soit sérieux. Il faut vraiment qu'on parle de ce qui s'est passé cette nuit.

Au fur et à mesure qu'il parlait, il se pencha en avant et baissa la voix. Je me penchai à mon tour. Nous étions à quelques centimètres l'un de l'autre. Mon regard s'attarda sur ses lèvres que j'avais embrassées la veille. Je mourrai d'envie de recommencer, mais je me retins. Au lieu de ça, je pris le même ton de conspirateur que lui et demandai en souriant :

— Tu veux vraiment parler du fait qu'on ait couché ensemble cette nuit ?

Mattéo se recula, comme s'il avait été choqué par mes paroles. Ses joues étaient rouges.

— Oui. Il faut vraiment qu'on en parle.

J'enfournai une pleine fourchette d'œufs brouillée, et pris le temps de mâcher avant de l'avaler. L'heure de la conversation avait sonné, et finalement je n'étais pas sûr du tour qu'elle allait prendre. Je tentai d'adopter une attitude légère, espérant détendre l'atmosphère que je trouvais de plus en plus pesante.

— Eh bien, pour tout te dire, je ne m'attendais pas à ce que l'on soit aussi compatible.

Mattéo rougit de plus belle avant de froncer les sourcils, et de croiser les bras devant lui.

— Bon sang Caz, soit sérieux, ce n'est pas la question.

— Alors c'est quoi la question ? demandai-je un peu vexé qu'il ne semble pas penser la même chose que moi.

— La question c'est de savoir ce que l'on va faire maintenant toi et moi.

Mattéo se posait apparemment les mêmes questions que moi sur notre amitié, et je me sentis soulagé.

— Arrête de te prendre la tête Mat. OK on a couché ensemble, mais on est amis. Il n'y a aucune raison que les choses changent.

Mattéo se passa une main dans les cheveux et baissa les yeux sur la table. Je tendis la mienne vers lui.

— Bien sûr que si les choses vont changer. Putain Caz, j'ai trompé Laurent.

Je me stoppai. Mes doigts n'étaient qu'à quelques centimètres de ses cheveux que je me m'apprêtai à caresser. Ce qui le préoccupait n'était absolument pas notre amitié. Bien au contraire. Il venait de se souvenir qu'il avait un copain, et maintenant il culpabilisait. Notre amitié était visiblement à dix milles lieux de ses préoccupations.

Je laissai retomber ma main sur la table, près de mon assiette.

— Tu regrettes ? demandai-je d'une voix blanche.

En tous cas, moi je regrettai immédiatement d'avoir posé cette question. Mattéo releva la tête et plongea ses yeux bleus dans les miens.

— On n'aurait jamais dû coucher ensemble.

Sa phrase me percuta et je me reculai dans ma chaise. Le dévisageant.

— Tu penses vraiment ce que tu dis ?

Je vis le trouble passer dans son regard. Il sembla l'espace d'une seconde perdu, mais il secoua la tête.

— Qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre Caz ?

Je haussai les épaules et répondis d'une voix froide.

— Je ne sais pas, mais autre chose pour commencer. Je ne t'ai obligé à rien Mat. C'est toi qui es venu vers moi. Je t'ai demandé si tu étais sûr et tu m'as dit que tu savais ce que tu faisais. Alors ne viens pas me dire que tu regrettes ce que tu as toi-même initié.

Il baissa de nouveau la tête, évitant mon regard, je continuai :

— Maintenant arrête de dramatiser. On était bourré, on en avait envie tous les deux et on l'a fait. Ce n'était qu'une nuit d'un soir, pas de quoi en faire toute une histoire, et pas besoin d'en parler à Laurent.

Mattéo releva les yeux et me regarda. L'espace d'une seconde, il afficha un air choqué avant que la colère ne prenne le dessus.

— Alors c'est tout ? Pour toi c'est juste un plan cul comme un autre, et on passe à autre chose ?

Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas sa réaction et pourquoi il était en colère. C'était lui qui regrettait la nuit passée ensemble, pas moi. Je sentis à mon tour la colère monter et je m'énervai :

— Mais merde Mat, tu veux quoi au juste ? On a couché ensemble point. Je ne vais pas non plus te faire une déclaration d'amour.

— C'est pas ce que je te demande, mais tu pourrais comprendre que je me sente mal vis-à-vis de Laurent. Et ne pas prendre les choses par-dessus la jambe.

— Écoute, je suis pas le genre de mec à me prendre la tête pour du sexe. Si c'est si compliqué à gérer pour toi, je vais te faciliter les choses. Tu as raison la nuit d'hier était une erreur. Alors tu sais quoi, on a qu'à tout oublier. Il ne s'est rien passé hier soir, tu n'as pas trompé Laurent. Comme ça pas besoin de lui dire quoi que ce soit, ni de culpabiliser.

Je me levai et continuai :

— Et tu sais quoi ? Histoire que ce soit encore plus simple pour toi, on n'a même pas besoin de continuer à être amis.

Avant qu'il puisse me répondre quoi que ce soit, je me levai et me barrai de la salle à manger pour retourner à la chambre.

Une fois là-haut, je claquai la porte et la verrouillai, histoire d'être sûr qu'il ne vienne pas me chercher jusqu'ici. Pour le moment, je n'avais aucune envie de voir sa tête de chien battu.

J'allai dans la salle de bain et me passai de l'eau sur le visage pour me calmer. Lorsque j'aperçu le suçon qu'il m'avait laissé dans le cou, je serrai le poing et détournai le regard.

Je me repassai le fil de la nuit dernière. Mattéo m'embrassant, se glissant au-dessus de moi ; sa respiration et ses gémissements étouffés dans le creux de mon cou... Il pouvait dire ce qu'il voulait, je savais qu'il avait apprécié cette nuit autant que moi.

Et ça me mettait en rage qu'il refuse de l'admettre, et n'assume pas ce qui s'était passé entre nous.

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Pour un bouquet de fleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant