Grégoire et moi n'avions passé qu'une seule petite heure ensemble avant de devoir nous séparer. Cela avait clairement été trop court pour l'un, comme pour l'autre, mais il ne pouvait pas se permettre d'arriver en retard à sa propre soirée, et je devais également rentrer chez moi me changer. Néanmoins je quittai sa chambre avec la promesse de finir ce que nous avions commencé après le vernissage.
Le temps de rentrer, de prendre une douche et de m'habiller, j'arrivai à la galerie avec pratiquement une heure de retard. Toutefois le plus gros des invités était déjà à l'intérieur, et je n'eus ainsi pas à attendre pour rejoindre la soirée.
J'avais à peine franchi la porte, que je vis Grégoire me héler d'un signe de la main. Il était en pleine conversation, mais il profita de l'occasion pour délaisser le couple qui lui parlait et venir à ma rencontre.
— Mon sauveur, s'exclama-t-il une fois à ma hauteur.
Je lâchai un petit rire.
— À ce point ?
Il acquiesça.
— Le problème d'être la star de la soirée, c'est que tout le monde veut me parler, y compris les personnes les plus ennuyeuses du monde.
— Oui c'est la rançon de la gloire. Comme je te plains, répondis-je moqueur.
— Je vais te faire passer toute la soirée avec moi, et tu verras ce que c'est comme ça.
Il en profita pour interpeler un serveur qui passait juste à côté de nous pour prendre une coupe de champagne et me la mettre d'office entre les mains.
— En attendant, bois et tais-toi.
— Tu comptes me faire jouer le rôle de la potiche ? dis-je en buvant une gorgée.
— N'est-ce pas le rôle des plus un dans une soirée ?
Avant que je puisse répondre, nous fûmes interrompus.
— Caz !
Je me retournai pour découvrir Jérémy et son cousin venir à notre rencontre.
— Désolé chéri, dis-je en offrant un clin d'œil à Grégoire, mais je ne peux pas jouer les potiches, je suis moi aussi une rock star.
Il pouffa de rire alors que mon meilleur ami nous rejoignait.
— Eh bien je vois que tu es déjà en bonne compagnie, me dit ce dernier en guise de salut.
— Comme tu peux le voir. À peine arrivé et on me met déjà je grappin dessus.
Jérémy me lança un regard entendu. À ses côtés son cousin me regardait, l'air de me juger. Je n'y prêtais pas attention, je savais déjà que monsieur BCBG était trop guindé.
— Grégoire, je suppose que Gwenn s'est déjà chargée des présentations ?
Ce dernier acquiesça.
— Oui, par contre, je n'ai pas eu le plaisir de vous rencontrer, dit-il en tendant la main à Mattéo qui la lui serra avant de se présenter. Vous avez eu l'occasion de faire un tour de la galerie ?
Mattéo secoua la tête.
— Non pas encore. Je viens d'arriver, et j'ai juste eu le temps de retrouver Jérémy et Gwenn.
Grégoire hocha la tête.
— Bien. J'espère que ça vous plaira alors.
— Je n'en doute pas, répondit poliment Mattéo. J'ai déjà eu l'occasion de voir votre travail, et j'aime beaucoup votre style.
Plébiscité, Grégoire entama alors la conversation avec Mattéo, se lançant dans une discussion autour de la peinture et de ses courants artistiques. Apparemment Mattéo s'y connaissait suffisamment pour retenir l'attention de Grégoire.
Les laissant discuter tous les deux, je discutai donc avec Jérémy.
— Alors comment se passent les cours ?
Mon cousin haussa les épaules.
— Comme toutes les autres années. Je suis toujours étonné de voir à quel point les élèves sont tous les mêmes d'une année sur l'autre.
Je lâchai un petit rire tandis qu'il continuait :
— Mais le pire, je crois tout de même que ça reste les parents. Samedi prochain c'est la journée rencontre parents-profs. Une vraie hantise.
— Ouais, il faudra qu'on se voit pour faire le debrief. À chaque fois tu as le droit à des perles.
Jérémy m'offrit un clin d'œil.
— Et toi alors, comment ça se passe à la boutique ? Ta nouvelle stagiaire a déjà commencé ?
J'acquiesçai.
— Nadia a démarré en début de semaine. Elle est mignonne comme tout et Thomas l'a déjà mise en garde contre moi.
Jérémy éclata de rire.
— Mon pauvre, une proie de moins à ajouter à ton compteur.
Je levai les yeux au ciel.
— Tu rigoles ou quoi ? Elle a à peine 19 ans, c'est qu'une gamine. Et puis pas de ça au travail ; et encore moins avec une employée. Le principe des plans culs ou des plans d'un soir, c'est de ne pas avoir à les voir au quotidien je te signale.
— Décidemment, quel poète tu fais !
— Que veux-tu, c'est un don. Et sinon, niveau organisation de mariage, vous en êtes où ?
Jérémy termina sa coupe d'une traite et la reposa sur le plateau d'un serveur qui passait.
— Gwenn est en train de chercher une salle. Elle ne veut pas faire ça sur Paris, du coup elle cherche un lieu qui pourrait également accueillir une partie de la famille sur place. On fixera la date en fonction des disponibilités, mais idéalement elle voudrait faire ça en mai ou juin.
— Oui à un moment où il y a vachement de disponibilités donc, répondis-je avec ironie. Et je suppose qu'en plus elle ne veut pas avoir à attendre un an.
— C'est ça, tu as parfaitement compris.
— Eh bien je te souhaite bien du courage pour les mois à venir. D'ailleurs...
Je me tournais vers les deux autres qui s'étaient lancés dans un débat autour de l'art moderne, et posai une main sur l'épaule de Grégoire.
— Si vous vouliez bien cesser vos préliminaires.
Grégoire éclata de rire tandis que Mattéo rougissait légèrement.
— Mon dieu, tu te sens déjà délaissé ?
— Nope, j'ai juste besoin de voir Mattéo pour qu'on cale un temps afin de commencer à organiser l'EVG de monsieur ici présent, répondis-je en pointant du doigt Jérémy.
— Oh je ne savais pas que Gwenn et toi alliez vous marier. Félicitation !
Grégoire était une nouvelle fois passé au tutoiement sans que Jérémy ne semble s'en formaliser, et se mettait à lui poser tout un tas de questions. Je fini par l'interrompre.
— Dis donc Grégoire, tu serais pas en train d'essayer de noyer le poisson avec nous pour éviter d'avoir à jouer les maîtres de cérémonies par hasard ?
Ce dernier éclata alors de rire.
— Non, je discute seulement en bonne compagnie. Mais ne t'en fais pas, je suis sûr qu'on ne va pas tarder à être interrompu, et tu pourras alors reprendre ton rôle de potiche de la soirée.
J'éclatai de rire et m'apprêtai à lui répondre lorsqu'une tornade blonde se jeta à mon cou pour me déposer une bise sonore.
— Caz ! Qu'est-ce que tu fiches ici ? s'exclama-t-elle dans la foulée.
Je me tournai vers Grégoire, lui lançant un clin d'œil.
— Il faut vraiment que tu arrêtes avec ton idée de potiche. Je suis une rock star je te dis.
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Pour un bouquet de fleurs
RomansLe jour où Jérémy décide de se marier, c'est tout naturellement qu'il demande à Matteo, son cousin et Caz, son meilleur ami d'être ses témoins. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés, mais tous les opposent. Pour le bonheur de Jérémy, ils von...