Pour un bouquet de fleurs

20. MATTEO

J'avais eu une longue journée et étais épuisé. La séance d'aïkido ne m'ayant pas autant redonné d'énergie que d'habitude, j'avais décliné le verre habituel pour rejoindre Laurent. Il n'avait pas pu venir au cours de ce soir et m'avait envoyé un message plus tôt dans la journée pour que je le rejoigne après chez lui.

Lorsqu'il m'ouvrit la porte de son appartement, l'odeur d'un repas envahit mes narines. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, Laurent m'enlaça et m'embrassa. Depuis un mois que nous sortions ensemble maintenant, les baisers s'étaient intensifiés, enhardis, mais ce n'était pas allé plus loin et je commençais réellement à en être frustré.

Je gémis légèrement sous le baiser de Laurent, et le poussais dans l'appartement pour refermer la porte derrière nous. J'imaginais pouvoir continuer ce que nous étions en train de commencer, mais il se recula, coupant court à mes intentions. Malgré ma déception, je n'insistais pas. Je connaissais son passé, et ne voulais pas le brusquer. À défaut de pouvoir dire que je l'aimais, ça ne m'empêchais pas de tenir à lui. Si j'insistais, si je le poussais dans ses retranchements, j'étais pratiquement sûr que ce serait définitivement fini entre nous. Je laissais donc couler et récupérai mon sac que j'avais laissé tomber au sol une fois dans l'appartement.

— Ça a été ta journée ? demandais-je.

— Rien de bien particulier. C'est plutôt à toi qu'il faut demander ça.

— Laisse-moi juste le temps de sortir mes affaires de sport et de me changer et je te raconte ça.

Je me dirigeai vers la salle de bain et étalai mes affaires d'aïkido sur l'étendoir pour les aérer. J'allai ensuite dans la chambre enfiler le t-shirt et le jogging que j'avais pris l'habitude de laisser chez Laurent.

Lorsque je revins dans le salon, un verre de vin m'attendait sur la table basse. Dans la cuisine je voyais Laurent s'affairer au-dessus d'une poêle.

— Ça sent super bon, qu'est-ce que tu nous as préparé ?

— Du poulet curry coco au riz pilaf, me répondit-il en revenant dans le salon.

— Hum ! Je meurs de faim.

— Ce sera prêt dans 20 minutes. J'ai lancé le repas quand tu m'as prévenu que tu quittais la salle, comme je n'étais pas sûr que tu ne te fasses pas embarquer pour un dernier verre.

J'éclatai d'un petit rire.

— Ce n'est absolument pas mon genre, répondis-je avec une mauvaise foi évidente que Laurent releva d'un petit sourire en coin et d'un sourcil levé.

— Je préfère éviter tout commentaire, ajouta-t-il en s'asseyant à côté de moi. Bon, revenons en au sujet principal, comment s'est passé ton rendez-vous ?

Je reposai mon verre de vin et répondis :

— Bien plus simple que je ne l'avais imaginé. Nous avons discuté avec nos avocats des différentes clauses de contrats que nous souhaitions et de la cessation des parts.

— Alors ?

— Monsieur Charpentier est d'accord avec mes propositions. Je récupère cette année 25% des parts et l'année suivante 25% pour atteindre les 50%. Ensuite Monsieur Charpentier s'engage à ce que je sois prioritaire pour racheter le reste de ses parts.

— Et si tu ne peux pas les racheter ?

— Eh bien j'aurais un droit de décision sur la personne qu'il choisira.

— C'est plutôt une très bonne nouvelle en effet.

J'acquiesçai avant de reprendre mon verre pour trinquer avec Laurent.