Le dernier cour de la journée me parut interminable. Quand la sonnerie retentit, je ''rangea'' à toute vitesse mes cahiers dans mon sac et sortis dans les premiers.
-Enfin !
-Ahahaha ! Moi aussi j'ai cru que ce cour d'Histoire n'allait jamais finir ! Dit ma meilleure amie.
-Je dois rentrer ! A demain !
-A demain ! Travaille bien !
Je descendis les escaliers à toute vitesse et me dirigea vers les salles de BTS. Damien m'attendait, très bien entouré.
-Dam ! On y va ?
-J'arrive Yaya !
Damien fit la bise à son harem et me rejoignit.
-Alors ? C'est laquelle ? Dis-je à mon frère, un brin de malice dans la voix.
-Qui ça ?
-Ta petite amie !
Damien me dévisagea et m'ébouriffa les cheveux en riant. Je connaissais déjà la réponse. Même si Damien a beaucoup de succès, il attend le vrai amour. En 20 ans, il en a connu qu'une seule. Elle s'appelait Capucine et elle était belle, naturelle et très drôle. Elle est partit faire des études à l'étranger et ça s'est terminé comme ça. Damien a été très triste mais il nous disait que''c'était la vie'' et il a pu se relever rapidement. Je le respecte pour tout ça, et je prend exemple sur lui. Total, en 17 ans, 0 garçon au compteur ! Mais même si je ne suivait pas l'exemple de Dam, aucun garçon ne s'était jamais confié à moi. Tout les honneurs allaient à Emilie, encore.
-Ça a été ta journée ? Me questionna Damien.
-Comme un Lundi.
-Ah ouais ? Alors que dirais-tu si je te dis qu'Emi est déjà rentrée à l'hôtel ?
-Quoi ?!
-Elle a fini plus tôt ! Incroyable hein ?
Mes bras m'en tombèrent. Les Terminales S2 avaient Monsieur Gursoin en dernière heure. Un professeur de SVT qui vient faire cour même avec 40 de fièvre. Pas marié, pas d'enfants, (sûrement) pas d'amis,sauf dans l'enceinte du lycée. Bref, le style de professeur dont aucun événement ne peut perturber son emploi du temps hebdomadaire.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!
-Aucune idée, quoiqu'il en soit, elle s'est occupée de nos tâches à l'hôtel. On est tranquilles pour ce soir ! Merci Emi !
Je regarda Damien rire et penser à la merveilleuse soirée qu'il va passer devant ses jeux vidéos, loin des lits à faire, de l'aspirateur à passer et au linge à ranger des 700 chambres de l'hôtel. Mais moi, je n'étais pas si heureuse. Encore quelque chose avait perturbé mon Lundi. Je ne devrais pas m'inquiéter pour si peu, mais quand nos habitudes changent, l'être humain est perturbé. Clémence déteint sur moi, je n'aurais pas dû m'attacher autant à ces foutus rituels des Lundis !
-Yaya ?
-Hum ?
-Tu peux aller chercher du pain à ma place ? Dit mon frangin avec une petite voix d'enfant suppliant sa Maman de le laisser jouer plus longtemps dans le bac à sable.
-J'ai quoi en échange ?
-Je fais tes corvées du Mercredi pendant un mois.
-C'est si horrible que ça d'aller chercher le pain pour toi ?
-T'acceptes ou pas ?
Je pris le billet que Damien me tendit et hocha la tête. Damien souria et prit mon sac.
-Merci soeurette ! A tout à l'heure !
Je lui tira la langue et pris la direction de la boulangerie. En vérité, je savais pourquoi Damien n'aimait pas aller là-bas. Ça fait 30 ans que c'est la même boulangère qui s'occupe de la boutique du centre ville et elle a traumatisé Damien quand il avait 5 ans. Em et moi n'étions encore que des bébés et Maman envoyait Damien acheter le pain. Il m'a confié qu'il avait été impressionné par les mouvements étranges que produisait le corps de la boulangère quand elle marchait. Il l'avait rebaptisée ''la Guimauve'' et l'avait interpellée une fois (sans faire exprès) en utilisant ce sobriquet.Il m'a passé les détails mais parait-il qu'elle est entrée dans une fureur noire et depuis, Damien n'a jamais remit un pied dans la boulangerie ''Le blé d'Or''. Je poussa la porte et entra. Moi,j'adorais venir ici pour sentir la bonne odeur du pain frais sortit du four et j'aimais beaucoup Dorothée. Elle était très douce et fait partie des premières personnes à avoir pu me différencier de ma jumelle.
-Bonjour Dorothée !
-Bonjour ma belle ! Que puis-je faire pour toi ?
-20 baguettes s'il te plaît !
Dorothée emballa soigneusement ma commande dans un papier avec écrit dessus''Le blé d'Or''. On y voyait un paysan faucher le blé et une dame habillée comme dans la pub du yaourt nature, enfourner des pains aux raisins, dans un four en pierre. C'est le même papier depuis des années. Ça, au moins, ça n'a pas changé.
-Tiens Soraya !
-Merci ! Bonne fin de journée !
-Toi aussi ! Embrasse tes parents de ma part !
Je sortis de la boulangerie. Il faisait presque nuit. Je décida de passer par le parc, encore ouvert à cette heure. Je marcha dans les allées fleuries. Les enfants commençaient à partir et les maîtres venaient d'arriver pour la promenade de leurs fidèles compagnons. Je venais souvent ici avec mes frères et ma sœur pour promener Semelle. Il adorait courir partout et Papa s'amusait à le faire aller sur la pelouse, censée être interdite. Le grand toboggan au centre du parc était le préféré de Théo. Quand il était petit, il adorait descendre le long et se faire récupérer par Damien, pour ensuite faire l'avion, pour finir sous les hurlements de ma mère avec ses fameux ''ne l'énervez pas !!''. Un classique. Je me laissa tomber sur un banc. L'air du soir avait quelque chose d'apaisant et de vraiment tranquille. Je ferma les yeux, puis un bruit sourd me fit sursauter, faisant tomber mes baguettes de pain sur le sol.
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Gardien [Terminé]
ParanormalSoraya Salvatory est une adolescente presque normale. La nature lui a donné une sœur jumelle (un peu trop) parfaite, un grand frère protecteur, un petit frère survolté et un hôtel en guise de maison, que ses parents gèrent depuis des générations...