Gardien [Terminé]

Chapitre 22

Je n'ai pas cessé de penser à ça de toute la journée. Même sur le chemin du retour, avec Dam et Em. Voyant mon air sombre, Damien passa son bras autour de mes épaules.

-T'inquiète pas Yaya, il va bien Yann !

-Si seulement j'en étais persuadée...Dis-je, en me décalant vers le torse de mon frère.

J'adorais être dans ses bras. C'était rassurant et très réconfortant. Quand j'étais au collège, les autres filles me jalousaient et quand j'avais des problèmes, Papa et Maman savent comme j'en avais beaucoup, je courrais dans les bras de mon frère. Il est toujours là pour Emilie, Théo et moi et même s'il n'est pas d'accord avec nous, il sera toujours là pour nous aider.

Damien mit sa main derrière ma tête et m'attira contre lui.

-Je te propose quelque chose. Me dit-il. Après le match demain, on ira chercher Yann.

Je releva la tête vers ses yeux bicolores, les miens brillants de larmes.

-Tu ferrais ça ?

-Je ne te garantis pas qu'on le trouve mais, je préfère essayer !

-T'es malade ! On a interdiction de traîner dans les rues après 18h depuis hier ! Nous avertit Emilie.

-Le match se termine à 16h ! On est larges ! Positiva Damien, en ouvrant le portail de l'hôtel. Mais si tu flippes trop Emi, tu peux rentrer avec les parents !

Emilie hésita un instant. Je savais ce qu'elle pensait. Si elle déclinait, elle donnerait raison à Damien et ça, elle ne l'acceptera jamais.

-Je viens avec vous ! Dit-elle en passant le portail.

Damien souria et me regarda en levant le pouce en signe de victoire. A ce moment-là, j'ai réalisé que sans mon grand frère, je serais perdue.

Je m'installa à table pour prendre mon goûter. Papa avait troqué son journal pour la télécommande.

-Toi aussi ça te perturbe cette histoire ? Demanda Emilie en remplissant son bol de yaourt nature.

-Oui...mais ça ressemble plus à une plaisanterie d'Halloween ! Répliqua-t-il.

-Chéri...ils n'en feraient pas tout un pataquès pour une petite blague...Dit ma mère en vidant le lave-vaisselle.

Je regarda la télévision. Le même journaliste de la veille était de retour sur les lieux du crime.

-La police nous a autorisé à diffuser quelques informations complémentaires. Dit-il à la caméra. Les scientifiques ont conclus, après analyse du corps, qu'il ne s'agissait pas d'un être humain. Cette histoire dépasse tout ce que nous avions pu voir jusqu'à présent. C'est pour cette raison que la police en appelle à la population pour les aider à identifier le jeune homme.

Une photo du garçon tué s'afficha à l'écran. Il était de taille moyenne, les cheveux et yeux noirs. On voyait très bien la couleur très sombre de ses plumes. Ce n'était pas Yann. J'en étais persuadée à présent.

-Le gouvernement a mis en place un numéro spécial où vous pouvez appeler si vous êtes munis d'informations pouvant aider à l'enquête.

Mon père éteignit la télévision.

-Vous le connaissez ? C'est un élève de votre lycée ?

-Non...ça ne me dit rien...Réfléchissait Damien.

-Moi non plus, jamais vu ! Dit Emilie en débarrassant son bol.

Je ne répondis pas. Je pris un gâteau et monta dans ma chambre.

-Soraya ! M'appela mon père.

-Quoi ?

-Tu sais quelque chose ? Me demanda ma mère, inquiète.

-Peut être. Mais si c'était le cas, me croiriez-vous ?

Sans un mot de plus, je monta dans l'ascenseur. Arrivée au 4ème, Mme Shermansky monta.

-Madame Shermansky !

-Soraya ! Ça faisait longtemps ma petite...

Elle avait retenu mon prénom. Une première !

-Comment allez-vous ?

-Crois-tu au surnaturel ?

Je la regarda, perplexe.

-Hum...et bien, les événements actuels me laissent croire que oui...

-Laisse-moi te raconter une histoire. Hier, je suis allé voir mon mari. Les infirmières m'ont dit que c'était bientôt terminé. J'ai été très peinée, et je suis beaucoup restée à ses côtés. Au bout de quelques minutes, je suis descendue boire une tasse de café et quand je suis remontée, j'ai vu un garçon dans la chambre de mon mari. Il m'a souri, et est parti. L'infirmière est passée, et m'a annoncé que son état s'améliorait et elle s'est excusée de m'avoir mis dans la tête une nouvelle si terrible.

-...c'est une très belle histoire...

-Tu sais ce que je pense à présent ? Que chaque être humain possède un Ange Gardien.

-Alors...vous...

-La petite Margaux m'a raconté ce qu'il s'était passé avec toi et ton ami. Je te crois de tout cœur Soraya et ne t'inquiète pas, même s'il n'est pas là, il veille sur toi.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Je salua Mme Shermansky et entra dans ma chambre. Je m'essaya à mon bureau, repensant aux mots de la vieille femme. Yann veille sur moi.

Je regarda par la fenêtre, et récapitula les événements de la semaine. Mes chaussures retrouvées sans difficultés, mon courage face à Chloé, mon réflexe à la cantine. J'en étais persuadé à présent. Yann me protégeait, malgré son absence.