Gardien [Terminé]

Chapitre 17

J'ouvris précipitamment l'enveloppe, comme si elle allait m'annoncer que tout ça n'était qu'un cauchemar. Je lus à haute voix.

-Soraya, j'espère que tu ne m'en veux pas d'être parti comme ça, mais je ne savais vraiment pas comment briser ce malaise qu'il y avait. Tu n'y es pour rien, tu as essayé de me donner raison et je t'en remercie. Ne t'inquiète pas pour moi, nous avons l'habitude de ce genre de scénario. Un de mes professeurs s'était fait jeter sans pouvoir se justifier, l'un de mes amis a été arrêté par la police. En fait, je devrais plutôt vous remercier de vous être inquiétés pour moi. J'espère que tout ira bien pour toi, j'aurais vraiment voulu en savoir plus sur toi car tu es vraiment une fille géniale si je me base sur le peu que j'ai vu. J'ai juste une faveur à te demander : oublie-moi, cela vaut mieux je pense. Prends soin de toi, Yann.

Je me laissa tomber sur mon lit. Moi aussi j'aurais énormément voulu apprendre à le connaître, il n'était pas comme les autres garçons. Il était simple, gentil, poli. Il n'était pas comme ces idiots au lycée qui font la roue devant les filles et qui répondent aux professeurs pour se donner un genre.

Je décida de sortir en ville, pour prendre l'air. Lorsque j'ouvris la porte, Semelle se leva d'un coup et me fit la fête. Je lui caressa doucement la tête pour m'excuser et je descendis avec lui. Je lui mit sa laisse et alla dans le salon, là où toute ma famille était rassemblée pour le téléfilm du Dimanche soir. Un film à l'eau de rose, comme d'habitude. Comme par hasard, le moindre soupçon de magie allait les faire rêver. Je grimaça de dégoût, Coton monta sur le canapé pour se coucher sur les genoux de ma mère.

-Je sors Semelle.

-A cette heure-là ? Demanda mon père en regardant sa montre.

-Il n'y a pas d'heure pour faire ses besoins. Dis-je sèchement en quittant le salon.

J'entendis mon père m'appeler sévèrement mais je l'ignora. Je sortis dans le centre-ville. Les lumières des décorations de Noël, très en avance comme tous les ans, les odeurs des restaurants, déjà bondés. Semelle tira sur sa laisse.

-Tu as envie de courir ? Lui demandais-je, espérant une réponse comme le docteur Fellman.

Semelle remua frénétiquement sa queue et je pris la direction du parc. Il était vide. Pas étonnant, il était déjà très tard. Je lâcha Semelle et alla m'asseoir sur un banc. Je suivit mon chien du regard et je fus très surprise de ne pas le voir se diriger vers la pelouse interdite. Je me leva et l'appela. Je courus vers lui et le vis faire la fête à quelqu'un.

-Tiens ! Qu'est-ce que vous faîtes là les garçons ? Demandais-je à Guillaume et Thomas.

-On sort du restau ! Et toi petite Salvatory ? Seule dans un parc en pleine nuit ? Demanda Guillaume, accroupis pour caresser Semelle.

-Je ne risque rien ! J'ai mon chien de garde !

-Très sociable pour un toutou qui doit protéger sa jolie maîtresse ! Plaisanta Thomas.

Je rappela Semelle à mon pied en rigolant.

-Dis Soraya, tu pourras me passer tes fiches pour l'oral pendant les vacances ? Me demanda Thomas.

-Tu veux réviser pendant les vacances ?! Mais que t'arrives-t-il ?! Répliquais-je, choquée.

-Bah il passe à la rentrée ! Il ne va pas réviser devant la salle, surtout quand on a connaissance de la ponctualité de notre professeur !

Je les regardais rire, à moitié apeurée par ce qu'ils avaient dit.

-Mais...c'est Yann qui passe à la rentrée...vu qu'il est nouveau, le prof voulait voir son niveau et...

-Teuteuteuteu ! Me coupa Guillaume. QUI est Yann ?

-J'ai loupé un épisode ? Questionna Thomas.

J'ouvris grand les yeux, ne sachant quoi dire à mes camarades. A ces deux garçons qui jusqu'à la semaine dernière riaient et échangeaient leurs idées sur les jeux vidéo avec Yann. Je rattacha Semelle et souria à mes amis.

-Non rien, je confonds avec l'une de mes séries ahahaha !

-Maiiiis ! Tu m'as fait un faux espoir ! Se lamenta Thomas en me donnant des petits coups dans le ventre.

Je les salua et rentra chez moi. Une fois dans ma chambre, je pris une douche rapide et me regarda dans le miroir. Yann avait définitivement disparu. Du décor, et des esprits.