Chapitre 16 : Tu voulais la verité ?

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Antho avait véritablement raison.

Des affiches étaient placardées partout dans le lycée annonçant l'inauguration prochaine du nouvel établissement.

Djany se demandait ce que tous ces gens allaient venir inaugurer alors que cet édifice était d'une laideur sans nom, du moins pour elle.

Cependant le fait était là. Mardi prochain tous les lycéens étaient conviés à l'inauguration de leur nouveau lycée, où seraient présents le maire de la ville et tous ses collègues, en passant par les médias locaux.

En définitive c'était le genre d'évènements que Djany fuyait comme la peste.

Avant que Antho lui en parle, elle ne savait même pas que cette inauguration aurait lieu et maintenant qu'elle était au courant tous ses sens lui instituer de se tenir au plus loin du lycée ce jour ci.

Mais tout cela était sans compter sur l'invitation que Antho lui avait faite. Il souhaitait qu'elle l'accompagne à cette inauguration.

Djany avait évidemment décliné son invitation sans plus tergiverser mais elle n'avait pas réussi à dire non une seconde fois quand Antho l'avait supplié avec des yeux de chien battus.

Elle aurait vraiment préféré qu'il privilégie d'inviter Inès.

Elle au moins ne risquait pas d'avoir des hallucinations en publique ou bien de tomber tête la première dans le punch à cause de la fatigue.

Fatigue que Djany ressentait encore. Elle luttait tant bien que mal pour ne pas s'endormir en attendant Antho devant le lycée.

Ils étaient dans la même classe mais pourtant Antho sortait toujours bien après elle.

« Il doit être occupé à draguer tout ce qui bouge. » songea Djany.

Elle était en train de somnoler lorsque Antho pointa enfin le bout de son nez.

- J'arrive pas à croire que tu aies réussi à tenir jusqu'à la fin des cours. Heureusement qu'on finit à quinze heures aujourd'hui.

- Ouais, sinon je pense que j'aurai fini par m'endormir en cours, répondit-elle en se mettant en route.

- Dis moi Nyny, t'acceptes toujours de m'accompagner à l'inauguration mardi ? demanda Antho avec un sourire resplendissant.

- Tu sais très bien que quand tu souries comme un idiot j'arrive pas à dire non.

- Mon charme est vraiment irrésistible.

- La ferme Antho et puis t'es vraiment sûr de pas vouloir inviter Inès ?

- Non ! Je me sentirais plus à l'aise avec toi. Je suis pas sûr de la réaction qu'elle aura si je lui demande de piquer un maximum de choses dans le buffet avant de partir.

Djany ne put s'empêcher de sourire en entendant cela.

- Heureuse que tu me vois comme ta partenaire de vol.

- T'es ma partenaire tout court Nyny ! déclara-t-il en passant un bras par dessus ses épaules.

+++

Où que sa mère soit maintenant, Djany espérait qu'elle l'entende mais qu'elle ne la voit pas.

Si sa mère pouvait la voir, elle était certaine qu'elle aurait honte de sa fille.

Elle s'enfermait constamment chez elle, fuyait tout contact humain, ne faisait confiance à personne et surtout elle était impulsive, trop impulsive.

Sa mère n'aurait pas voulu qu'elle ôte la vie à son meurtrier, ni qu'elle tue l'harceleur de sa meilleure amie.

Pour toutes ses raisons, Djany espérait de tout cœur que sa mère ne l'observe pas peu importe l'endroit où elle se trouvait.

Lors de ses discussions avec sa mère au cimetière, elle n'avait jamais abordé les deux fois où elle avait failli commettre un meurtre, tout comme elle n'en avait jamais fait part à ses meilleurs amis.

Jordan était bien présent lorsqu'elle avait envoyé Enzo à l'hôpital mais il n'était pas au courant du reste.

Djany redoutait tellement que le peu de personnes qui l'apprécient soient déçus en apprenant tout ceci.

D'autant plus que Jordan avait aujourd'hui insisté pour l'accompagner au cimetière voir sa mère.

Si elle lui annonçait à l'instant tout ce qu'elle avait pu faire par le passé, il serait sûrement dégoûté. En lui se reflèterait même sûrement le regard qu'aurait eu sa mère face à de telles révélations...

Djany caressa la pierre tombale avec une expression impassible.

Tout finirait par s'arranger, le temps réparait tout disait-on.

Elle posa le bouquet de fleurs qu'elle avait amené devant la pierre tombale.

- Si elle était encore vivante elle t'aurait tchipé si tu lui avais offert des fleurs, évoqua Jordan avec une expression lointaine.

- Elle m'aurait dit : « De faire quoi avec les fleurs là ? C'est ça qui va remplir mon ventre ? », confirma Djany avec un sourire nostalgique. Elle détestait les fleurs, bizarre non ?

- C'était plus marrant que bizarre de la voir te toiser quand tu lui apportais des fleurs pour la fête des mères, se remémora-t-il.

- Mais finalement elle acceptait toujours de les prendre, ajouta-t-elle les souvenirs refaisant surface. Tu sais Jordan, après la mort de mon père, elle m'avait promis de toujours rester à mes côtés. Je m'imaginais pas que trois ans plus tard elle mourrait si brusquement.

- Partir dans un accident de voiture...J'aimerais tellement faire plus pour toi Djany, pour que tu te sentes mieux, avoua-t-il en se tournant vers elle.

- T'as insisté pour venir la voir aujourd'hui et c'est toi qui m'a aidé à venir lui parler la première fois. J'avais treize ans quand elle est morte mais j'ai l'impression d'en avoir mangé dix dans la gueule après tout ça et t'as été là à ce moment et toujours aujourd'hui. T'en fais bien assez, t'inquiète pas Jordan.

- Promets-moi de m'appeler directement s'il se passe quelque chose quand je serai parti. Promets le moi Djany.

Elle le regarda dans les yeux et put y lire toute son inquiétude.

- Je ne te promettrai jamais un truc pareil. Tu sais aussi bien que moi que je ne tiendrais pas ma promesse.

- Tu changeras vraiment jamais espèce d'idiote, soupira-t-il.

- Je préfère être honnête avec toi tête de cul. T'inquiète pas pour moi. Je ne suis plus si seule y'a Antho maintenant.

- Il a intérêt à être là pour toi quand je serais parti et si c'est pas le cas on va devoir régler ça en octogone quand je reviendrais.

« S'il est encore vivant d'ici là. » se retint-elle d'ajouter.

Lonely with my headphoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant