Chapitre 36 : La haine qu'on donne

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Cinq cent pas.

Il fallait cinq cent pas du collège pour arriver jusque cette maison.

Djany s'essuya les pieds sur le paillasson à l'entrée de cette somptueuse demeure.

Pourquoi l'avait-on placée dans une famille ayant une maison si grande ?

Les couloirs avaient l'air habités par toute sorte de monstres.

Les mains glacées par le froid, elle sonna une bonne demi-douzaine de fois avant qu'on ne daigne lui ouvrir la porte.

Nathalie, une femme aux traits sévères, les cheveux noirs réunis en un chignon strict au dessus de la tête lui ouvrit la porte sans même lui adresser un regard.

Elle n'était pas méchante, juste insensible...

Un peu comme Djany depuis la mort de sa mère.

Comme d'habitude, le hall d'entrée trop illuminé par cet immense lustre lui brûlait les yeux.

Depuis un mois, Djany se demandait si le but était d'aveugler toute personne entrant dans cette maison.

Elle ôta ses baskets rapidement et monta l'escalier menant vers sa chambre.

En arrivant à l'étage, elle l'aperçut. Le fils de Nathalie et d'Andrew, dans sa chambre.

Djany n'arrivait jamais à se rappeler de son prénom.

Elle s'arrêta à quelques pas de la chambre et hésita.

Devrait-elle lui dire bonjour ?

Il l'envoyait toujours promener d'une manière assez crue mais d'un autre côté, sa mère lui avait toujours dit d'être polie et gentille avec les autres.

Ce garçon n'était sûrement pas une exception.

Djany toqua à la porte déjà ouverte.

- Salut, ça va ?

- Sois gentille Djany et dégage, dit-il sans lui accorder un regard.

« Au moins j'aurais essayé. » pensa-t-elle avant de rejoindre sa chambre.

Elle alluma la lumière et soupira longuement en regardant cette chambre qui la mettait mal à l'aise.

Les murs étaient si blancs que parfois Djany se réveillait avec l'impression d'être au paradis.

Rien ne décorait cette chambre. Il n'y avait que l'essentiel, un lit, une armoire ainsi qu'une coiffeuse dont elle avait recouvert le miroir de scotch pour ne pas avoir à se voir chaque matin.

Cette chambre était aussi vide et froide qu'elle même ne l'était en ce moment.

Si cette pièce la mettait mal à l'aise, peut-être avait-elle le même impact sur son entourage ?

+++

Sans grand appétit, Djany fit rouler ses pommes de terre dans son assiette du bout de sa fourchette.

Même après un mois passé dans cette maison, elle n'arrivait pas à s'habituer à dîner avec Nathalie à sa droite, assise tout au bout de sa chaise semblant prête à toute instant à bondir sur quelqu'un. Kevin à sa gauche, le regard constamment rivé sur son téléphone et Andrew, en face d'elle dont elle apercevait un sourire fugace à chaque fois qu'il commençait à se plonger dans la lecture de son journal.

Cette famille était assez spécial mais vivre avec eux n'était pas horrible, c'était plutôt...nouveau. Beaucoup trop neuf d'ailleurs.

Djany se mordit l'intérieur de la joue et s'efforça de terminer son repas.

Lonely with my headphoneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant