Lonely with my headphone

Chapitre 2 : La tache

Cela faisait déjà trente minutes que Djany patientait devant la bibliothèque. Elle ne parvenait pas à se calmer, alors elle avait prit l'initiative de sortir plutôt de chez elle et d'attendre ici mais cela ne l'aida pas à se détendre. Devoir parler avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas raviver en elles des blessures encore à vive.

Combien de temps encore, allait-elle être enchaînée par le passé ?

Comme un lion en cage, elle arpentait le trottoir devant la bibliothèque en faisant des va-et-vient donnant de la même manière le tournis aux pigeons non loin de là.

Elle lança un regard désespéré à son téléphone, il était l'heure...

Djany scruta les lieux désespérément.
« Avec un peu de chance, il s'est cassé la jambe. » pensa-t-elle dans un ultime espoir mais cet espoir fugace s'envola aussitôt qu'elle vit à l'autre bout de la rue son regard sombre mais étincelant pétillait à la lumière du soleil.

Il était là...

Djany se rappela alors qu'il ne servait à rien d'implorer la chance, elle n'en avait jamais eu et n'en aurait jamais.

+++

Elle rangea ses affaires dans son sac un peu perplexe après ces trois heures passées à réviser. Elle avait imaginé que ce garçon lui mènerait la vie dure mais au lieu de ça il semblait vouloir la mettre à l'aise. Il avait dû constater le tremblement de ses mains.

C'était un comportement bienveillant mais Djany voyait en cela une ouverture pour qu'elle apprécie ce garçon. Et si elle l'appréciait, la même boucle se répéterait encore et encore.

-  Tu voulais un livre d'histoire en particulier pour peaufiner cette étude de cas, non ? demanda Antho avec une pointe de fierté dans la voix. J'ai celui que tu veux mais je l'ai prêté à quelqu'un. Il va falloir que tu survives parmi une foule de gens une quinzaine de minutes, tu penses que ça ira ?

- Qu'est ce qui te fait penser que je ne survivrais pas face à une foule ?

- C'est pas contre toi Djany mais à chaque fois que tu vois un humain t'as l'air d'avoir envie de boire son sang. Alors, tu penses survivre ou je te ramène le livre lundi ?

Djany inspira profondément comme pour se donner de la force. Si elle ne récupérait pas ce livre maintenant, elle ne parviendrait pas à ajouter tout ce qu'elle souhaitait à ce devoir avant de le rendre.

- T'en fais pas pour moi le chouchou des nanas, je vais m'en sortir.

- Qui t'a dit que j'étais le chouchou des nanas ? rétorqua-t-il avec un sourire amusé collé aux lèvres.

- C'est pas contre toi Antho mais à chaque fois qu'une fille te voit, elle a l'air de vouloir te sauter dessus. Alors désolé mais c'est une évidence, lâcha-t- elle de son ton froid habituel.

Antho la détailla de la tête au pieds avant de sourire de plus belle.

- Vas-y, suis-moi. Ce sera rapide, je te le promets, dit-il d'un ton rassurant.

Djany était désormais soulagée. Plus que quelques minutes et elle pourrait se replonger dans sa solitude et dans sa musique.

+++

Ne pas paniquer devant cette maison aux dimensions colossales.

Ne pas paniquer devant cette foule de personnes qui se pressent autour d'elle.

Ne surtout pas paniquer alors que cela faisait déjà quinze minutes et qu'Antho ne réapparaissait toujours pas.

Elle ferma les yeux et se concentra sur la mélodie familière qui s'échappait de son casque. Doucement, petit à petit, son rythme cardiaque redevint plus régulier, sa respiration plus apaisée et ses pensées plus claires.

Il allait revenir, il lui avait promis. Elle savait qu'elle ne devait pas accorder autant de crédit à la parole d'un inconnu, mais elle devait le croire. C'était le seul moyen de ne pas défaillir devant tous ces gens, savoir qu'il reviendrait.

Djany rouvrit alors les yeux brusquement, il était là...

Son regard obscur la fixait avec inquiétude, comme s'il craignait que la foule ne la dévore.

- Antho !

Djany tourna son regard vers l'objet d'une telle agitation. Il s'agissait de Julie. Elle était plus belle que jamais, ses cheveux couleur miel brillait de mille feux à la lueur des lampes du jardin alors que ses yeux azur lui lançaient des éclairs.

Ce regard glacial semblait lui être adressé mais Djany ne comprenait pas pourquoi.

- T'es là ! gloussa-t-elle. Je pensais que tu ne viendrais pas à la fête.

- Désolé Julie, je reste pas.

Le visage de Julie qui était jusque-là fendu d'un sourire, se ferma instantanément.

- C'est à cause d'elle ? demanda-t-elle en ciblant Djany d'un signe de tête. Tu restes pas à cause d'elle ?

Djany se sentait de plus en plus mal à l'aise. Elle n'avait rien contre Julie même si elle était tyrannique et capricieuse cependant, elle n'avait pas tellement envie d'être détestée par cette dernière.

Elle se hissa sur la pointe des pieds et lui chuchota à l'oreille :

- Euh...Antho, je crois que je vais y aller.

Elle s'éclipsa alors sous le regard assassin de Julie mais avant qu'elle n'ait pu se souvenir du chemin pour atteindre la porte d'entrée, elle tomba sans pouvoir faire quoique ce soit. Sa chute était inexorable, elle tomba dans la piscine sous les yeux de tous.

Lorsqu'elle en sortit, trempée jusqu'aux os, elle vit tout le monde l'observer. En particulier Julie qui se vantait auprès de ses copines d'avoir fait tomber Djany dans la piscine.

En effet, Djany avait raison depuis le début. C'était elle le véritable problème.