La situation était beaucoup trop irréelle.
Djany n'arrivait pas à se convaincre que Antho était belle et bien hospitalisé.
La voiture qu'il l'avait percuté l'avait fait perdre connaissance et l'impact contre le béton était responsable de son crâne ensanglanté.
« Il a énormément de chance de s'en être sorti aussi bien avec un choc pareil. » lui avait dit le médecin.
Djany ne le voyait pas de cette manière lorsqu'elle revoyait ses bras dévoilant sa chair à vif.
Cela aurait dû être elle mais il s'était interposé.
Elle augmenta le son de son casque jusqu'à en avoir mal aux oreilles. Elle souhaitait se noyer dans la musique, que celle-ci lui fasse oublier toutes ses pensées mais c'était en vain.
Elle regrettait tellement de s'être rapprochée d'Antho. Elle savait pourtant très bien qu'un événement comme celui là pouvait arriver.
Les gens qu'elle aimait finissaient par mourir ou s'éloigner d'elle. Son père, sa mère, Jordan, Rayanna...
Le poids de la culpabilité l'accablait tellement qu'elle ne parvenait pas à relever la tête et la garda baisser. Elle avait l'impression qu'une multitude d'yeux la fixait avec un regard incriminant lui répétant incessamment qu'elle était une meurtrière.
Tout ceci s'était passé parce qu'elle était sortie de sa bulle. Parce qu'elle avait accepté de faire un pas en dehors de sa solitude, un pas vers Antho. C'est ce pas qui lui avait été fatal.
Djany ne savait plus quoi faire. Antho lui avait dit qu'elle comblait le vide qu'avait laissé ses parents après leur mort et il en était de même pour elle. Pourtant il aurait pu mourir à cause d'elle...
Finalement elle n'était peut-être pas celle qui l'aiderait à aller mieux, celle qui l'aiderait à surmonter le deuil de ses parents. Elle ne serait peut-être pas l'étincelle qu'il espérait.
S'il se sentait bien avec elle ce n'était peut-être que le fruit du hasard. D'autres pourraient assurer ce rôle.
Des comme elles il y'en avait des milliers. Elle n'était pas indispensable à Antho, il s'en sortirait sans elle.
Djany savait pertinemment qu'un jour leur chemin se sépareraient mais elle n'imaginait pas que cela soit si tôt, un mois après leur rencontre et surtout d'une manière aussi brutale.
Elle serra les poings si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans les paumes de ses mains.
Elle n'attendait que de pouvoir aller parler à Antho qui était réveillé depuis peu.
Djany attendait devant sa chambre depuis des heures.
Le soleil commençait déjà à se lever quand elle sentit quelqu'un s'asseoir à ses côtés.
Il s'agissait de Jordan. Il venait sûrement de voir ses messages.
Sans mot dire, elle appuya sa tête contre son épaule. La nuit avait été bien longue pourtant pour une fois, elle n'avait pas sommeil. Elle ressentait juste une culpabilité terrible qui lui rongeait l'esprit.
- Djany, je te connais. S'il te plaît ne t'éloigne pas de lui après ce qu'il s'est passé ce soir. Il a besoin de toi et tu as besoin de lui.
- J'ai juste besoin de musique pour vivre et il s'en sortira très bien sans moi. Y'en a des milliers comme moi, je ne suis pas irremplaçable, répondit-elle d'un ton impassible.
- Djany s'il te plaît...
Mais Jordan n'eut pas le temps de terminer ce qu'il allait dire. La sœur d'Antho sortit de la chambre sans leur accorder un regard.
Elle ressemblait à son frère en tout point. Ses cheveux noirs et bouclés, son teint mate et ses yeux foncés qui eux à l'inverse de son frère ne brillaient pas. Ils étaient comme...éteints...
- Vous pouvez aller le voir, annonça le médecin en se tournant vers Djany et Jordan.
- Vas-y toute seule, je t'attends ici, lui dit-il.
Elle acquiesça avant d'entrer dans la chambre. Les membres tremblants elle s'avança vers le lit et perdit tous ses moyens quand elle croisa son regard.
Djany failli perdre l'équilibre lorsque Antho esquissa un sourire.
- Ça fait longtemps que je t'attends Nyny, t'avais la diarrhée ou quoi ?
Djany s'assit sur la chaise juste à côté du lit et se mit à fixer Antho.
Était-il vraiment content de la voir ?
- T-tu te sens mieux ? balbutia-t-elle.
- Pas vraiment mais c'est déjà mieux qu'il y'a quelques heures. J'ai cru que ma tête allait exploser, plaisanta-t-il en se grattant l'arrière de la tête.
Djany vit en ce geste anodin sa culpabilité. Ses bras avaient été bandés, en d'autres circonstances, cela aurait dû être ses bras à elle.
- Dis moi ce qu'il s'est passé Nyny, reprit-il plus sérieusement. Y avait pas de voiture quand on traversait. C'était comme si on nous avait attendu.
- C'était Julie, lâcha-t-elle. Elle voulait que je fasse un accident, je pense que c'était pas dans ses plans que tu...tu te fasses renverser à ma place. Si tu pouvais porter plainte contre elle ça m'arrangerait. Je n'aurai pas à me salir les mains.
Djany qui avait la tête baissée depuis qu'elle s'était assise la relava inquiète après ce long silence.
Elle fut surprise de constater qu'il la fixait depuis tout ce temps.
- Je peux pas faire ça, déclara-t-il simplement. Je peux pas te dire pourquoi mais fais moi confiance.
- Je te fais confiance, répondit-elle précipitamment.
Antho ne put se retenir de rire.
- Désolé, je voulais dire que je te faisais confiance ne t'en fais pas pour ça. Je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé Antho, ça aurait dû être moi et...
- Commence pas Nyny ! C'est de ma faute si je suis dans cet état. C'est moi qui t'ai protégée alors culpabilise pas, ok ?
- Mmh...dis moi plutôt quand tu sors d'ici ?
- Dans deux semaines de ce que j'ai cru comprendre. Je vais rater la dernière semaine de cours avant les vacances. Ça c'est cool mais je vais passer la première semaine de vacances ici et ça c'est plutôt chiant.
- Vois le bon côté des choses, si à la rentrée les gens de la classe te demande pourquoi t'as ce point de suture sur la tempe tu pourras dire que tu t'es battu avec Itachi.
Antho pouffa de rire tandis que Djany se contentait de le regarder.
Il était joyeux même dans un moment pareil. Il ne semblait pas être tourmenté par les mêmes pensées qu'elle.
C'était inévitable, tout le monde part un jour et Antho ne semblait pas faire exception.
VOUS LISEZ
Lonely with my headphone
Teen FictionLa musique ? C'est pour moi le seul moyen de me tenir en vie. La seule chose qui m'empêche de défaillir. C'est mon pilier, mon soutien émotionnel, mon bouclier face au monde. Si on me l'enlève, on m'ôte la vie de la même manière. Alors m'enleve...