CHAPITRE 37

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Version relue et améliorée

Ma vision se rétrécit progressivement, jusqu'à ce qu'un seul point de lumière n'éclaire mon regard voilé, empli de chaudes larmes de douleur. Je me sens partir petit à petit, mon corps et mon esprit semble se soustraire l'un à l'autre dans une danse longue et tortueuse. Mes mains tremblantes, cachées sous de rigides gants remontent lentement jusqu'à ma poitrine. Mes côtés, mes poumons me font terriblement souffrir. Je ne vois plus rien, ne serais-ce qu'un léger ciel bleu perçant à travers de nuages noirs d'orage. Ceux-ci se mouvent lentement pour faire disparaître la tâche qui bleuit les cieux. Puis, sans que je sache si mon esprit qui me joue des tours ou si c'est la stricte vérité, un terrible éclair zèbre le ciel obscur. C'est alors que commence un défilé rapide de souvenirs.

Le premier décrit mon quatrième anniversaire. J'avais reçue de ma grand-mère une robe en soie brodée de fils d'argent – ou cheveux gris, comme la petite fille que j'étais les appelait. Elle était magnifique, parfaitement à ma taille, j'étais persuadée que ma grand-mère l'avait fait selon mes mesures avec ses cheveux d'argent.

Mais mon père lui, voulait des sous, et sa fortune, amassée à la sueur du front de ses défunts parents commençait à pâlir fortement. Il m'arracha la robe des mains alors que je partais l'essayer et la récupéra après avoir prononcé ces terribles mots : "Seules les princesses peuvent porter cette robe, tu n'en es pas une".

J'étais triste mais bien vite, je me ressaisissais et acceptais les paroles de mon père. Après tout, c'était parfaitement vrai, je n'étais pas une princesse !

La pièce tourne devant mes yeux fatigués, la scène suivante se déroule dans ma maison, toujours, mais un an plus tard. Je suis assise en haut des escaliers carrelés de ma maison. Rien ne l'indique, mais je sais pertinemment pourquoi je suis ici. C'était la première fois, que ma mère avait crié sous les coups de mon père. D'habitude, ils se disputaient différemment, mon père la secouait en lui criant des horreurs à la figure puis ça s'arrêtait, mais là, ça ne s'en est pas arrêté à des insultes. Alertée par le bruit, je m'étais postée en haut des escaliers, mais après le cri de ma mère, plus aucun bruit n'avait percé les murs de la maison.

Ma mère avait monté les escaliers quatre par quatre, les jours en feu, les yeux rivés sur les carreaux blancs du sol. Arrivée à ma hauteur, elle marqua un temps de pause, puis elle continua à marcher jusqu'à sa chambre. Je m'empressais de la suivre, l'interpellant sans cesse. Elle finit par retourner vers moi un visage brûlant de larmes que je ne parvins pas à déterminer à l'époque. Mais aujourd'hui je sais qu'elle avait peur, pour elle certainement, et peut-être même un peu pour moi.

– "Pourquoi as-tu crié maman ?"

– "Ça ne te regarde pas, va dormir Noémie."

– "Il a l'air très énervé papa..."

– "Ce sont des problèmes de grands, oublie ça."

– "Mais je suis grande !"

Elle avait baissé les yeux vers le sol après ma réponse. Quand ses yeux s'étaient relevés vers moi, son visage arborait une toute nouvelle émotion :

– "Écoute moi bien, Noémie, si tu as des questions à poser sur ton père. Pose ces questions à ton père, d'accord ?"

Elle accentuait ses mots, crachait ses paroles d'une voix emplie de haine à laquelle je ne pu que répondre :

– "Mais... J'ai peur de papa..."

– "Arrête de te la jouer "Causette", tu n'avais qu'à dormir ! Maintenant va dans ta chambre, dépêche toi !"

AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant