CHAPITRE 4

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Version relue et améliorée

Il est vingt–et–une heure, j'ai eu le temps de me laver, de me changer et maintenant je quitte mon appartement pour la fête foraine, seule. Ça doit être bien d'y aller avec des amis, mais je préfère ne pas en avoir. Je ne peux pas m'attacher, j'ai trop peur d'être déçue. Alors je reste en solitaire, c'est bien mieux ainsi ! J'arrive à la fête foraine et tout de suite, je cherche des yeux le Grand Huit, mon attraction préférée. Vitesse et adrénaline s'y mêlent dans une danse que mon cœur apprécie particulièrement. Je repère bien vite les courbes tortueuses formées par les rails et cours presque à leur hauteur. La musique rugit depuis des milliers de hauts parleurs, des lumières projettent des ombres sur chaque mur. Je marche au milieu de tout ça, dans ce brouhaha presque rassurant, jusqu'au Grand Huit. Je prend un ticket et m'assois tout devant, à la première place. Là où mon estomac se retourne le plus, là où mon cœur s'emballe de manière folle dans ma poitrine, là où je me sens le plus vivante !

– Noémie, m'interpelle une voix qui m'est à présent bien connue.

Une myriade de frissons parcoure mon corps alors que je me fends d'un air amusé. Je me retourne, un sourire en coin éclaire le visage de Carter.

– Tu montes ? Je murmure d'une voix suave en indiquant la place vide à côté de moi.

Il semble hésiter alors je rajoute :

– À moins que tu n'ais pas le courage prendre place devant...

– Pff bien sûr que si ! Rigole–t–il en s'asseyant à mes côtés.

Je plonge mon regard marron dans le sien, gris. Une nouvelle traînée de frissons me parcourt. Je dois faire diversion, afin d'échapper à ces sensations étranges qui ne me plaisent pas du tout...

– Tu l'as déjà fait ? Je demande légèrement mal à l'aise.

C'est étrange... Tout le monde me prend pour une personne sure d'elle alors que je m'emmêle les pinceaux dès que je dois prendre la parole face à quelqu'un... Je crois que j'ai moi-même des préjugés sur ma personne, il va vraiment falloir que j'apprenne à me connaître un jour !

– Mhhh... En fait non... soupire–t–il alors qu'un sourire amusé s'étire sur mes lèvres.

– Mauviette, murmuré–je en tirant la langue.

– Il y a une première fois à tout, n'est–ce pas ? Me provoque–t–il d'une manière très peu gracieuse.

Je lui jette un regard noir lourd de sens tout en répondant sans me laisser démonter :

– Ouais, et je ne pensais pas que tu la fasse avec moi mais bon... pourquoi pas !

Aucun de nous ne sait plus trop de quoi nous parlons. Les sous–entendus pèsent lourds, nos mots se mêlent. Je n'entends même plus la musique rugissante, je n'entends que sa voix contredisant la mienne.

– Tu me tutoies maintenant ? Demande-t-il, semblant seulement s'en rendre compte maintenant.

– Ouais, ça te plaît ? Je réponds alors que le départ est annoncé.

– Oui... répond–t–il avant que le wagon ne s'ébranle.

– C'est parti... chuchoté–je déjà ivre de ces douces sensations.

La locomotive commence par une descente en piqué à vive allure, envoyant dans les airs mes cheveux bruns encore humides. Je lève les bras en l'air en criant, le vent est si fort que mes yeux pleurent. Mon cœur explose dans mon corps, je tourne la tête vers Carter, un sourire éclatant éclaire mon visage. Lui semble légèrement tendu, ses mains son crispée autour de la barre de sécurité et il est aussi rigide que l'acier. Dans un élan d'adrénaline, je prends ma main dans la sienne et lève les bras en l'air. À présent il crie, sa main serre si fort la mienne qu'il me la broie presque. Le wagon accélère encore, tant en si bien que je suis forcée de remettre mes mains sur la barre, mais les doigts de Carter restent emmêlés aux miens. La vitesse est tellement euphorique ! Je me sens merveilleusement bien, plus aucune pensée n'encombre mon esprit. Je me sens vide, libre, vivante...

AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant