Version relue et améliorée
– Il faut que tu te changes Noémie, déclare Carter en me tendant mes vêtements, tu vas attraper froid...
– Ouais... d'accord... je soupire alors qu'il sortait de la pièce.
Je retire ma combinaison et mon T–shirt blanc couvert de sueur et je remets mon débardeur noir et mon jean bleu. J'ai la chair de poule, je suis gelée... Quand je sors, je demande à Carter son sweat qu'il me tend avec un petit sourire.
Je l'enfile puis essuie mes yeux marron emplis de larmes. Je prends une grande inspiration et nous rejoignons Jérôme à l'entrée du circuit... Il me serre dans ses bras avec un grand sourire se voulant rassurant. Je retiens mes larmes, je ne veux pas pleurer une nouvelle fois...
– Je te raccompagne ? Me demande Carter en attrapant ma main.
J'acquiesce avec un petit sourire triste, nous marchons jusqu'à la voiture qu'a louée Carter. C'est une voiture de sport bleue électrique, coupée de manière à être le plus aérodynamique possible. Dans d'autres circonstances, monter dans cette voiture alors que Jérôme me l'interdit formellement aurait été source d'adrénaline. Mais là, je n'arriverais pas à en profiter, je suis tellement traumatisée par ce qu'il s'est passé sur le circuit je ne sais pas si je vais pouvoir conduire après demain.
– Tu peux dormir avec moi cette nuit ? Lâché–je sans réfléchir.
– Dans ta chambre ? Demande–t–il gêné.
Non, dans ma baignoire, idiot... pensé-je excédée.
J'estime beaucoup Carter, mais ce qu'il peut être bizarre parfois...
– Ouais... s'il te plaît... réponds-je avec un sourire crispé.
– D'accord... T'es sûre que ça va aller ?
– Ouais, je n'ai pas d'autre choix de toute façon. D'ailleurs, on va faire du bateau demain du coup ?
– Bien sûr ! T'as gagné quand même Noémie !
– Je n'arrive pas à m'en réjouir... J'ai peur qu'il m'en veuille !
– Il ne peut t'en vouloir que si tu te gâches la vie à cause de sa mort... Je t'en prie Noémie, souris !
– Pardon... T'as raison... je soupire alors qu'il se gare sur le parking de l'hôtel.
Je sors de ma voiture en lui souriant sincèrement et il attrape ma main. Nous rentrons dans le hall de l'hôtel, je le conduis dans la chambre. Une fois à l'intérieur, je quitte mes baskets et m'affale sur mon lit.
– Je vais prévenir la réception que je passe les deux prochaines nuits ici, m'informe Carter, je reviens t'inquiète pas !
J'acquiesce d'un hochement de tête en allumant la télé alors qu'il quitte ma chambre. Je tombe sur les informations, j'ai envie de quitter mais c'est impossible. L'image de Carter remplie l'écran de la télévision, les battements de mon cœur bien trop sollicité accélèrent encore... Sa mère va me décapiter, je n'imagine même pas les horreurs qu'elle pense de moi en ce moment.
– "Carter Scott, aux côtés de la célèbre pilote Noémie Parker après la victoire, massacrante, c'est le cas de le dire, de celle–ci. Le directeur commercial de l'entreprise de voitures connue à l'échelle mondiale soutiendrait le meurtre qu'aurait commis selon les enquêteurs Mlle Parker. Rien n'est encore sûr, mais la carrière de Noémie Parker est en jeu aujourd'hui même..."
– Je ne l'ai pas tué putain de merde ! Je m'écris en brisant d'un grand coup de poing la télévision.
Ma main saigne, mais je m'en fous, je déteste ces putains de journalistes ! Ils foutent en l'air mon travail, ma passion en me faisant passer pour coupable du meurtre d'un ami, de mon meilleur ami ! Si seulement ils pouvaient filmer autre chose que la course ! S'ils pouvaient allumer leur caméra dans ma chambre, pour filmer mon état actuel. Mes yeux sont rougis par les larmes, mes poings ensanglantés. Je suis tremblante de peur, de haine, de dégoût... Ils n'ont pas le droit de faire ça ! Ils n'ont pas le droit de m'accuser de meurtre alors que j'essaie de me remettre de l'accident. Je les déteste ! J'ai envie de courir sur mon balcon, leur crier que je n'ai rien fait et que je n'en mérite pas leur haine !
Putain c'est ce que je vais faire, je mets en vitesse mes chaussures et sors de ma chambre. Je descends au rez–de–chaussée par les escaliers et sors dans la rue. Des dizaines de photographes et de journalistes attendent devant la porte, je les regarde les yeux pleins de haine en déclarant de ma voix la plus détendue :
– Arrêtez de publier ces conneries sur moi ! Laissez moi d'abord digérer la mort de John Miller ! C'est un ami depuis toujours, on a conduit ensemble pendant plus de dix ans ! C'est lui qui me servait de taxi pendant mes années de lycée, lui qui m'a appris les bases de la conduite. Et vous osez m'accuser de sa mort ! Ce n'est pas de ma faute ! C'est lui qui a accéléré alors que ses pneus ne tenaient plus sur la route ! Il a voulu tenter le diable et ça n'a pas marché ! Jamais je ne lui ai dit d'accélérer, de continuer la course ou quoi que ce soit d'autre ! Alors peut–être que vous manquez d'argent en ce moment, mais trouvez un autre moyen d'en gagner qu'en me rabaissant à une meurtrière ! Il ne se passe pas deux secondes, depuis que j'ai appris qu'il était mort durant lesquelles je ne m'en suis pas voulue ! J'essaie de passer à autre chose, de me dire que je n'aurais rien pu faire pour empêcher ça, alors s'il vous plaît, au lieu de m'enfoncer dans la rancœur, vous devriez m'aider à passer au dessus de ce dramatique accident !
Je regarde les journalistes en face de moi, des larmes menacent d'échapper de mes yeux mais je les retiens, ils n'obtiendront pas ce qu'ils veulent. Ils n'auront pas ma vulnérabilité ! Je fais demi–tour et retourne à l'intérieur de l'hôtel. Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ? C'était ce qu'ils voulaient, des paroles poignantes et un drame qu'ils n'auraient qu'à romancer à leur manière. Et moi, je leur ai donné sans réfléchir, j'ai déversé ma haine. Mon esprit dévasté n'a pas pensé aux conséquences, comme toujours... Je monte les escaliers en courant, sentant de chaudes larmes couler le long de mes joues rougies par la colère. Je rentre dans ma chambre et m'assois sur mon lit. Je regarde ma main droite, abîmée par l'écran de la télévision. Tu n'aurais pas dû faire ça John !
– Qu'est–ce qu'il s'est passé Noémie ! S'écrit Carter en rentrant dans ma chambre.
Je le regarde mes yeux rouges emplis de larmes. Ses yeux descendent sur ma main ensanglantée. Son visage se vide de toute couleur. Il court vers moi et attrape doucement ma main blessée.
– Mais t'es complètement folle ! Qu'est–ce qu'il s'est passé ? Pourquoi la télévision est en milles morceaux ?
Je le serre contre moi en essayant de contenir mes sanglots, ma gorge est nouée par la honte.
– Les journalistes... ils ont dit que je l'avais tué... je murmure contre son torse.
– Mais tu sais très bien que c'est faux !– Ils ont parlé de toi ! De notre... notre relation... ils ont dit que tu "défendais la meurtrière" !
– Arrête de les écouter ! Viens, il faut soigner ta main, répond–t–il en me traînant dans la salle de bain.
Pendant qu'il me soigne et que je lutte contre moi–même pour rester éveillée. Je me surprends à l'observer, j'ai l'impression qu'il est plus beau de jour en jour... Déjà j'adore ses yeux gris, ses cheveux noirs, son visage aux traits marqués. Il est magnifique, concentré comme ça afin de retirer les bouts de verre glissés sous ma peau. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou autre chose, mais je le trouve parfait. Il est gentil avec moi, il me rassure, il me fait confiance... J'ai l'impression de tomber amoureuse de lui, lentement mais sûrement ! Pas de doute, c'est la fatigue...
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Adrénaline
RomanceJe me considère comme ayant eu deux vies ; l'enfance, et l'âge adulte. Quand j'ai débuté ma nouvelle vie, j'ai tout fait pour me libérer de l'emprise qu'avait sur moi la première. J'ai tout quitté, je suis partie. Quand j'ai débuté ma nouvelle vie...