La porte du malheur

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Partie 20 :

*************************Bonne lecture****************************

La petite Suzie était toujours dans mes pensées, jamais je n'ai pu l'oublier. J'eus aussi des pensées éphémères pour Aicha, notamment cette nuit de notre anniversaire de rencontre. Mais j'étais tellement obnubilé par Suzanne que j'avais même oublié à quel point cette nuit était magique. Son beau visage d'ange me revenait comme si elle se reflétait sur ces murs lourds. J'avais passé toute la nuit éveillé, comment pourrai-je dormir dans ces conditions ? Mais lorsque je regardais tout autour de moi et que je voyais tous les autres dormir à poings fermés, j'ai compris que c'était juste une question de temps, plus tard je m'habituerai, plutôt je serai obligé de m'y habituer. Puis à un moment donné je reçu sur ma bouche, un pied de l'un des prisonniers, ses sales orteils avaient effleurés mes lèvres, je fus dégouté. D'un geste brusque, je me relevai et je m'adossai sur le mur jusqu'au petit matin. Très tôt à l'aube, je vis les détenus se lever un à un, longés un petit couloir et faisait le rang pour aller aux toilettes. Et déjà la nuit, je me demandais déjà quel serait l'état des toilettes si déjà les chambres était comme ça. Mais c'était pire que tout ce que j'aurai pu imaginer. Rien qu'à y penser je pourrai avoir des nausées pendant une bonne semaine. C'est ce jour qu'ont commencé des choses dont je n'ai jamais aimé parlé. Elles étaient séparées juste par un petit mur, une pour prendre un bain et l'autre qui disposait d'une chaise en très piteux état. Les détenus ne voulaient pas faire la queue deux fois, de ce faite il était quasiment impossible de faire la distinction entre ces deux toilettes. On disposait que d'à peu près deux minutes, puis on entendait d'autres taper sur la porte ordonnant de sortir. Ensuite vint l'heure du petit déjeuner, une miche de pain est tranché en sept parties qu'on se partageait avec chacun une petite tasse de ''quinquéliba'' (tisane) sans sucre ou parfois avec du sel, cela dépendait juste de leur humeur et de leur budget. Puis après le petit déjeuner, ce fut ma première matinée dans cette prison. Je me contentais de m'asseoir dans mon coin et de les entendre discuter. De petits clans se formaient, on sentait que quelques personnes avaient plus d'affinités entre eux. Je les entendais raconter leurs petites histoires, et certains se permettaient même de rire aux éclats, ils étaient complétement habitués à cette nouvelle vie, et n'avaient sans doute plus de pensées d'homme libre. D'autres jouaient avec des paires de cartes et chacun essayait désespérément de tromper cet ennui mortel à sa manière. Moi, je me contentais d'écouter le bruit des voitures dehors, les embouteillages, le bruit des klaxons, d'entendre des autres détenus des chambres voisines conversaient. Je regardais le ciel et les rayons de soleil qui traversaient ce petit espace en grille. Et comme un petit enfant, je regardais le décor, je comptais les insectes dans la chambre, les couches et les cafards qui sortaient des toilettes. Et à chaque fois que je recommençais le décompte, ils étaient beaucoup plus nombreux. Ensuite, c'était l'heure du déjeuner, et cette fois-ci j'avais l'honneur de voir de mes propres yeux, ce que j'appelais non pas le riz au poisson mais le ''riz au poison''. Plus connu sous le nom de ''Djaguan'', ce riz en dépit de son odeur insoutenable, nauséabonde, pouvait, si vous le lancer sur le mur, y rester coller. Il était cuisiné qu'avec du sel rien d'autre, une petite carotte ou parfois un petit morceau de patate, sans compter un petit poisson pourri, assurait le décor de ce plat. Jamais je ne pourrai le manger, l'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Je restais émerveillé devant certains prisonniers qui par peur de mourir de faim, mangeaient les yeux fermés, d'autres étaient sans doute habitué. Certains d'eux avaient toutes les dents gâtées à force de manger cette horreur. Heureusement que le chef de chambre, qui bénéficiait d'une très bonne alimentation, la même que celle des gardes pénitenciers, disposait d'un peu de bienfaisance et m'avait invité à manger avec lui. Il m'expliqua que c'était tout à fait normal d'éprouver de la répugnance, puis il me confia qu'en effet cet établissement était créé pour juste 400 personnes, avec un bon budget journalier pour chacun. Mais aujourd'hui il y'a plus de 2000 détenus et le budget n'avait pas changé en fonction de cette augmentation, donc les dirigeants étaient obligés de se débrouiller avec, de ce fait, il n'y aura jamais ni quantité, ni qualité, il y'aura juste le minimum pour leur permettre de survivre en attendant, mais il y'aura jamais quelqu'un pour le dénoncer, parce que tout simplement personne ne s'en soucie. C'est généralement lorsqu'une autorité y crèche, c'est juste à ce moment qu'on se permet d'avoir une petite pensée pour eux. Alors qu'a tout compte fait, personne n'est épargnée, tout un chacun peut un jour y passé, le marabout, le pieux, le gentil, le méchant, le coupable, l'innocent. il me demanda si j'avais de la famille, je lui répondais par l'affirmatif, puis il me dit d'essayer de leur joindre pour leur communiquer le numéro de ma chambre pour qu'il puisse m'amener à manger. Je me contentais de manger, d'écouter et d'acquiescer de la tête. Ici ce n'était pas à la maison ou je pouvais ni contester et dire ce que je voulais, ici c'était la loi du plus fort et de la corruption. Puis il continua, m'expliqua qu'ici que tous étaient corrompu, les gardes, les chefs, tous sans exceptions. Avec tous les détails, je savais après avoir quitté la table, comment ils réussissaient à se fournir des cigarettes, chanvres et comment il faisait pour les fumer dans les toilettes durant la nuit. Mais pour ma sécurité personnelle MDR, car j'ai aucune envie d'y retourner, je me priverai de vous donner plus de détails la dessus. Juste après c'était l'heure de la promenade, comme dans les films, je voyais les gardiens tout autour. Les tours de gardes étaient plus renforcés, nous contraignants à la conformité et sollicitaient notre docilité. On pouvait voir pleinement le ciel, sentir et respirer l'air frais de la mer d'à côté, percevoir clairement le bruit des vagues, me rappelant mes promenades avec Aicha tout le long de la corniche. Tous ces détails qui, en liberté, étaient tellement insignifiants, tellement ordinaires, deviennent de plus en plus très importants. Comme si on donnait tout d'un coup un sens plus aigu à ces choses. On les percevait différemment, nos sens de l'observation, du goût, de l'ouïe ressentaient de nouvelles sensations. Chaque détail nous renvoyait à un instant, un lieu très précis de notre passé. C'est à ce moment où l'on regrette vraiment d'être ici. On sentait que la prison prenait ce qu'il y'avait de plus important en nous. C'est là où l'on donnait une véritable illustration des mots comme cruauté, intolérance, injustice et oppression. La promenade dura à peu près une heure de temps. Apres on était de retour dans nos chambres, et déjà vers 18h il commençait déjà à faire presque nuit, même c'était presque toujours la pénombre dans ce trou. Un peu avant 19h c'était le diner, un petit bol de couscous avec du poisson, l'odeur et le gout, je vous laisserai deviner. Il y'avait rien de consommable, rien d'humain. La nuit passa très vite, et avec ce chaleureux comité d'accueil des moustiques et punaises, je ne pus dormir qu'à peu près une heure, ou même moins. Le lendemain, je suivis le conseil du chef de chambre, je pus communiquer à ma mère le numéro de ma chambre et l'après-midi j'avais un bon bol de riz fait maison. Elle me disait qu'elle m'avait envoyé hier à manger mais vu qu'il y'avait pas d'étiquette mentionnant mon nom et le numéro de ma chambre, les gardes l'avait surement consommé. Je les accuse pas, c'est juste une supposition hein, je tiens bien compte de tout ce que je dis. En ouvrant le bol, j'avais constaté que tout avait été remué, le riz mélangé avec les légumes et tout de telle sorte qu'on perdait même l'appétit. C'était surement pour voir quelque chose n'avait pas été caché à l'intérieur. C'était la première fois depuis que j'étais en prison, que j'avais vraiment mangé à satiété, et je pus même dormir un peu après la promenade quotidienne. Elle me fit parvenir aussi quelques accessoires dont j'aurai surement besoin : brosse à dent, pâte dentifrice, savon, lunettes de soleil pour éviter les rayons du soleil durant les promenades vu qu'on reste à peu près 22heures dans la pénombre. Mes premiers jours furent très difficiles. Mais j'essayais de m'habituer, de me débrouiller, de tenir le coup tout en espérant que mes parents s'activaient continuellement pour me sortir de là. Pour ma mère, je sentais que ça l'affectait beaucoup et pour mon père, ma mère me disait qu'il cherchait un avocat, mais ça tardait. Ensuite c'était lendemain, puis le surlendemain, les jours passèrent je commençais à m'habituer même si c'était très difficile, je m'efforçais, avec le peu d'espoir que j'avais de très vite sortir, d'essayer de survivre. Mes nuits devenaient meilleurs, je parvenais à trouver le sommeil la nuit. Je réussi aussi à me faire quelques amis, je ne savais pas si c'était de vrais amis ou si c'était juste parce qu'ils voulaient que je partage avec eux mes repas. Vu que j'étais entouré de bandits, de truands, qui tous cherchaient leurs propres intérêts, je n'avais personne à qui me fier, sauf au chef de chambre qui depuis le début était de bon augure. Les gardes pénitenciers aussi était très sympa avec moi, j'étais même favorisé, ils essayaient tous de me mettre dans les meilleures conditions possibles, c'est après que j'ai compris que ma mère mettait quelques billets dans le morceau de tissu qui couvrait mes repas. Je compris alors la raison de toute cette attention, et ces traitements de faveur dont je bénéficiais. Et c'était toujours comme ça, un prisonnier qui n'avait aucun soutien financier extérieur, qui ne recevait aucun repas journalier, n'avait aucun droit, et vivait dans de très mauvaises conditions. Contrairement à celui qui reçoit de l'argent, de la nourriture, soudoie des billets de banque aux gardes, obtient des faveurs spéciales très diverses comme l'acquisition de paquets de cigarettes, un matelas la nuit, de la protection des gardes et des prisonniers les plus redoutés, d'un temps plus longs dans les toilettes ainsi qu'une attention très particulière. Dans cette prison, c'était la loi de la force et de l'argent soit tu as l'argent, soit tu as la force. Et même ce dernier point n'était pas toujours fiable, les gardes étaient toujours prêts à dompter à coups de matraques ceux qui s'aventuraient à vouloir dépasser certaines limites, ou à faire la loi. En plus une semaine passa et je reçu enfin la visite de mon avocat. On m'avait conduit dans une petite salle et il m'attendait. Il était de petite taille, une tête énorme, sa barbe était si noire qu'elle avait des reflets bleus. Ses yeux gris s'abritaient sous de grandes touffes noires, Il allait même de la peine à se lever tellement il avait le ventre gros, je m'approchai de lui et le saluai, il m'invita à m'asseoir. Il restait silencieux quelques minutes, se penchait et lisait des papiers dans une grosse enveloppe. Puis il se redressa ôta ses lunettes de son visage ridé, se frotta un peu les mains, me regarda un peu puis débuta :

Lui : Je lisais ton dossier. Bref avant je me présente, je suis Monsieur Bathily, je serais ton avocat, j'étais un ancien promotionnaire de ton père, il m'a engagé pour te sortir de là.

Moi : D'accord Monsieur

Lui : Bon entrons dans le vif du sujet, on a plus beaucoup de temps. Tu sais bien que ton père a les moyens, et il connait beaucoup de monde donc tu vas être jugé au plus tard la semaine prochaine

Moi : Ok Monsieur

Lui : Bon ton père m'avait dit que tu avais été piégé, c'est bien cela ?.

Moi : Oui Monsieur

Lui : D'après ce que j'ai lu, il sera difficile de le montrer, quelles informations disposes-tu pour prouver ton innocence ?

Moi : Je n'ai pour l'instant aucunes informations

Lui : Tu soupçonne quelqu'un ou quelqu'une ?

Moi : Non

Il se pencha en avant avec une grande gravité, avec sa figure et ses mains projetées vers moi, et adopta un ton calme et menaçant

Lui : Ecoutes moi bien, pour pouvoir te sortir d'ici, j'ai besoin de tout, je dis bien tout, avec les détails, ce qui s'était réellement passé avant le jour de ton arrestation, sois coopératif et dis-moi la vérité et je te ferai sortir d'ici.

Moi : Ok Monsieur, je me soumettrai à toutes vos conditions.

Lui : Ok, on recommence, racontes moi tout ce qui s'est passé avant ce jour, les personnes que tu fréquentais, tes amis, les lieux que tu fréquentais, avec qui tu avais passé la nuit, ou ? Je veux tout,

Stylo en main, il s'apprêtait à prendre note sur un papier blanc,

Je lui racontais tout ce qui s'était passé, mais j'avais omit certaines parties, notamment le plan à trois, je lui avais juste dit que j'étais dans cet appartement avec Suzie et une de ces amis, et que nous avions rien fait ce jour-là. Je ne pouvais pas courir le risque qu'il le dise devant tout le monde. Vu qu'il y'aurait un public, je devais bien revoir ce que j'allais dire pour ne pas risquer de gâcher ma réputation ainsi que celle de mes parents. De toute évidence la mienne était déjà détruite, mais il fallait coute que coute préserver celle de la famille. A la fin de mon récit, un scepticisme brillait dans ses yeux insolents.

Lui : Tu es sur que c'est juste ça ? Tu m'as tout dis ? Ce soir qu'est-ce que vous aviez fait ?

Moi : On était juste parti dans une piscine party, ensuite nous sommes allé dans un appartement et je me suis couché, j'étais un peu épuisé.

Il se frotta le visage, et empoigna son barbe, puis poussa un petit soupir avant de continuer

Lui : Bon tout accuse cette petite Suzie, on va devoir tout miser sur elle, ça sera notre seule issue possible, on se verra surement encore une dernière fois avant l'audience, pour l'instant essayes de te souvenir encore, il y'a surement des détails importants dont tu as omis de me dire, à notre prochaine rencontre on fera l'appoint, moi de mon côté, je vais essayer de contacter ton père pour qu'on essaye de trouver Suzie.

Moi : Ok merci,

Lui : As-tu quelques choses à rajouter ? Des questions ?

Moi : Non...

- Non attendez, combien d'années je risquerai si seulement on me déclarait coupable ?

Lui : N'y penses surtout pas, tu n'es pas coupable, mais saches que si vraiment tu es déclaré coupable tu passeras assez de temps pour te faire regretter d'avoir pas fait l'impossible pour sortir d'ici.

Sur ce, il se retira et je retournai dans ma cellule. Je repensais à tout ce qu'il disait, j'avais compris que pour sortir d'ici je devais dénoncer Suzie, aurait je courage de le faire ? Rien ne prouvait qu'elle était responsable de tout cela. Je devais en outre étaler mon l'histoire en public, dire tout ce qui s'était passé ce soir, le plan à trois, tout, tout devait ressortir. J'étais devant un dilemme, devais je tout dire, dénoncer quelqu'une qui pourrait être innocenté, étaler toute ma vie et prétendre peut-être l'acquittement, ou me taire et passer des années dans cette prison.

Chronique de Mystery [Términé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant