L comme Liberté

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Partie 24 : *Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté***************

***************************Bonne lecture************************

Ainsi je gardais l'espoir de revoir un jour la petite Aicha, elle m'avait fait la promesse, et je savais que tôt ou tard, elle la tiendrait, donc j'attendais avec impatience. Ainsi depuis que j'étais dans cette cellule, c'était la toute première fois que je retrouvais une joie insensée, ce petit espoir qui naissait entre ces quatre murailles de pierres nues et froides, sans liberté pour mes pas, sans horizon pour mes yeux, pour unique distraction machinalement occupé tous les jours à penser, à rêver. Bien que ce fusse qu'une petite consolation. Ainsi les jours passèrent et j'essayais tant bien que mal de tenir le coup. Ainsi je m'adaptais à l'inconfort du train-train quotidien, ainsi qu'à tout ce qui me semblait familier et répétitif. Je commençais à sympathiser avec les gardiens ainsi qu'à tous les autres détenus, j'avais plus que des amis, j'avais des frères. Je commençais à avoir une nouvelle vie en prison, de nouvelles fréquentations, et de nouvelles visions. Je sentais que je devenais beaucoup plus mature, beaucoup plus prévoyant. Comme si mon esprit avait été formaté, je devenais une autre personne. Je savais que la prison était faite pour punir nos actes, pas nos espoirs. Il faudrait bien plus pour réussir à m'anéantir. Je m'étais convaincu que je devais survivre dans cet enfer, je devais réparer mes erreurs, je devais faire payer à la personne qui m'a piégé, j'étais bien destiné à savoir qui était derrière tout cela, je ne peux pas perdre six années de ma vie, perdre mes études, mon voyage, mon avenir pour rien et laisser le responsable mener sa belle vie, je vais pourrir sa vie comme il a pourri la mienne. Cette vendetta, comme une vorace volition votive me possédait et se présentait à moi à chaque heure, à chaque instant, sous une nouvelle forme, toujours plus hideuse et ensanglantée. Dans ce trou, ce jour de mardi, ma tête pesante et embrasée dans mes deux mains, qui en avaient plus qu'elles n'en pouvaient, porter, mes coudes sur mes genoux, que j'avais retrouvé ce que je croyais avoir perdu, j'avais retrouvé la force et le courage de continuer à lutter pour un jour retrouver tout ce que j'avais cru perdre. J'étais conscient qu'un long chemin pénible m'attendais et que aussi abrégé que serait cette peine, il y'aura bien encore plus d'angoisses, de terreurs, de tortures qui la rempliront mais je me sentais prêt à l'affronter, j'étais un homme après tout, et cela ne servait à rien de passer mon temps à me lamenter sur mon sort. Bien que je savais que ni le soleil, ni l'été à Gorée, ni les fleurs, ni les oiseaux qui chantaient le matin de bonne heure, ni les nuages, ni les arbres, ni la liberté, tout cela n'était plus à moi pour encore bien longtemps. Sans compter le fait que l'odeur étouffée de la prison qui me suffoquait plus que jamais. Et moi qui était toujours gâté par mes parents, je menais la belle vie, je manquais de rien, j'avais presque tout ce qu'on pouvait rêver. Une belle enfance, une belle jeunesse, genre une étoffe dorée dont l'extrémité est sanglante. Je me disais que si un jour, on lisait mon histoire, après tant d'années d'innocence, nul ne pouvait croire à ces années exécrables qui s'ouvrent par un piège et se clôt par une condamnation. Et pourtant misérables lois ! Je n'étais point un méchant. Et si je pensais qu'il y a quelques mois, à pareille heure, j'étais libre et je faisais des promenades nocturnes à la Corniche, je marchais au bord de la mer, pieds dans l'eau. La semaine après, je reçu la visite de ma mère, ainsi que celle de mon père la semaine d'après. Ce dernier, ses paroles m'avaient semblé inutiles, et j'étais resté indiffèrent. Contrairement à ma mère qui sa vue m'avait fait beaucoup de bien, bien que j'étais un peu égaré, j'avais à peine entendu ce qu'elle me disait, je répondais juste par ''Oui Maman'', « Ne t'inquiètes pas Ma ». Et comme elle me l'avais promis, deux semaines après, la petite Aicha revint me rendre visite, une mine triste, elle m'avait expliqué qu'elle était un peu malade, elle n'avait pas voulu me dire qu'est ce qu'elle avait, mais je lisais dans ses yeux que c'était sans doute à cause de moi, mon incarcération lui faisait beaucoup de peine. Et j'étais désolé de lui infliger encore une telle souffrance. Malgré tout cela, elle était toujours là. Et deux semaines encore elle se représenta à nouveau. Nos discussions devenaient de plus en plus tendues, elle avait fait disparaitre ce sentiment de culpabilité qui je trainais depuis le jour de l'audience. Et on se sentait bien, comme lorsqu'on sortait ensemble. On retrouvait petit à petit la complicité et la compréhension qu'on avait. Ils nous arrivaient même de rire en nous rappelant de certains moments de notre passé, et cette joie disparaissait de lors que nos esprits revenaient sur ma situation actuelle. Et là, une mine triste se dessinait sur son visage, et je compris que ses sentiments pour moi n'avait jusque-là pas disparu. Puis elle me confia que Moussa avait appris qu'elle venait me voir, et qu'il était très furieux et drainait une rage obstinée. Il ne comprenait pas comment elle pouvait faire cela après tout ce mal, moi qui l'avais tant fait souffrir. Il croyait que c'était à cause de moi que jusqu'à présent Aicha n'avait pas répondu à sa demande en mariage, et il ne cessé de la harceler et lui forcer la main, elle me disait que cela l'agacer et qu'elle était sans doute sur le point craquer. J'essayais de savoir en vain pourquoi elle ne voulait pas accepter, elle me répondait juste qu'elle n'était pas encore prête à se marier, mais Moussa pensait juste que c'était au cause du fait qu'elle me voyait à nouveau que sa réponse tardait. C'était bien possible, sinon pourquoi attendre ? Moussa avait tout ce qu'elle pouvait rêver. Le genre d'homme beau, costaud, une bonne situation, un métier de rêve, un cœur qui l'aimait. Dans tous les cas, je n'essayais pas d'influencer sa décision, je pensais bien qu'elle était assez mature pour savoir ce qu'elle voulait.

Chronique de Mystery [Términé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant