Visite innatendue

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Partie 23 :

De retour dans ma cellule, j'étais assis dans un coin, recroquevillé sur moi-même, ma tête sur mes genoux et j'essayais de réfléchir sur ma situation, même si mon esprit était défectueux à ce moment. Je me disais que c'était sans doute un rêve, et que je n'allais pas encore passer 6 longues années ici, c'était impossible, déjà j'avais du mal à tenir deux mois. C'était à la fois malheureux et injuste, qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça ? La personne qui m'avait fait ce coup, avait-elle le moindre remords ? Je pense bien qu'elle n'avait aucune idée du malheur que pouvait être une seule journée en prison et à quel point elle détruisait petit à petit chaque partie de notre être. J'imaginais déjà mes 6 prochaines années, je pensais à mon avenir, à mes études, à mon voyage aux états unis, qui était pour moi, un rêve depuis l'adolescence. Je pensais à ce que j'allais devenir après. Puis je pensais à Aicha, qu'était-elle venue faire la ? Son amour était si fort que pendant tout ce temps, elle n'a pas pu m'oublier ? C'était juste une supposition, dans tous les cas, si elle est vraie, je dois reconnaitre aujourd'hui que j'avais fait le mauvais choix, mais hélas c'était trop tard. Cependant, il y'a un principe simple de l'univers qui veut que chaque action crée une réaction égale et opposée, c'était une simple équation, j'avais brisé un cœur, et le flash-back me sera très fatal. Et aujourd'hui je suis la non pas pour payer pour cette affaire de drogue, mais pour payer pour mon choix, celui que j'avais fait en détruisant un cœur. Je l'approuvais dans ma prison. Ensuite j'essayais de me résonner, de ne plus y penser. Je regardais le ciel à travers la petite fenêtre de cette chambre obscure, je m'efforçais de m'y intéresser. Il devenait vert, c'était presque le soir. Je vis les autres faire la queue pour prendre la repas du soir, j'avais perdu mon appétit, je restais dans mon coin, j'avais rien mangé. J'essayais d'écouter mon cœur, je faisais encore des efforts pour détourner le cours de mes pensées. J'avais les yeux fixés sur le sol, à ce moment-là, je ne pus retenir mes larges. Je pleurai, comme un enfant, c'était plus fort que moi. Je claquais des dents sans pouvoir me retenir, mes regrets au bout de mes lèvres. La nuit tomba et je ne pus trouver le sommeil, non pas par ce que les punaises couraient sur mon visage, mais j'avais des pensées de prisonnier qui allait faire 6ans de plus en tôle. Mes pensées d'hommes libres avait disparu. Le lendemain matin, je reçu la visite de ma mère, puis de mon père ensuite, il s'emblait cependant un peu plus doux que d'habitude, une mine triste comme un soldat qui avait perdu la guerre, on avait un peu conversé puis il s'était retiré. Puis de jours en jours, j'essayais de m'arranger avec mon temps, de toute façon, je n'avais pas le choix. J'eus des pensées suicidaires, je me disais que la mort était surement la meilleure solution pour sortir de ce cauchemar, ensuite je me dis qu'il fallait sans doute essayer de tenir le coup. Si beaucoup de gens l'on tenu, pourquoi pas moi ? ou même pensé à m'évader, un saut hors du rite implacable suivi d'une course à la folie qui offrirait sans doute toutes les chances de l'espoir, mais, naturellement en prison, on perd parfois la raison, c'était tout à fait normal. Tout bien considéré, c'était sans doute un luxe dont je pouvais me permettre. Tout me l'interdisait. Malgré ma bonne volonté, j'avais du mal à accepter cette certitude insolente. Des jours passèrent et je ne pus trouver l'appétit que 3jours après, après avoir bien réfléchis, je me suis dit qu'il ne servait à rien d'en faire tout un drame. Et tout devenait beaucoup plus facile lorsqu'on savait qu'on n'était pas prêt d'en sortir. Du coup on essayait de vivre avec, tout en rêvant du jour ou l'on nous ouvrirait la porte vers la liberté. Ces premiers jours furent très difficiles pour moi, je promenais toute la journée une nausée perpétuelle, j'avais arrêté de fumer. Tout le problème était de tuer le temps. Pour cela les promenades quotidiennes, la lecture de mes bouquins que je lisais et relisais, la remémoration de mes souvenirs de ma vie antérieure, j'essayais de m'occuper, j'avais même fini par perdre la notion du temps. Bref cela n'avait plus aucun sens pour moi. Puis de jours en jours, mes nuits devinrent meilleures, je pus trouver petit à petit le sommeil. Je n'avais jamais compris à quel point les jours pouvaient être à la fois longs et courts. Long à vivre sans doute, mais distendus qu'ils finissaient par déborder les uns sur les autres. Ils y perdaient même leur nom. Les mots hier ou demain étaient les seuls qui gardaient un sens, pour le reste la date n'avait aucune importance. C'était comme si c'était le même jour qui se déferaient dans cette chambre ou la même tâche que je poursuivais. Une semaine après, je reçu la visite de Maman encore, et c'était toujours la même chose, c'était toujours les même reproches, pour eux je devais dénoncer Suzie, car ils étaient tous convaincus que c'était elle. Ils ne pouvaient pas comprendre le fait que durant tout le procès je n'ai pas mentionné son nom, et pourtant si je l'avais fait, je ne serais pas là aujourd'hui, peut-être, en matière de justice rien n'est sûr. Je l'écoutais d'une oreille distraite, j'avais la tête ailleurs et il était trop tard pour les regrets, en ce moment j'avais plus besoin de soutiens morals, jusqu'à ce qu'elle prononce le nom de Aicha, ce qui attira mon attention. Elle me raconta qu'elle était passée à la maison une semaine avant mon audience, pour demander de mes nouvelles. Ma mère l'avait raconté tout ce qui s'était passé dans les moindres détails, puis lui avait communiqué la date de mon procès, elle pleurait, elle était très malheureuse. Elle me confia qu'elle était vraiment surprise de la voir réagir de la sorte après tout le mal que je lui avais fait. Puis elle termina par « A présent, ton plus grand regret n'est plus le fait que tu sois en prison, mais le fait que tu ais perdu une si bonne femme » Puis elle s'en alla, me laissa seul. Durant toute la nuit, je n'avais cessé de penser à cette dernière phrase. Mon amour pour Suzie avait contribué à perturber mon jugement et à me priver de mon bon sens. Bien vrai que je ne pouvais jusque-là prouver que c'était un de ses pièges, m'aimait-elle ? Ou est ce qu'elle faisait tout ça juste pour me tenir en laisse et me piéger au moment voulu? Tout ce que je savais, c'est que ce désir que j'avais pour elle avait pris ce qu'il y'avait de meilleur en moi. Mes pensées suicidaires revenaient, j'étais convaincu que je ne vivrais pas encore très longtemps et je voulais raconter ma vie, je voulais partager mon vécue, mes pensées, mes sentiments, cette vie en prison, alors j'écrivais, sur du papier j'écrivais mon histoire. Car j'étais convaincu qu'on pouvait abandonner son intégrité pour presque rien, même si je savais qu'en réalité c'est tout ce que nous possédons réellement, tout ce qui nous reste à la fin, et dans ce petit espace, nous sommes libres.

Chronique de Mystery [Términé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant