Mon Voyage

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Partie 3: Bonne lecture



Notre couple marchait bien, et avait duré une longue année. Pour elle c'était rien, mais pour moi cela comptait vraiment, c'était la première fois que j'avais une relation sérieuse. Vous vous demandez surement comment étaient mes relations précédentes ? bah c'était des relations libres, qui n'avaient pour fondement que le sexe et l'argent. Après tout, c'est pas si négatif que ça, chacun des parties donnait ce qu'il avait de plus précieux, et en recevait d'avantage de l'autre. Une autre avantage c'est qu'il y'a pas de prise de tête, ni trop de stress, pas de crise de jalousie. On s'aimait, notre couple marchait bien.


Le lendemain, la vie reprenait de plus belle, c'était le jour de repos. Et comme tous les dimanches, je me réveillais vers 13h, juste avant l'heure de la prière et du déjeuner, il y'avait de l'ambiance à la maison, tout le monde était là. Il y'avait ma mère, mes deux frères et une sœur qui avait respectivement 11, 14 et 17ans. Il y'avait aussi mon oncle, un confident, je lui disais tout et il me conseillait, et à l'entendre parler on sentait que ce n'était pas l'expérience et le savoir qui manquaient, il était mon deuxième papa, vu que Dad n'est jamais présent. Regroupés autour du bol, la discussion débutait. Les plus jeunes restaient toujours à l'écoute, ma mère et ma tante conversaient et comme d'habitude toujours le même thème : Festivités, comme toutes les grandes dames de leurs âges d'ailleurs. On prêtait pas trop attention à ce qu'elles disaient, cela ne nous intéressait pas. Puis ma mère prononça le nom de mon cousin et m'interpella par la suite en me disant qu'il allait se marier et que je devais y aller. Le regard dédaignant je répondis :


- Pourquoi moi Ma ?


- Parce que tu es l'ainé, ton père n'est pas là et moi je dois sortir ce dimanche, j'ai une cérémonie, faut que tu ailles faire acte de présence au nom de notre famille, en plus le voyage me fatiguera


- Le voyage ? et c'est où ?

- A St-louis

- C'est trop long Ma, en plus j'avais prévu de sortir le dimanche matin, mais ce voyage risque de me prendre toute la journée

- Arranges toi, fais ce que tu veux durant toute la semaine, mais le Dimanche tu iras à ce mariage.

- Ok, Ok de toute façon tu me laisses pas trop le choix, mais je vais pas passer la journée là-bas, juste faire acte de présence, toute sa famille me voit et je rentre aussitôt.

- Comme tu veux, en parlant de
mariage, qu'est-ce que tu attends pour te marier toi ?

- Bientôt maman, bientôt, c'est encore trop tôt.

- J'imagine que ce sera avec cette petite, je t'ai vu avec elle.

- Cette petite s'appelle Aicha, et je l'aime

- Ok, on verra bien...

Cette semaine passa vite, j'allais en cours tous les soirs. Je descendais à 20h, le trajet me prenait 30 à 40min à cause des embouteillages. C'était un temps à ne pas dépasser, je devais appeler Aicha, à 21h, tous les jours. Elle me disait que c'était un ordre. C'est à cette heure qu'elle prenait sa pause, elle était bien organisée, et avait un emploi du temps de chinois à son âge. Le samedi, comme à l'accoutumée on s'arrangeait toujours pour organiser notre petite rencontre. Cette fois ci, c'était à la corniche, une petite promenade au bord de la mer. Après quelques minutes de marche, nous nous installâmes sur un banc. J'aimais poser ma tête sur sa poitrine, entendre les battements de son cœur que j'ai réussi à conquérir, à dresser, il ne bat que pour moi. Elle me caressait la tête, elle chantait, à voix basse, elle murmurait des paroles sous mon oreille. Elle savait que j'aimais ça, j'étais comme un petit bébé qui se faisait bercer par sa maman. J'aurai tout donné pour rester dans ses bras plus de temps, toute la nuit, toute une éternité, mais un voyage m'attendait le lendemain. On se sépara plutôt que d'habitude, je l'accompagnai chez elle, et je rentrai aussitôt me coucher. Le lendemain, je me suis débrouillé pour me lever tôt, régler quelques petits détails, et je pris la route pour St Louis. Trois longues heures, j'ai roulé à grande vitesse. La famille m'accueillit, la maman de Moustapha me fait faire un petit tour, me présenta aux membres de la famille. Certains je les connaissais car ils venaient souvent à la maison voir Papa, d'autres non. Bref je pouvais pas tous les connaitre, la famille était très étendue. On raconte que mon grand-père avait 4 épouses, et personne n'a pu jusque-là, me donner le nombre exact d'enfants qu'il avait. Il ne perdait pas son temps lui, sacré grand-pa. Je cherchais un moyen de m'éclipser et rentrer, mais c'était peine perdu, je ne pouvais que rester jusqu'au soir attendre la cérémonie. Puis ma tante m'indiqua la chambre des garçons. Mes cousins était tous là, autour du thé, il y'avait même le futur marié Moustapha. On accueillait souvent des cousins qui venaient de st louis après leurs bacs pour continuer leurs études à l'UCAD, il en faisait partie, il avait fait deux ans à la maison. Par la suite il avait réussi à décrocher un emploi dans une structure basée à st louis, il a fini par rejoindre sa terre natale. Je pris place sur un petit banc juste à l'entrée après les avoir tous salué. Ils me demandaient tous des nouvelles de la famille à Dakar, si mon père était venu, ainsi que mes frères et sœurs. Je leur répondis que mon père était en voyage et mes frères et sœurs avait des devoirs à faire pour demain. Quant à ma mère elle avait une santé fragile et qu'elle serait sans doute épuisée par ce si long voyage. Un discours minutieusement préparé, que j'avais déballé à ma tante Astou aussi. A l'heure du déjeuner, on nous servit un bon riz au poisson à la st louisiénne. Ils avaient une manière très particulière de préparer ce plat, très diffèrent de celui qu'on mangeait à Dakar. Le poisson frais et tous les petits ingrédients qui vont avec, c'était très bon. Surement ces femmes avaient leurs petits secrets, bien gardés. On s'entait qu'elle était faites pour être de bonnes femmes au foyer, faites pour bien s'occuper de leurs maris, pour préparer des petits mets succulents. Bien différentes des filles dakaroises, qui ne savaient rien faire à part... rien faire. Shopping, aller chez le tailleur, se coiffer, manucure, soin de visage et autres, baptême, mariage tous les dimanches, même si c'est le seul jour ou Monsieur est à la maison, et qu'il aimerait qu'on s'occupe un peu de lui après une semaine de dur labeur. Ici c'est les femmes au foyer qui vont au marché, qui préparent, qui font presque tout. A Dakar c'est les bonnes qui font tout, et la femme est considérée comme une machine de reproduction, et d'extorsion de fonds. Heureusement qu'il y'a ma Aicha, assez particulière cette petite, l'exception qui confirme la règle comme l'on dit. Après le déjeuner, il y'avait encore le thé, puis j'en profitai pour visiter un peu la région, faire quelques achats pour ma maman ainsi qu'à toute la famille, je savais bien qu'après le soir je n'aurai pas le temps. Ensuite vers 17h, les préparatifs étaient presque terminé, les hommes étaient partis à la mosquée pour le mariage religieux, qui dura une trentaine de minutes et de retour à la maison, c'était la fête, une petite réception avec tous les membres de la famille et ceux de la mariée et des amis. La mariée qui était très belle dans sa robe blanche, recevait des invités. La musique était au rendez-vous. Les filles et vielles dames, toutes maquillées, sacs à la main, déambulaient en robe traditionnelle. De petites cercles se formaient, et les filles et quelques garçons dansaient, les autres se contentaient d'applaudir et de rires aux éclats devant les pas des danseuses. Les griots étaient là, chantant avec de petits tam-tams, récoltaient quelques billets de banque. J'étais là, ébahis par le spectacle qui s'offrait à mes yeux, mais ma petite Aicha me manquait, j'avais envie d'entendre sa voix. Ma batterie était plate, je ne l'avais pas mise en charge depuis hier nuit. Je n'avais pas le choix, il me fallait trouver un chargeur. Heureusement que Moustapha était là, je lui confiai le portable pour qu'il s'en occupe. En attendant, la fête continuait. Mes tantes et autres femmes de leurs âges, ainsi que les vielles dames se regroupaient autour d'une griotte qui amassaient des tissus, des enveloppes à la main. Les hommes, bien habillés en boubou, faisaient de petits groupes et discutaient. Vers 19h, Moustapha me trouva dans le salon et j'en profitai pour lui demander mon portable, il était surement plein, je l'avais même oublié. Il s'en alla le chercher, revint quelques minutes après, avec un air très inquiet. C'était le pire qui pouvait m'arriver, mon portable avait disparu. Il cherchait par ci par là, demandait à quelques cousins et proches de la famille en vain. Et pour ne pas trop l'inquiéter je l'avais dit que ce n'était rien, j'avais sauvegardé les contacts et dès demain je m'achèterai un nouveau. Néanmoins, il me donna un portable, avec une puce et me confia qu'il ne l'utilisait plus, il avait changé de portable et de puce juste avant son mariage. J'acceptai, je voulais juste l'utiliser pour appeler ma maman, ainsi que ma Aicha le temps d'en trouver un autre le lendemain. Vers 21h, la cérémonie prit fin, et il faisait tard, et déjà que je n'aimais pas conduire la nuit. Ainsi je fis un petit tour pour dire au revoir à tous les membres de la famille, notamment le nouveau marié et sa femme, et je pris le chemin du retour. En route, je pris la peine d'appeler maman, pour ne pas qu'elle s'inquiète. C'est sûr qu'elle avait déjà essayé de me joindre. Ensuite j'ai essayé de joindre Aicha qui ne répondait pas. Elle ne prenait aucun appel, à part le mien, au-delà de 22H, c'était une règle qu'on s'était fixée. Il aura fallu que je lui envoie un message pour qu'elle décroche au prochain appel. Cette fois-ci le voyage a duré moins de 3h. De retour chez moi, épuisé, j'ai juste prit un bain, et je me suis endormi. Au lendemain, il y'avait 3 messages et un appel manqué. Un message et l'appel était de Aicha, mais j'étais trop fatigué et le portable était en mode silencieux. L'autre message de Moustapha qui me demandait si j'étais bien arrivé. Et le dernier, c'était Suzanne, comme j'ai pu le lire, un contact de Moustapha. Le message disait « salut Tapha, c'est vrai que tu t'es marié ? ». Je n'avais pas répondu à ce message. Il était déjà 13h, et j'avais cours le soir. Il me fallait attendre le lendemain matin pour aller en ville acheter un nouveau portable. Juste vers 15h je reçois un appel, au bout du fil une voix féminine :



Elle : Allo !



Moi : Oui allo !!!



Elle : Ca va Tapha ? je t'ai envoyé un message, tu l'as reçu ?



Moi : Ce n'est pas Tapha, c'est son cousin.



Elle : Ah ok, et je peux lui parler ?



Moi : Impossible, il m'a donné son portable et sa puce et actuellement il est à St louis et moi à Dakar.


Elle : Comment ça ? Humm et il a un numéro ou on pourrait le joindre ?



Moi : Je sais pas, tout ce que je peux te dire c'est que j'étais à son mariage hier, on a volé mon portable et il m'a donné le sien.


Elle : Ah ok je vois, donc c'est vrai ? Il s'est marié



Moi : Oui oui



Elle : Et comment est la mariée ?



Moi : Belle... belle !!!



Elle : Ok, bah merci pour tout et bonne journée



Moi : Merci, pareillement...



Je raccroche téléphone, j'espérais juste que j'en avais pas trop dit. Bref, ce n'était pas important même si la fille semblait bien être affecté par cette nouvelle. Le ton de sa voix avait baissé lorsqu'elle a eu la confirmation que Tapha c'était bel et bien marié. J'ai hésité à lui en parlait, mais j'ai pensé que mieux vaut ne rien lui dire. Le reste de la journée se passa bien, le soir j'allais comme d'habitude faire mes cours. A la descente, un autre appel, c'était encore la fille ;



Elle : Salut



Moi : Salut



Elle : Je t'avais appelé ce matin


Je la coupai net



Moi : Oui, je sais et je me rappelle bien t'avoir dit que Tapha est à St louis, et que j'avais son numéro, alors si c'est lui que tu cherches, je suis désolé mais je peux pas faire grand-chose pour toi.

Elle : Non, même pas, je ne le cherche pas, je te cherche

Chronique de Mystery [Términé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant