Partie 38
Maman : je suis désolé mon fils mais...
Moi : Dis moi maman, qu'est ce qu'il y'a, dis moi la vérité, je suis prêt à tout entendre. Je sais que ce n'est pas facile, vu ton état de santé. Je ne devais même pas aborder ce genre de discussion avec toi, mais j'ai vraiment besoin de savoir. D'un air indigné, elle tira jalousement sa couverture jusqu'au niveau de son menton, mordilla ses lèvres et se redressa ensuite, me regarda un instant. L'instant devenait crucial, l'atmosphère tendu. Je devenais bien plus angoissé qu'elle-même si cela devait être plus difficile de sortir ce qu'elle avait sans doute caché depuis bien longtemps, que de savoir une vérité qui pourrait sans doute me blesser.
Maman : Je te demande pardon mon fils, je sais pas si tu pourras un jour me pardonner, mais saches que je regrette et je voulais seulement te protéger. Et crois moi, il ne se passait pas un jour sans que j'imagine cet instant, le jour où je serrai en face de toi, à te raconter mon passé, ces erreurs de jeunesse qui me rattrapent de jours en jours. Depuis des années, je gardais prudemment ce lourd fardeau qui pesait sur ma conscience et qui m'affaiblissait chaque jour qui passait. L'heure est venue de te dire toute la vérité. Ecoute moi bien, je n'aurai pas la force de revenir encore une fois là dessus. C'est ainsi que je l'écoutais parlé. Coi de stupeur, je ne pouvais pas l'interrompre. Des regrets se sentaient dans ses propos. J'avais bien entendu son histoire, elle disait...
Maman : J'étais jeune, et la vie me souriait de belles manières. Mes parents étaient de classe sociale moyenne. A ce moment, nous vivions en France. Ils n'étaient pas très aisés, mais avaient quand même de quoi nous entretenir. Ma sœur et moi avions bénéficié de l'éducation et de toute l'attention de notre mère qui était très conservatrice et enracinée. Elle était très sévère. J'avais très tôt quitté l'école après avoir obtenu mon brevet de fin d'études supérieur. Je m'étais lancé dans une formation en sage femme. Plus tard, j'ai eu un poste dans un hôpital en tant qu'infirmière. Ce n'était pas mon objectif mais cela me permettait non seulement d'être indépendante, mais aussi d'aider mes parents. J'étais l'aînée, il fallait bien que je prenne le relais. Après quelques années de service, j'étais devenue l'assistante d'un docteur. Au début, nos relations étaient juste professionnelles, mais avec les veillées nocturnes, nos discussions, on se rapprochait de plus en plus. Notre relation devenait un peu plus intime, et au fil du temps, nous commencions à partager plus que des dossiers de patients. De là, est née une vraie relation amoureuse qui n'avait rien à envier à celle des contes de fée. De plus en plus, de jours en jours, notre amour grandissait. Nous nous voyons tous les jours, durant les heures de travail, de pause et à la descente même. Nous devenions quasi-inséparables. Nul ne semblait avoir le moindre soupçon malgré nos œillades équivoques que l'on se fusillait à longueur de journée. Jusqu'à ce qu'un jour, on commette l'irréparable. J'étais enceinte de trois mois, et le sang qui sortait sans douleur et en quantité très faible était juste des règles « anniversaire ». Comment ne pouvais-je pas y penser plutôt en tant qu'infirmière ? Juste par ce que je ne pouvais pas imaginer que ça serait possible, d'autant plus que je n'avais pas perdu ma virginité. Pris par la panique, nous avions décidé de nous marier. C'était la seule solution. Sur ce, il me fit venir chez lui pour me présenter à mes futurs beaux-parents. Au début, ils m'avaient très bien accueilli. Mais leurs attitudes avaient changé lorsqu'ils avaient pris conscience que j'étais de castes inférieures. J'avais rien compris, j'étais persuadée d'avoir montrer une bonne impression car ils ne lassaient de souligner ma bonne conduite. Mais ils n'avaient pas donné leurs accords. De retour chez moi, il m'appela pour m'apprendre que ses parents avaient refusé. Je n'avais pas cherché à savoir les raisons, je voulais juste savoir ce qu'il en pensait. Il me répondit juste qu'il ne savait pas et qu'il ferait tout pour les convaincre. Bien que de nature très compliquée, je n'avais plus d'autre choix que d'en parler à ma mère en lui cachant bien sur ma grossesse. Elle s'opposa elle aussi, en me disant que j'avais rien à faire avec quelqu'un qui se croyait supérieur. Malgré que je lui précisa que c'était ses parents, elle me rappela juste cette fameuse proverbe : « qui dit rien, consent ». Notre projet de mariage semblait vouer à l'échec. Notre seule chance serait qu'il réussisse à convaincre ses parents et entre-temps, il fallait juste attendre. Je gardais espoir qu'il réussisse, j'espérais qu'il ferait tout son possible. Mais j'attendais en vain, il commençait à prendre ses distances jusqu'à ce qu'un jour, il s'absenta sans raison. Le lendemain, un autre docteur se présenta pour le remplacer. Il était affecté au Maroc, par son père qui était le médecin chef de l'hôpital. Jamais je n'aurai imaginé qu'il serait capable d'une telle chose. Fuir ses responsabilités, sans avoir le courage de me le dire en face, il était parti sans m'aviser. Je n'avais plus envie de vivre. Des pensées suicidaires traversaient mon esprit en déroute. Ma vie avait basculé, je n'avais plus aucun repère. Je n'avais personne à qui me confier à part une dame. Une patiente, la soixantaine, elle était internée à l'hôpital depuis presque six longues années. Une opération qui avait male tournée, elle ne s'était plus relevée de son lit d'hôpital. Tous ses membres paralysés, elle pouvait à peine parler, et j'étais toujours à ses cotés. Je m'occupais d'elle, et j'étais sa seule amie, sa confidente et nous étions très proches malgré la différence d'âge. Elle me disait tout, et j'en faisais de même. Elle me racontait sa vie d'avant, et ne cessait de me raconter l'histoire avec son mari fortuné qui était mort en la léguant tout ce qu'il avait. Et d'une mine triste, elle me disait que tout cet argent ne servait qu'à payer son hospitalisation et qu'elle serait prête à tout donner en échange d'une bonne santé. Avoir toute cette fortune et ne pas en profiter, j'essayais d'imaginer cette souffrante qui provoquait en elle, une mort lente. Elle était la seule à être au courant de ma relation ainsi que de ma grossesse et je lui avais confié que je ne pouvais pas garder mon enfant. Un jour, alors qu'elle sentait sans doute sa mort proche, elle m'appela. Et comme d'accoutumée je m'assaillais près de son chevet, et restait prête pour accomplir ses moindres désirs. Cette fois-ci, je sentais que ce qu'elle s'apprêtait à dire, la tenait vraiment à cœur. Je me souviendrais toujours de ces paroles, de ce qu'elle disait avec tant d'amertumes, tant de souffrances : Elle disait qu'elle se voyait en moi, et qu'elle ne pouvait pas prétendre que je ne veuille pas de cet enfant alors qu'elle donnerait tout ce qu'elle avait pour en avoir un, le voir grandir, l'élever. Elle essayait de me convaincre de la chance que j'avais de pouvoir mettre au monde une telle merveille. Elle me supplia de le conserver. Je ne pouvais rien faire d'autre que de lui faire la promesse. Puis elle me demanda de contacter son avocat qui se présenta quelques heures plus tard. Ils restèrent longtemps dans la salle, et après son départ, elle me fit revenir à nouveau et me remit une lettre et m'ordonna de ne l'ouvrir qu'après sa mort. Une quinzaine de jours s'en suivit, et un beau matin la dame était morte. J'ouvris la lettre un jour après, elle m'avait légué tous ses biens juste pour que je garde mon enfant et qu'il soit à l'abri du besoin. Je pris contact avec son avocat et en quelques semaines, aussi rapidement qu'on puisse l'imaginer, j'étais devenue riche. Ensuite j'avais décidé de revenir au Sénégal, m'occuper tranquillement de ma grossesse et par la suite investir ici et vivre pleinement ma vie. C'est comme si une nouvelle porte s'ouvrait, comme si tout allait s'arranger. Arrivée au Sénégal, je pris un appartement loin de la ville, précisément à Saly, ou je suivais mes visites prénatales régulièrement. Ainsi, un mois plus tard, je fis la rencontre d'un homme dans un restaurant de la place. Il était disponible, courtois et très attentionné. Il disait qu'il m'aimait, qu'il était prêt à tout pour moi, même à élever mon fils, et être un père, son père. J'avais accepté et le mariage se célébra très vite. J'avais saisi l'occasion, je voulais que mon fils puisse bénéficier comme tout le monde d'un amour paternel. Jeune diplômé en affaires, il m'avait convainquis de lui laisser gérer toute ma fortune et naïvement j'avais accepté. Au fil du temps, il me bernait, me faisait des chantages, jusqu'à ce que je fus obligé de mettre tout à son nom. Les sociétés, les actions, les terrains, tout. Tout cela pour essayer en vain de réparer cette erreur d'enfance. Cela me coûte cher en ce moment. Maintenant tu connais toute l'histoire, je sais pas si tu pourras, un jour me pardonner pour tout ce que j'ai fait, je regrette vraiment...
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Chronique de Mystery [Términé]
RomanceLa sensualité émanait d'elle comme une odeur, comme un trait de caractère. Je deviens la chose de son plaisir, le petit jouet de ses soirs, le soldat de ses moindres envies. J'avais rêvé d'une femme comme elle, comme d'un ideal de perfection pervers...