Hugo ferma son sac, dans lequel il avait mis quelques affaires au cas où Aaron voudrait qu'il lui tienne compagnie, et descendit les escaliers pour rejoindre le salon où se trouvait sa mère. Cette dernière était en train de boire un thé devant la télévision et elle se tourna quand son fils arriva pour lui adresser un joli sourire.
— Tu t'en vas déjà ?
— Oui, je ne sais pas si je reviendrai dormir ce soir, maman...
— D'accord, envoie-moi un message si c'est le cas. Sois gentil, mon chéri...
Le petit brun hocha la tête et salua sa mère en embrassant sa joue. Il sortit de la maison après avoir enfilé sa veste en jean oversize et ses vans dans l'entrée. Il marcha rapidement vers le bar où Aaron lui avait donné rendez-vous, en plein centre-ville. Il savait qu'il s'agissait d'un bar assez fréquenté mais comme ses amis ne devaient pas sortir ce soir il n'avait pas beaucoup hésité avant d'accepter.
Il se sentait assez contradictoire. Il ne voulait pas s'enfoncer dans leur relation si ambiguë mais il avait besoin de le voir, besoin de son attention, ne serait-ce que quelques minutes. Quand il entra dans l'établissement, il remarqua presque aussitôt la chevelure cuivrée du plus vieux qui était assis dans un coin du bar en train de siroter un verre.
— Salut, commença-t-il en s'approchant de lui.
Mais il n'obtenu aucune réponse, mis à part un vague mouvement de tête lui désignant la chaise en face de lui. Il semblait être ailleurs. Son regard était vide et il ne se moqua même pas de lui quand il commanda un diabolo à la banane.
— Tu vas bien, demanda-t-il, inquiet malgré lui.
— Non. Mon rendez-vous s'est mal passé. Ce stupide expert est un vieux con, il m'a pas laissé en placer une et j'ai à peine pu défendre les intérêts de mon client.
— Ce... C'était qui cet expert, questionna Hugo en déglutissant légèrement.
— Je crois qu'il s'appelait Lilas, soupira le plus vieux sans remarquer que Hugo venait de pâlir à vue d'œil, fin bref, j'ai un nouveau rendez-vous la semaine prochaine avec lui et l'autre avocat pour trancher sur ce que l'assurance de mon client doit. Je vais devoir mieux gérer, même si je ne suis pas trop spécialisé dans ça.
— On se reverra, la semaine prochaine, alors ?
L'avocat releva la tête vers son cadet, qui avait baissé les yeux vers le verre que la serveuse venait de lui apporter, et enfin un léger sourire étira ses jolies lèvres pulpeuses. Cela suffit à faire comprendre à Hugo qu'il acceptait. Mais le brun ne s'en réjouit pas longuement car autre chose le tracassait. L'expert, c'était son père, Patrice Lilas. Ça ne faisait aucun doute... Que faire si jamais Aaron venait à dire quelque chose sur eux ? Il plongea ses yeux verts brillants dans ceux miels de son aîné et ce dernier constata en avalant une gorgée de son mojito :
— L'expert te ressemble maintenant que j'y pense...
— A-Ah ouais ?
— Ouais. Tu le connais ?
— Euh... je... je, l'étudiant bafouilla quelques secondes avant de réussir à reprendre contenance, c'est mon père.
— Oh... je vois.
— Aaron. Fais pas de conneries, mes vieux sont homophobes, si jamais ils apprennent qu'on couche ensemble ils vont me jeter dehors.
L'ancien barman tiqua légèrement en voyant le regard plein de détresse du plus petit et sans qu'il s'en rende compte son cœur se serra légèrement. L'envie de le rassurer pris possession de lui alors il posa discrètement sa main sur la sienne et lui murmura :
— T'inquiètes pas, petit agneau, je vais pas te balancer comme ça. Je suis un connard mais je suis pas cruel. J'ai aucune raison de outer quelqu'un comme ça.
— M-merci, sourit Hugo en rougissant légèrement, hypnotisés par l'or compatissant des iris de l'homme en face de lui.
Ils se regardèrent dans un silence apaisant, chacun buvant par moment une gorgée de sa boisson. Aaron ne se rendit même pas compte que tout ce temps, sa main était restée posée sur celle de Hugo. Cette petite bulle fut cependant brisée par un jeune homme qui vint s'asseoir à leur table, sur une chaise libre tout en dévorant Hugo du regard.
— Salut, je vous dérange pas ?
— Si, un peu. On est en train de parler, répondit sèchement le roux mais l'autre l'ignora superbement et se tourna vers le brun.
— Je suis Virgile, et toi ?
— Euh... Hu-hugo...
— Hé, je t'ai dit qu'on parlait, intervint l'avocat pris d'une brusque jalousie en voyant le plus jeune rougir, casse-toi.
— Relax, mec. J'ai pas le droit de draguer ton pote, rigola Virgile.
Aaron ne put s'empêcher de grogner en voyant les yeux azur du nouveau venu briller d'une lueur provocatrice. Il dut se faire violence pour ne pas lui mettre son poing dans le nez. L'étudiant en droit, lui, était totalement déboussolé. Il ne comprenait absolument pas ce qui se passait. Enfin mis à part que son aîné n'avait pas l'air de beaucoup apprécier l'autre jeune homme au vu de sa mâchoire contractée et de son poing serré. Il décida donc d'un peu calmer le jeu et tenta de dire d'une voix mal assurée :
— A-Aaron... On... on va être en retard à... chez tes potes.
— Tu as raison, petit agneau, répondit le concerné sans lâcher celui qu'il considérait actuellement un rival de ses yeux miels si intimidants.
— Attends, Hugo ! Prends mon numéro avant, s'il-te-plaît, demanda Virgile en marquant rapidement son numéro sur la serviette, comme ça on pourra se revoir tranquillement.
Le jeune homme fourra le tissu en papier dans les mains de Hugo et disparut dans le bar sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Le roux en face de lui soupira longuement et se leva pour aller régler leurs consommations, vite rattrapé par son cadet qui n'avait pas lâché la serviette, les joues rouges de gêne. La jalousie qui s'était emparée de lui enfla et ce fut sans aucune douceur qu'il attrapa son poignet pour le tirer hors de l'établissement. Il alla au parking non loin sur lequel il avait garé sa voiture, sourd aux couinements du brun alors qu'il le traînait sans aucun ménagement derrière lui. Il lui ouvrit la portière et le lança sur le siège passager avant de se pencher sur lui pour murmurer froidement :
— Tu es à moi, Hugo.
— Je... je t'ai dit que je le serais jusqu'à ce que je trouve quelqu'un.
— Hé bien ce quelqu'un ne sera pas cet imbécile.
— Pourquoi tu fais soudainement le mec possessif alors que je ne suis que ton plan cul ?
— Ferme-la.
Hugo allait répliquer mais l'ancien barman ne lui en laissa pas le temps. Il posa la main sur sa bouche pour l'empêcher de parler tout en dénouant sa cravate grise. Une fois qu'il l'eût retirée, il bâillonna le brun avec alors que ses yeux lui lançait des éclairs. Il l'attacha et referma la porte afin d'aller monter de son côté et allumer le contact. Il le retint quand il le vit essayer d'enlever la cravate et il lui retira sa ceinture pour lui attacher les mains, profitant de ce moment pour jeter la serviette dans un coin du véhicule. L'étudiant plissa le nez et lui montra son majeur, ce qui le fit rigoler et il lui murmura :
— Tu sais que les méchants garçons, je les punis ?
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Bal Vénitien
RomanceGala de la corpo de droit, thème Bal vénitien. Hugo avait suivi ses amis à la fête à cause de ce thème mais aussi de sa récente rupture. Rien ne l'avait préparé à se retrouver dans les bras d'un inconnu qui lui en ferait voir de toutes les couleurs...