Chapitre XXIV

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Dire que Aaron s'inquiétait était un doux euphémisme. Il était au bord de la crise de nerfs quand il sortit en trombe de sa chambre, suivit par Jean, pour descendre un étage plus bas devant son ancien dominant. Il ne prit même pas la peine de s'excuser de le déranger, puisqu'il avait l'air d'avoir quelque doigts profondément enfouis dans les fesses d'un Alexei gémissant. Il expliqua de but en blanc :

— Hugo est en danger. Je peux avoir ta voiture ? 

— Ma voiture ? Wow, calme-toi ! Il est hors de question que tu fasses des folies sur la route. 

— Je dois y aller !

— C'est non ! Pas dans cet état !

Christian grogna un peu. Jean lui fit signe qu'il s'en occupait et attrapa le poignet de l'avocat pour le traîner vers les bureaux. Ce dernier protesta et se débattit comme un beau diable, mais son meilleur ami tint bon. Quand ils furent enfin dans une pièce tranquille, il le força à s'asseoir sur un siège. 

— Calme-toi, Aaron. Si tu pars aussi précipitamment, tu ne sauras même pas où le trouver. Et c'est une mauvaise idée de débarquer chez son père. Ne t'attire pas des ennuis.

— Je dois le sauver ! Il me l'a demandé ! À moi ! 

— Je sais. J'ai vu. J'ai vu aussi. Mais il faut réfléchir avant d'agir. Envoie-lui un message pour lui demander dans quel état il est déjà, est-ce qu'il peut bouger ?

Aaron inspira profondément pour se calmer, résonné par les mots de Jean. Il avait raison, il ne devait pas foncer tête baissée. Il risquerait d'avoir des ennuis mais aussi d'aggraver la situation pour Hugo. Alors qu'il saisissait son téléphone, la porte du bureau s'ouvrit sur Aiden. Ce dernier les avait suivis, inquiet de les avoir vus sortir aussi rapidement de la chambre de Aaron. Jean lui fit signe d'approcher et lui résuma ce qui se passait pendant que le roux tapait rapidement sur son téléphone.

À : Petit agneau 🐏

30/06/2018, 21h17

Tu es chez toi ? Tu peux bouger ?

- Réponds, réponds, réponds, scanda-t-il en fixant l'écran de son téléphone, pitié, Hugo réponds.

De : Petit agneau 🐏

30/06/2018, 21h22

Je suis chez moi pour l'instant. Mais il vaut mieux pas que tu débarques avec mon père dans la maison. Viens me chercher au théâtre.

À : Petit agneau 🐏

30/06/2018, 21h22

Je fais au plus vite. Je suis là dans moins de 4h.

— Je vais le chercher.

— Stop stop stop, cria Jean, Aiden, tu veux bien nous conduire là-bas ? Aaron n'est pas en état de rouler sans avoir un accident et moi j'ai mal à la jambe.

— Je m'en occupe. Aaron, tes clés s'il te plaît. 

De mauvaise grâce, le roux donna ses clés de voiture au brun en face de lui. Il devait bien avouer que c'était beaucoup plus prudent même s'il était frustré de ne pas pouvoir retrouver Hugo au plus vite.

~~~

De : Prince

30/06/2018, 21h22

Je fais au plus vite. Je suis là dans moins de 4h.

Quatre heures ? Hugo étouffa un sanglot dans sa main en relisant le message que venait de lui envoyer Aaron. C'était si long... comment allait-il s'en sortir en l'attendant ?

Il se tassa dans son lit, geignant quand une vive douleur lui vrilla les côtes, et il ferma les yeux. Il priait fort pour que son père ne revienne pas dans sa chambre, pas maintenant en tout cas, mais apparement ce Dieu auquel lui et sa famille croyait tant l'avait abandonné. Il entendit le pas lourd de Patrice dans les escaliers et quelques instants après sa porte s'ouvrit sur lui. Ses yeux, rendus vert eau à cause de ses larmes, croisèrent ceux marrons de son paternel qui grogna :

— Habille-toi en vitesse. Je veux que tu sois sorti de chez moi dans dix minutes. Oh et... C'est pour moi, annonça froidement Patrice en se saisissant de son téléphone portable.

Il attendit que l'homme ressorte pour se lever, bien qu'avec difficulté, et se saisir de ses affaires. C'était un soulagement en vérité. Même s'il aurait du mal à se déplacer, au moins, il n'aurait pas à fuir en douce. Il enfila ses vêtements sans même regarder son corps pour ne pas vomir puis mis autant de vêtements que possible dans un sac avec tout son argent liquide et ses papiers. Il prit aussi quelques photos de sa sœur et ses amies avant de descendre dans l'entrée. Personne n'y était. Rien d'étonnant à cela, à vrai dire, son père devait sûrement empêcher sa sœur de venir... et pour sa mère... sa mère ne devait pas oser venir de toute manière.

Alors il sortit. Sans pouvoir dire au revoir, sans pouvoir emporter plus de vêtements ou de souvenirs... Il quitta cet endroit qui avait bercé son enfance, cet endroit où il se sentait bien mais qui était aussi un enfer. Son seul regret était de ne plus pouvoir protéger sa petite sœur.

Il ne lui restait plus qu'à rejoindre le point de rendez-vous.

Bal VénitienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant