Hugo soupira longuement en regardant son plafond. Dans sa chambre résonnaient les mélodies deAaron, principalement les dernières qu'il avait sorti puisque chacune représentait quelque chose pour eux. Enfin, au minimum pour lui... son cœur se serra douloureusement à cette pensée. Que leur séparation était dure, il aurait mieux fait de tout arrêter dès le départ, de laisser cette étrange expérience de côté et de ne plus jamais y penser. Il n'aurait jamais dû essayer de savoir qui était l'inconnu qui lui avait volé sa première fois dans les toilettes au bal de promo ni essayer de savoir s'il était attiré par les hommes. Pourtant... pourtant ce plaisir était gravé dans ses entrailles, au plus profond de son être, et il aimerait tellement le ressentir encore une dernière fois, comme... comme un adieu avant de reprendre une vie normale, rangée. Devenir avocat avec une femme et des enfants. Un nouveau soupir passa la barrière de ses lèvres alors que sa petite sœur passait la tête par la porte de la chambre :
— Y a... Y a quelqu'un pour toi à la porte...
— C'est qui ? Clém' ? Charlie ?
— Non... c'est... un garçon. Il dit qu'il s'appelle Aaron.
— A... Aaron, cria l'étudiant en se levant d'un bond.
Il sortit en courant de sa chambre et dévala les escaliers pour aller dans l'entrée. Là, il découvrit le roux toujours dans un impeccable trois pièces, gris anthracite aujourd'hui, avec une caravate assortie et une chemise blanche. Il avait un sourire confus aux lèvres, comme s'il ne savait pas trop lui non plus ce qu'il faisait là, et il lui tendit un paquet rouge proprement emballé.
— Je peux entrer ?
— Trop de risques, répondit le brun en soufflant longuement, mais je connais un endroit, tu as ta voiture ?
— Bien sûr. Où allons-nous ?
— Près de Biville, un étang sympa.
Aaron ne posa pas plus de questions et attendit que Hugo aille chercher ses affaires et expliquer à Léa qu'elle ne devrait pas parler du plus vieux à ses parents. L'étudiant le rejoignit ensuite en envoyant un message à ces derniers pour leur dire qu'il allait à l'étang avec ses amies.
— Voilà, on peut y aller.
Le jeune avocat hocha la tête et ils rejoignirent ensemble la voiture du roux non loin.
— Elle est mignonne ta petite sœur, commença l'aîné en démarrant et en allumant son GPS.
— Pourquoi es-tu ici ? Je t'avais dit...
— Je crois que je veux qu'on soit plus que des plans culs. Des amis. Ouais, des amis. Ton père n'a pas à contrôler tes relations.
— Quoi ? Le tien n'a pas essayé de t'éloigner des mauvaises influences.
— Je suis leur seul fils, mes pères veulent le meilleur pour moi, mais ils n'ont jamais contrôlé mes relations.
Le roux s'empêcha de rajouter qu'il aurait préféré que ces derniers le fassent à un certain moment de sa vie. Il avait déjà fait assez de révélation et vu la tête que tirait son cadet, il n'avait pas réellement envie de lui avouer... ce qu'il restait à savoir sur lui.
— Tu... ils… Tu as deux pères ?
— Pas légalement. Mon père biologique était marié avant, avec ma mère, mais elle est morte dans un accident quand j'étais jeune. Éric, son mari, l'a beaucoup soutenu dans cette épreuve. De fil en aiguille, ils se sont rapprochés puis ils ont commencé à se fréquenter... il a jamais réellement pu m'adopter, parce que la loi française est mal foutue, mais je le considère comme un père.
Hugo regarda les traits de son visage se détendre sur un fin sourire qu'il découvrait pour la première fois. Son cœur se serra quand il pensa à quel point il était beau et à quel point il était inaccessible. Il retourna à la contemplation du paysage et tenta de contrôler sa voix en soufflant :
— Il faut vraiment qu'on arrête de se voir. Tu ne connais pas mon père, tu ne sais pas de quoi il est capable... Ce sera la dernière fois, aujourd'hui.
— Hugo, en tant...
— Non. Pas en tant qu'amis non plus. La dernière fois.
Aaron retint un grognement. Il savait bien que venir ne servait à rien, Jean s'était lourdement trompé en lui conseillant cela. Bon, il lui avait aussi dit d'être honnête, de tirer un trait sur le passé, blablabla... mais quand même ! Ça n'avait pas marché !
— Tu as ouvert ton paquet, demanda-t-il alors que la froideur dans sa voix revenait.
— Non... je le ferai à l'étang.
~~~
Hugo s'assit dans l'herbe, profitant de la chaleur du soleil estival sur son visage pâle, et regarda le paysage apaisant de l'étang. Ce dernier avait une bonne taille, et il était bordé sur la droite par une falaise et sur la gauche par des petits pontons reliés à la berge. Il avait cependant choisi une zone plus calme, caché entre des buissons et la falaise, qui permettait d'avoir un minimum d'intimité. Aaron s'assit près de lui et posa le paquet sur ses jambes tendues sans articuler un mot. Le brun soupira pour au moins la cinquantième fois de la journée et défit le papier avec soin avant d'ouvrir la petite boîte qu'il cachait. À l'intérieur, se trouvait un joli bracelet en cuir brun ainsi qu'une sorte d'œuf pas beaucoup plus gros que celui d'une poule. Il fronça les sourcils, prêt à poser une question, mais cette dernière resta bloquée dans sa gorge. Là, à côté de lui, le roux avait retiré sa veste de costume et relevé les manches de sa chemise. Au creux de ses coudes, il reconnut aisément la miriade de petites cicatrices qui s'y trouvait pour en avoir lui même quelques une à cause de ses vaccins. Il s'agissait de traces d'aiguilles. Il se demanda un instant si le jeune avocat se droguait ou l'avait fait par le passé. Il inspira et détourna le regard. Il ne devait plus se poser de questions sur Aaron. Il ne le verrait plus après aujourd'hui.
— À quoi ça sert cet œuf ?
— Ça sert à combler ton petit cul, si jamais ma bite te manque trop.
Si l'étudiant avait pu, il aurait ouvert la bouche plus grand. Surpris par le langage et le ton sec que venait d'employer son aîné, il ne sut quoi répondre. Ils restèrent assis de longues minutes en silence. Un moment, Aaron se leva et lui annonça qu'il le ramenait chez lui. Le brun attrapa rapidement son téléphone portable et tapa un message avant de le rejoindre.
À : Petite esclave que tu aimes 😘
16/06/2018, 11h07
Je viens chez toi dans une heure.
Il est venu chez moi, et il m'a offert des trucs... faut que je te raconte. Bref, à toute Clém'.
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Bal Vénitien
RomanceGala de la corpo de droit, thème Bal vénitien. Hugo avait suivi ses amis à la fête à cause de ce thème mais aussi de sa récente rupture. Rien ne l'avait préparé à se retrouver dans les bras d'un inconnu qui lui en ferait voir de toutes les couleurs...