Chapitre XIV

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De : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 19h49
Je vais bien, Aaron. Mais je crois qu'on ferait mieux d'arrêter de se voir.

Le portable atterrit dans le mur. Aaron poussa un cri rageur en enfonçant son poing dans le sac de frappe non loin de lui. Un nouvel hurlement lui échappa, mêlant cette fois frustration, colère et tristesse, et ce fut une pluie de coups qui s'abattirent sur le punching ball. Quand il eut enfin repris son calme, il inspira profondément et se tourna vers l'appareil au sol. Il récupéra son téléphone, bénissant sa coque et son écran de verre trempé de l'avoir protégé, et écrivit rapidement un message.

À : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 20h38
C'est hors de question.
À : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 20h43
C'est pas l'autre connard qui me fera peur.
À : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 21h05
Hugo, arrête de m'ignorer.
À : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 21h23
Hugo !! 
À : Petit agneau 🐏
14/06/2018, 21h30
Je te récupérerai.
Et je te baiserai jusqu'à ce que tu me cries que tu es à moi.

~~~

Hugo fixait son portable qui ne cessait de vibrer depuis à peu près une heure, les larmes aux yeux et la gorge serrée. Il avait de nouveau cette impression que son cœur se déchirait, comme lorsque Axelle l'avait largué. Il se sentait au fond du gouffre. Lui qui s'était promis de ne rien ressentir pour son aîné, le voilà en train de déprimer sur son lit car il devait arrêter de le voir. Il se sentait tellement misérable. Il avait beau avoir tout tenté pour ne rien ressentir, il sentait bien qu'il était tombé dans ses filets. Mais le laisser tomber maintenant ne valait-il pas le coup ? Il aurait sûrement fini par souffrir de toute façon.
Il attrapa son téléphone et ouvrit sa conversation avec Aaron. Sans prendre le temps de lire les derniers messages, il la supprima et bloqua son numéro. Un long soupir lui échappa et il ferma les yeux. Au même moment, sa petite sœur entra dans la pièce et vint se lover contre lui en chuchotant :

— Papa et maman se disputent encore...
— Je sais, je les entends... Reste ici, Léa.
— Merci...

Il glissa sa main dans les cheveux sombres de la fillette, âgée d'à peine une dizaine d'années, et les caressa doucement pour apaiser ses tremblements. Quand il commença à entendre un bruit semblable à un coup, il se saisit de son téléphone et de ses écouteurs qu'il glissa dans les oreilles de Léa avant de lancer YouTube et une playlist de musique de piano qui apaisait la jeune fille. Il la regarda fermer ses yeux bleu-gris avec un petit sourire reconnaissant. Il se sentit quelque peu apaisé par la présence de la jeune fille malgré les cris qui venaient du rez-de-chaussée.

~~~

Aaron ouvrit son piano et alluma sa caméra avant de commencer à jouer sans aucune hésitation. Jamais il ne s'était senti aussi frustré et triste depuis... depuis ça. Et il devait tenter de le faire comprendre à Hugo. Puisqu'il ne répondait pas à ses messages, peut-être verrait-il sa vidéo ?

J'ai volé dans le ciel les mains pleines de rêves... Poussé par la chaleur du soleil et des vents doux... J'ai laissé les distractions se tuer entre elles... Et j'ai volé au loin, ô bien trop loin de toi... J'ai parcouru du regard nos liens de l'Est à l'Ouest... Pour finir par laisser tous nos bonheurs en reste... J'ai tenu mes envies de revenir en laisse... Et j'ai pleuré au loin, ô bien trop loin de toi... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras... J'ai crié comme j'ai pu que j'avais ma place... Sur la terre comme au ciel voulu laisser ma trace... J'ai joué mes bonheurs faciles à pile ou face... Et j'ai perdu au loin, ô bien trop loin de toi... Et depuis les éclairs me rappellent à la guerre... Comme si au combat mes convictions redevenaient fières... J'ai embrassé trois fois la main de Lucifer... Et j'ai brûlé au loin, ô bien trop loin de toi... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras... Je déteste ma vie, c'est long ma vie sans toi... Je sais trop que ma place est dans tes bras...

Une fois que la dernière note fut terminée, il coupa l'enregistrement. Il passa la nuit à faire le montage de sa vidéo pour la poster au petit matin. Il espérait de tout cœur que son cadet la verrait. Et qu'il revienne vers lui...
Sachant qu'il ne pourrait rien faire de plus pour le moment, il décida de passer un petit coup de fil à une personne qui serait sûrement en mesure de l'aider. Il était toujours en mesure de le faire.

Allô ?
— Salut, Chris'. Je peux venir ce soir ?

Bal VénitienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant